CETTE PAGE EST UN HOMMAGE AU COMMANDANT,
OFFICIERS,
OFFICIERS MARINIERS, QUARTIER-MAITRES ET MARINSDE
CE BÂTIMENT DE LA MARINE NATIONALE
DESSIN YANN LEBRIS NET MARINE
CASABIANCA ( sculpteur : Georges Saupique )
L'homme lutte contre l'étreinte d'une pieuvre, à l'image du sous-marin
«
Casabianca » qui, le 27 novembre 1942, s'échappe du port de Toulon
investi par
les Allemands et devient le symbole des Forces Navales Françaises Libres
Non,
les jeunes, ce n’est pas le pavillon de sea sherpherd...
Pour
rebondir sur le post de Franck, sur la dernière escale du l’Herminier à
Ajaccio, petite leçond’histoire
maritime.
Ce pavillon à
tête de mort est porté par deux navires de la royale, le Casabianca et
le Cdt l’Herminier...pourquoi ?
Voici
l’explication :
En1943,
l’Amiral britannique Sir Andrew Cunningham, commandant alors la 8e
flottille britannique de sous-marins, décerna à titre exceptionnel au
commandant l’Herminier, du Casabianca le pavillon pirate noir à tête de
mort, le célèbre Jolly Roger pour commémorer les actions du bâtiment.
Sept dagues blanches symbolisent les missions de guerre sur les côtes
du continent et de la Corse. Une bande blanche horizontale représente
chaque navire ennemi coulé au canon, une étoile rouge est cousue entre
les deux volées de canon s’il s’agit d’un bâtiment de guerre. La carte
stylisée de la Corse se trouve sur le côté opposé à la drisse, dans la
partie haute.
Il
a été le premier bâtiment à débarquer des troupes françaises en Corse
en 1943, faisant de celle ci le premier territoire français libéré...
Ex
libris de mon livre Un Français dans la tourmente tome 5 1943-1944.
Nuit du 12 au 13 septembre 1943, le Casabianca du commandant Lherminier
arrive vers Ajaccio! les Corses tirent en l'air pour l'accompagner. Le
sous-marin a 109 commandos du bataillon de Choc à bord. Dessin de mon
comparseThomas
Du Caju. N'hésitez
pas à partager.Ex
libris de mon livre Un Français dans la tourmente tome 5 1943-1944.
Nuit du 12 au 13 septembre 1943, le Casabianca du commandant Lherminier
arrive vers Ajaccio! les Corses tirent en l'air pour l'accompagner. Le
sous-marin a 109 commandos du bataillon de Choc à bord. Dessin de mon
comparseThomas
Du Caju. N'hésitez
pas à partager.
remise de la Croix de Guerre au Capitaine de Frégate L'Herminier ce dimanche 20 décembre 1942.
Titre
: La Corse libérée, l’épopée du Casabianca 1942-1943 (2014)
Genre
: Documentaire
Durée
du film : 52 minutes
Ecrit
et réalisé par Christophe Muel
Avec
le soutien de la Collectivité territoriale de Corse,
de
la DMPA, en partenariat avec le CNC et de la Procirep/Angoa
Présentation
: La
Corse libérée, l’épopée du Casabianca 1942-1943 (2014)
http://www.kilaohm.com/#!la-corse-libre/cm14
Le
27 novembre 1942, le sous-marin Casabianca s’échappe du port de Toulon
alors que l’essentiel de la flotte française fait, elle, le choix
déshonorant de se saborder après l’invasion de la zone libre par les
Allemands. Le commandant L’Herminier et les 85 hommes de son équipage
qui refusent d’abandonner le combat, vont alors devenir l’instrument
indispensable à la nouvelle étape de la libération du pays : la
reconquête de la Corse. A l’aide de témoignages d’anciens
sous-mariniers, d’archives et d’extraits du long métrage
« Casabianca » tourné dans l’immédiate après guerre,
« L’épopée du Casabianca » revient sur cet épisode méconnu de
la Libération de la France.
Bonsoir,
Le commencement de la fin pour le Centre Marine de la Pépinière :
la décision de fin d'utilité pour les besoins de la Défense et vente
sous 3 ans.
Ce qui confirme la nécessité d'un nouveau point de chute pour
l'ACORAM et un grand nombre d'associations "marine".
Bonne soirée
Pour
venir en aide aux patriotes corses insurgés, le général Giraud décide,
depuis Alger, d'envoyer les chasseurs de la Troisième compagnie du
Bataillon de
choc. Embarqués le 11 septembre à bord du sous-marin "Le Casabianca"
, ils débarquent dans la nuit du dimanche au lundi 13 septembre à 1
heure du
matin sur le quai de la République à Ajaccio. Les "Chocs" sont
rejoints spontanément par des patriotes corses, guerriers improvisés,
semblables aux soldats de l'an II, qui constitueront la Quatrième
compagnie du
Bataillon de choc dite Compagnie Corse
Pour répondre au
débarquement anglo-américain le 8 novembre 1942 en Afrique du Nord,
l'armée allemande envahit la zone libre et donne l'assaut à Toulon.
Afin de ne pas tomber aux mains des Allemands, la flotte française se
saborde le 27 novembre 1942. Le Casabianca s'échappe
sous la mitraille pour poursuivre la lutte. C'est le début d'une
glorieuse aventure, très fidèlement relatée par le commandant
L'Herminier en hommage à son équipage. Les missions secrètes sur les
côtes de Corse se succéderont jusqu'à la libération de l'île. Frappée
du sceau de l'héroïsme le plus pur, une des plus belles pages de
l'Histoire de la Marine nationale vient d'être écrite. Jean
L'Herminier, né le 25 janvier 1902 à Fort-de-France, entre à l'Ecole
navale en 1921 et s'oriente dès 1927 vers les sous-marins. Il est fait
chevalier de la Légion d'Honneur à titre exceptionnel en 1932 en raison
de sa belle conduite lors d'une explosion à bord du Persée.
Affecté sur le Sidi-Ferruch en novembre 1940, il doit
interrompre son commandement début 1942 pour raison de santé. Après un
séjour à l'hôpital, il obtient en avril 1942 le commandement du Casabianca, sous-marin de 1500 tonnes, à bord duquel il
s'illustrera
L'indicatif international du
Casabianca est F B C B
Le capitaine
de vaisseau Jean L'Herminier
Issu
d'une famille de marins, Jean l'Herminier, né en 1902, entre à l'École
navale en 1921 et devient ensuite un spécialiste des sous-marins; mais
c'est à bord du Montcalm qu'il participe à la campagne de
Norvège en avril 1940, puis aux combats de Dakar.
Après
avoir quitté le commandement du sous-marin Sidi-Ferruch, sous
l'effet d'une grave maladie, au début de 1942, son énergie et son
courage lui permettent de recevoir le commandement du sous-marin Casabianca
dès avril. Il le sauve du sabordage de la flotte à Toulon en novembre
1942. Le 13 septembre 1943, il entre en libérateur dans la baie
d'Ajaccio.
Éprouvé
par la maladie, il est contraint de transmettre son commandement en
octobre 1943, et subit immédiatement l'amputation des deux jambes.
Maintenu exceptionnellement en activité de service, il sert la Marine
jusqu'à sa mort en juin 1953.
article
marine nationale
COLLECTIVITÉS
DÉCORÉES DE LA MÉDAILLE DE LA RÉSISTANCE
Entre
parenthèses, la date du décret et la lettre R pour une
attribution de la médaille avec rosette
Sous-marin CASABIANCA ( 03/08/46 R )
La Médaille de la Résistance récompensait
les personnes ou les collectivités françaises ayant :
¨pris une part spécialement active depuis le 18
juin 1940 à la résistance contre les puissances de l’Axe et leurscomplices sur le sol
national ou en territoire relevant de la souveraineté française ;
¨ pris une part effective et importante au
ralliement de territoires français à la France combattante ou rendu desservices signalés dans
l’effort de guerre de ces territoires ;
¨ joué un rôle éminent à l’étranger dans la
propagande et dans l’action des organisations destinées à grouper età soutenir les efforts
de la Résistance ;
¨ rallié des troupes, des navires ou
des avions dans des conditions exceptionnelles de difficultés ou de
dangers ;
¨ rejoint les Forces Françaises Libres
dans des conditions particulièrement dangereuses et méritantes
COLS BLEUS DU
SAMEDI 13 JUIN 1953 N°305
cols bleus 05-07-2003 N° 2666
Bicentenaire du
rattachement à la France
La Libération
Le 8 septembre 1943 vers 18 heures 30, la radio annonce un armistice
entre les Alliés et l'Italie. Pour les patriotes corses, le signal est
donné de l'insurrection : de violents combats s'engagent contre les
troupes hitlériennes qui occupent le pays depuis le 11 novembre 1942.
Le 9 septembre 1943, la Corse devient le premier département français
libéré. L'annonce de cette libération, et de cette résistance donne un
nouvel élan aux maquisards et partout en France, les combats s'engagent.
Au bas du timbre, on aperçoit le sous-marin Casabianca commandé
par le
capitaine Jean l'Herminier qui permit le débarquement du premier
commando venu d'Alger.
Notons pour la petite histoire que le film « le Jour le plus
long » n'a pas été tourné sur les plages de sable normandes, mais sur
la plage corse de Saleccia dans les Agriates (au Nord de l'île). Lors
des repérages en 1960, les américains jugèrent les côtes normandes trop
défigurées par les résidences secondaires pour y tourner le film avec
Robert Mitchum.
Ce timbre comporte une erreur, consultez la page du bêtisier de la
philatélie française consacrée à la «baie» de
Biguglia (Corse)
2003
- Cette année, la Corse
célèbre le 60ème anniversaire de sa libération.
photos cols bleus liberation de la corse N° 2675 DU 04-10-2003
Bulletin AGAASM plongee n° 389 octobre 2003
J.O n° 117 du 20 mai 2004 page 8930
texte n° 8
Présidence de la République
Ordre national de la Légion d'honneur
Décret du 19 mai 2004 portant promotion et
nomination
NOR: DEFM0400459D
Ministère de la défense
Par décret du Président de la République en date du 19 mai 2004, pris
sur le rapport du Premier ministre et de la ministre de la défense et
visé pour son exécution par le grand chancelier de la Légion d'honneur,
vu la déclaration du conseil de l'ordre en date des 25 mars et 19 avril
2004 portant que les présentes promotions et nominations sont faites en
conformité des lois, décrets et règlements en vigueur, sont promus ou
nommés notamment au titre des articles R. 42 et R. 43 du code de la
Légion d'honneur et de la médaille militaire, et au titre des articles
1er et 2 du décret n° 2003-117 du 14 février 2003 fixant les
contingents de croix de Légion d'honneur pour la période du 1er janvier
2003 au 31 décembre 2005, pour prendre rang à compter de la date de
leur réception, les militaires n'appartenant pas à l'armée active
désignés ci-après :
Au grade d'officier
MARINE NATIONALE
Gicquel (Louis, Yves, Marie), 22 décembre 1921, maître principal.
Chevalier du 25 mai 1974.
Cette plage des Agriates est célèbre, en dehors de sa beauté
Seychellienne, pour avoir servi de décor à deux évènements
historiques : - le débarquement
du commandant Colonna d'Istria en Corse en juillet 1943 au cours de
l'épopée du sous-marin "Le Casabianca" (Cf. site de
Stéphane Delogu)
- le tournage de certaines scènes du film "Le jour le plus long" pour
représenter des plages de Normandie (?? sans doute, parce que la météo
normande n'était pas aussi clémente que celle de Corse !)
Base Marine D'Aspretto
Masque du C.F L'HERMINIER
Base Marine D'Aspretto
Masque du C.F L'HERMINIER
CARGESE Monument commémorant le premier contact
,nuit du 13 au 14 décembre 1942 du SM CASABIANCA
AJACCIO (parvis de l'ancienne gare
maritime palais des congres en construction)Buste du CF L'HERMINIER
Commandant su sous marins CASABIANCA.
Je
vous informe du décès de Monsieur Georges Vaubourg à l'âge de 90 ans
ancien membre de l'équipage du sous-marin Casabianca de 1942 à 1945
LES CEREMONIES DES 9
ET 10 SEPTEMBRE 1983 EN CORSE
Première
manifestation à la Base Aéro-Navale d'ASPRETTO où le Commandant de la
Marine en Corse, en présence des autorités civiles et militaires et des
anciens du « CASABIANCA » dévoile la stèle à l'effigie de L'HERMINIER.
Un détachement de marins et la musique des Équipages de la flotte
rendent les honneurs.
Dans
un brève allocution le Commandant LEMERCIER donne la signification de
cette cérémonie. Nous en reproduisons ci-après les principaux passages :
Extraits de
l'Allocution du Capitaine de Vaisseau LEMERCIER, Commandant la Marine
en CORSE ( 9 septembre 1983 )
La
Marine en Corse renforcée de l'Amicale des Anciens du CASABIANCA et des
délégations du CASABIANCA, du l'HERMINIER et du d'ESTIENNE D'ORVES
s'apprête à marquer solennellement cette journée.
Les
marins de carrière et les recrutés originaires de toutes les régions de
souveraineté française qui œuvrent ici aujourd'hui ont rendez-vous avec
ceux qui ont fait l'histoire. Et je leur propose de vérifier auprès des
acteurs et des témoins eux-mêmes l'exactitude de ce petit résumé :
- la libération
de la CORSE s'est faite en septembre 43 par
le soulèvement des Patriotes contre les occupants, avec l'appui des
troupes régulières débarquées à AJACCIO à partir du 12 septembre par
des navires de la Marine Nationale. Ce soulèvement a été
l'aboutissement de deux années d'efforts, de souffrances, de luttes et
de deuils dont nos aînés ont eu leur part.
Ainsi,
sommairement instruits du passé, ils se sentiront dépositaires de
l’héritage d'honneur que nous ont légué, le CASABIANCA, bien sûr, mais
avec lui, les sous-marins « L'ARETHUSE » et « PERLE », les
contre-torpilleurs FANTASQUE et le TERRIBLE, et tous ces acteurs de la
libération de la Corse.
La
Marine en Corse est gardienne du masque de l'HERMINIER depuis plusieurs
années. Et la stèle que nous allons dévoiler n'est pas neuve ; elle a
été simplement déplacée. Car il nous a paru normal, logique, impératif
qu'elle soit ici même sur l'alignement de la Batterie Haute, de la
Chapelle, du mât de pavillon et du monument aux victimes de l'accident
de février 45, nos dernières victimes de la seconde guerre mondiale en
Corse.
Sur
cet alignement qui pointe vers l'Ouest du Golfe où apparut le 12
septembre à 23 heures, le CASA, puis le 14 septembre, les Contre
Torpilleurs, unités dont les actions nous permettent de bénéficier
quarante ans plus tard, d’une exceptionnelle amitié reconnaissante
auprès de toute la population de la Corse.
Ainsi,
à chaque cérémonie qui rassemblera sur cette place d'armes tout
équipage de la Marine en Corse, l'HERMINIER et le CASABIANCA seront
définitivement présents.
Après
la messe à la mémoire des morts en la cathédrale d'AJACCIO, c'est la
deuxième manifestation en l'honneur du général Paul COLONNA D'ISTRIA.
Monsieur Charles HERNU, ministre de la Défense et M. LAURAIN,
secrétaire d'État aux Anciens Combattants, dévoilent avec Monsieur
Charles ORNANO, sénateur-maire d'AJACCIO, la plaque du square qui porte
désormais le nom de notre camarade dont le Ministre dira qu'il fut
l'unificateur et chef de la résistance corse.
Nous
donnons ci-après l'essentiel de l'allocution de Monsieur d'ORNANO :
Inauguration de la Place Général Paul COLONNA D'ISTRIA ( 9 septembre
1983 )
Extraits de
l'allocution prononcée par M. d'ORNANO, sénateur-maire d'AJACCIO
Le
9 septembre 1943, la CORSE, premier département français à s'être
soulevé contre l'occupation fasciste, se libérait du joug de
l'oppresseur, préfigurant ainsi ce qui allait, dans les mois suivants,
être réalisé sur l'ensemble du Territoire National.
Ainsi,
notre Île prenait valeur de symbole et devenait source d'espoirs pour
des millions d'hommes et de femmes qui pouvaient enfin entrevoir la fin
du cauchemar.
Ce
résultat n'a été rendu possible que par l'action infatigable et, bien
souvent, le sacrifice de quelques uns qui ont su, dès le début de
l'occupation, maintenir vivace la flamme de l'espoir et de faire
entendre au milieu des périls la voix de la FRANCE ÉTERNELLE.
Parmi
ces FEMMES et ces HOMMES, qu'animaient bien souvent des idéologies
diverses, mais qui avaient pour point commun le refus de la servitude,
nous voulons, quarante ans après, honorer celui qui fut l'artisan
infatigable de l'unité de la résistance insulaire, celui sans qui
jamais une action efficace n'aurait pu avoir lieu, celui, enfin, qui
par ses qualités, son courage et sa force de persuasion réussit à
forger les outils d'une libération que d'aucuns jugèrent à l'époque
prématurée mais qui donna le signal du soulèvement général.
Représentant du Haut
Commandement Français à ALGER (1) Paul COLONNA
D'ISTRIA alors capitaine de gendarmerie (2) débarque en Corse dans la
nuit du 3 au 4 avril 1943 avec mission de « coordonner » les efforts de
ses compatriotes, fusionner si possible les éléments particuliers en un
faisceau cohérent, homogène, capable d'obéir à une impulsion unique et
d'apporter, le moment venu, une aide efficace aux troupes
franco-alliées appelées à débarquer en Corse.
Investi
d'une mission de diplomate, d'une mission de chef militaire, d'une
mission politique aussi, Paul COLONNA D'ISTRIA devient alors « CESARI »
et parvient, grâce à ses qualités, à atteindre très rapidement
l'objectif assigné.
Coopté
par le FRONT NATIONAL il regroupe les militants locaux des
organisations « COMBAT », « FRANC TIREUR », « LIBÉRATION » et les «
F.F.L. D'ACTION R 2 CORSE » et devient l'organisateur et, donc le
véritable artisan des forces de l'Intérieur.
Cette mission une fois
accomplie, Paul COLONNA D'ISTRIA participe
activement à l'insurrection et fait partie du Conseil de Préfecture
(3); avec Arthur GIOVONNI, Henri MAILLOT, Maurice CHOURY et François
VITTORI.
Le
moment de la Libération est arrivé et Paul COLONNA D'ISTRIA peut être
fier du chemin parcouru. Le 22 septembre 1943 à AJACCIO il reçoit des
mains du Général GIRAUD la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur
avec la citation suivante :
«
Organisateur et chef de la Résistance corse, le Commandant COLONNA
D'ISTRIA a pendant six mois mené sur sa terre natale une vie de
proscrit, relevant les énergies, armant les patriotes, préparant avec
un courage indomptable la libération de son Pays. A su dans les heures
tragiques incarner les plus belles qualités de sa race : FIERTÉ
INDOMPTABLE, HAINE FAROUCHE DE L'ENNEMI et AMOUR PROFOND DE LA FRANCE
»,
Quarante
ans après, AJACCIO et la CORSE se souviennent de cette période, de cet
homme. Ils ont choisi de perpétuer sa mémoire et solennellement donnent
à cette place son nom afin que la postérité se souvienne de l'artisan
de notre liberté recouvrée
...
Une
émouvante cérémonie se déroule ensuite au Monument aux Morts d’Ajaccio,
des gerbes sont déposées par toutes les associations d'Anciens
combattants et résistants et Monsieur Charles HERNU rend hommage à la
Corse française.
Quatrième manifestation
particulièrement poignante en Baie d'Arone (Piana). La marine
reconstitue une « opération clandestine » de débarquement de commandos
et d'armes par le sous-marin « CASABIANCA ». Une très belle stèle de
granit rappelant les opérations clandestines de 1943 est inaugurée
après une remise de décorations, dont la rosette de la Légion d'Honneur
à notre camarade Laurent PREZIOSI et la Croix de Chevalier à
Marie-Jeanne NESA qui recueillit chez elle la mission « PEARL HARBOUR
», hébergea et nourrit nos camarades et leurs partisans.
Après
une allocution remarquable du député-maire de PIANA qui exalte l’élan
généreux de tout son village, ce fut Toussaint GRIFFI.
Il retraça avec une
précision étonnante l'historique de la mission des
Services Spéciaux, rendit un hommage chaleureux à ses compatriotes qui
furent ses « complices » discrets et combien courageux. Cette
intervention écoutée avec une attention soutenue par une assistance
nombreuse et respectueuse, fut sans nul doute l’un des moments les plus
impressionnants de cette manifestation d'ARONE
...
LE
10 SEPTEMBRE en présence des autorités civiles et militaires, des
délégations d'Anciens Combattants et résistants, notre Président
National déposait une gerbe en compagnie de Toussaint GRIFFI
devant la plaque qui rappelle le sacrifice de Pierre GRIFFI, son
cousin, fusillé par les italiens en juillet 1943.
Il
faisait de même en compagnie de l'Amiral LASSERRE devant la plaque qui
évoque le souvenir de notre héroïque camarade Michel BOZZI exécuté août
1943. En ces deux circonstances, le Colonel PAILLOLE et l'Amiral
LASSERRE retraçaient brièvement l'existence exemplaire de ces courageux
français. Ils s'inclinaient avec respect devant leur mémoire et
saluaient avec émotion leurs familles.
Le
11 SEPTEMBRE 1983 un déjeuner amical réunissait autour du Président
national, au mess des officiers d'AJACCIO les adhérents de la Section
AASSDN de la Corse du Sud ainsi que les autorités civiles et militaires
locales, en particulier le maire-adjoint d'AJACCIO, le Général
Commandant Militaire de la Corse et ses principaux collaborateurs.
A
l'issue du repas, notre délégué régional saluait et remerciait les
convives et le Colonel PAILLOLE, après s'être associé à ces
remerciements, concluait cette rencontre par une allocution très
importante, résumée en partie par la presse locale, dont nous donnons,
ci-après, l'essentiel :
...
« C'est pour moi une grande satisfaction d'avoir constaté avec quelle
force l'oeuvre des Services Spéciaux de la Défense Nationale s'est
imposée au cours de ces journées du souvenir. Avec quelle ferveur elle
a été exaltée.
S'il
est exact que la population corse a donné l'exemple du patriotisme, du
refus d'admettre la défaite, de la lutte contre l'oppression, il est
également vrai qu'il fallait à cette résistance dispersée un
catalyseur, un fédérateur. Ce fut le rôle de la mission « Pearl Harbour
». Ce fut aussi le grand mérite de notre camarade COLONNA D'ISTRIA...
Je
ne minimise nullement, ce faisant, l'importance de l'action de Fred
SCAMARONI, l'envoyé du B.C.R.A. mort en héros, ni celle du Front
National qui sut galvaniser tant d'énergies...
Il
fallait, en réalité, que la résistance corse, à partir du 8 novembre
1942, s'intègre dans le dispositif stratégique mis au point à ALGER par
les commandements français et alliés en vue de la libération de
l'Europe et notamment de la Corse.
Il
appartenait aux Services Spéciaux de la Défense Nationale de
concrétiser cette volonté. Ce fut la mission de « PEARL HARBOUR »
déposée par le « CASABIANCA » dans la nuit du 14 au 15 décembre 1942
sur les côtes de la Corse : renseigner, alerter, armer et regrouper les
résistants locaux, protéger le secret des opérations militaires prévues
par le commandement en donnant a l'ennemi l'impression d'une menace
imminente sur la Sardaigne et la Corse, alors que le plan arrêté
prévoit en Sicile le premier débarquement sur le continent européen.
Dès
lors, le « CASABIANCA », la « PERLE », « L'ARETHUSE », apportent,
aidés par les parachutages clandestins en tous points de l'île, de
l'armement et déposent des missives d'action et de renseignements.
Inquiets
par cette pression constante sur l'Île, les forces de l'Axe y
consolident leurs positions. Aux 80.000 italiens du Général MAGLI
s'ajoutent, en Mai et Juin 1943, une unité d'élite allemande : la
brigade SS Reichsführer, tandis qu'en Sicile une Division de Panzer
renforce les troupes italiennes. Elle fera gravement défaut aux
allemands lorsqu'en juillet 1943 les alliés vont débarquer en Sicile.
A
partir de cet événement, tout va se précipiter. C'est l'effondrement de
l'Italie. Un peu plus tard ce sera le retournement de quelques unités
italiennes contre la Wehrmacht...
En Corse on a le tempérament
chaud.
La
soif d'action est d'autant plus grande que l'on est armé. Le 8
septembre 1943, à l'annonce de la capitulation italienne, c'est
l'explosion, c'est l'insurrection.
COLONNA
D'ISTRIA qui a pris la tête de la résistance à AJACCIO nous l'annonce
par un télégramme qui stupéfie et consterne le commandement allié. Ses
plans sont bousculés. L'appel de la Corse est pressant. GIOVONNI, le
représentant du Front National, supplie le Général GIRAUD d'intervenir.
Avec l'audace et le sens de l'action militaire qui le caractérisent, le
Commandant en Chef français décide, seul, de répondre à l'appel.
C'est
l'exploit étonnant qui a été conté et célébré ces derniers jours sans
qu'aient été précisées les initiatives et les responsabilités prises
par le Général GIRAUD. La Corse est libérée. GIRAUD pourrait dire
aujourd'hui comme JOFFRE au lendemain de la Marne, ... « on me conteste
cette victoire, mais si j'avais échoué, je sais bien qui aurait été le
vaincu »...
Après
cette délivrance du premier morceau de la métropole où d'un même coeur
se sont jetés dans la bataille les patriotes corses, les Services
Spéciaux, le 1er Char et la Division marocaine du Général Henry MARTIN,
il restait à assurer la sécurité de l'île et préparer le 2e Bond vers
la Provence.
Ce fut la tâche à laquelle
se consacrèrent nos camarades GRIFFI, AMBROSI, POLACCI, BONNEVIALLE et
tant d'autres...
«
Jamais les Services Spéciaux n'ont défilé sous l'Arc de Triomphe ». La
discrétion est leur loi. Mais ils ne transigent pas avec la Vérité et
ils l'exigent toute entière.
Grâce
à l'évocation de cette libération de la Corse nous avons revécu les
exploits de nos camarades, de SAULE, GRIFFI Toussaint et Pierre,
PREZIOSI, BOZZI, LASSERRE, COLONNA D'ISTRIA, j'en passe... et même
LUIZET premier Préfet, combien efficace, de ce département libéré.
Tous
ces noms entrés désormais dans l'Histoire, sont ceux de vrais soldats
issus de notre Maison, conscients de leurs devoirs, prêts au
sacrifice... sans arrière pensée partisane.
A
t-on suffisamment mis en évidence que ce premier tronçon de France
délivré l'a été par des moyens exclusivement français ? Je voudrais que
l'on comprenne ce que cela signifiait pour nous après tant d'années,
d'humiliation, de misères...
L'exemple
que donnait la Corse allait être décisif pour les autres provinces.
Après avoir redonné l'espoir à toute la métropole, l'Île allait servir
de tremplin pour sa libération. Comment oublier tout cela ? Comment
peut-on discuter sur la réalité et la force des liens qui unissent
cette province prestigieuse à la France ?
Au
delà des diversités d'origine, de caractère, qui font le charme d'une
nation, c'est le sang versé pour des idéaux communs qui fondent une
PATRIE et la rendent indissoluble ».
(1) Ndlr - Général GIRAUD.
(2) Ndlr - Détaché dans les services spéciaux
de la Défense Nationale.
(3) Ndlr
- C'est M. LUIZET (ancien officier des Services Spéciaux de la Défense
Nationale) qui deviendra le premier Préfet de la Corse libérée.
5 et 6 février 1943. Sur
la plage
d’Arone
Après l’opération
réussie à la mi-décembre, dans la baie de Chjuni, pas loin de là, Le 5
février
1943, le sous-marin Casabianca venant d’Alger est de retour. Le
Commandant
L’Herminier a raconté ce deuxième « toucher » en Corse dans
son livre
« Casabianca . Editions France-Empire.
« 5 février 1943. […]La nuit est
obscure, le temps
calme, la mer légèrement houleuse. L’heure du rendez-vous est passée.
Mais nous
n’apercevons point de signaux à terre. Qu’est-il arrivé ? le coin
est-il
brûlé ? comme celui de Cros-de-Cagnes ? A 400 mètres de
terre, nous
stoppons et mettons le youyou à l’eau. Asso et Cardot prennent les
avirons, les
agents (Bozzi * et Chopitel**) embarquent avec leurs postes clandestins.
« A 21 heures 10, après 40 minutes d’attente en surface, nous nous
décidons à faire pousser notre embarcation. Elle se repliera à la
moindre alerte.
[…] L’embarcation suivie aux jumelles paraît aborder sans difficulté à
la plage
toute proche. Nous attendons en vain son retour pendant près de deux
heures.
« […] Nous ne recevons aucun signal par la lampe-torche et nous
devons
bien conclure que les quatre hommes se sont enfoncés dans l’intérieur
avec le
matériel, sans avoir rencontréau
débarquement l’équipe du Commandant de Saulle […] Puisque l’alerte n’a
pas été
donnée à terre, nos gens n’on point rencontré l’ennemi et nous espérons
qu’ils
pourront, comme leurs prédécesseurs l’on fait le 15 décembre dernier,
gagner la
complicité de quelques Patriotes.
« De toute façon, nous viendrons nous présenter à nouveau au même
point de
la plage la nuit prochaine, dans l’espoir de récupérer nos cinq
manquants et de
débarquer nos armes, si la mer se calme tout à fait. […]
« A 20 h. 30 le 6 février, nousfaisons
surface par un calme plat. Toujours pas de
signaux. Le
rendez-vous semble définitivement manqué. Qu’importe ! La mer est
trop
belle pour que nous n’essayions pas d’en profiter pour débarquer nos
armes et
munitions et les dissimuler dans le maquis par nos seuls moyens. […] L’endroit, on pourra le désigner par des
repères précis aux patriotes de l’île par radio d’Alger. […] Grâce à
l’entrain
endiablé de l’équipage, 450 mitraillettes et 60 000 cartouches
sont transbordées
dans les cinq canots pneumatiques, en vingt minutes. L’opération de mise à terre et de dissimulation
dans le maquis de ce chargement dure longtemps et fait courir le risque
aux
hommes à terre et au sous-marin qui dérive avec la houle qui s’est
levée. Tous
risquant aussi d’être repérés car il est déjà 5 heures du matin. Le
retour
s’avère difficile : tous les hommes sont récupérés mais deux
embarcations
sont perdues.
« Tout à coup, nous apercevons des éclats lumineux. Est-ce enfin
Lasserre ? ou bien une patrouille ennemie ? Nous sommes
convaincus
que ce sont les nôtres. »
Arone.
L’évacuation
des armes débarquées par le Casabianca
Extrait
du livre de
Maurice Choury, « Tous bandits d’honneur » (Ed. Piazzola.
2011)
Les
armes
débarquées par le Casabianca le 6 février sont évacuées par les
Résistants le
lendemain. En 1943, la route qui mène aujourd’hui à Arone n’est qu’un
sentier.
Arone
est un site d'une exceptionnelle
grandeur. L'arc pur d'une plage de sable fin descendant en pente douce
se
déploie sur plus d'un kilomètre à l'abri des montagnes. Exposée au
midi, Arone
jouit d'un climat incomparable. La vigne, l'oranger, le cédratier
pourraient y
apporter la richesse. Mais 1a plage est à plus de deux heures de marche
de
toute agglomération et pour gravir les quatre cents mètres d'altitude
où Piana
est juchée, pas la moindre route. La contrée est désertique.
«Ché»,
Pascal Versini
et Jean Alfonsi[1]
(dit Rastulello)
transportent les armes de nuit, à dos de mulets, par la montagne en
direction
du Salognu, vers un abri de bergers où ils les entreposent.
«Ché»
redescend à la plage pour effacer toute trace du débarquement. La
barque plate
est toujours là, énorme pièce à conviction. Il entre dans l'eau
jusqu'aux
aisselles, l'attaque à coups de pioche et cache les débris dans le
maquis.
Malheureusement,
une caisse de cartouches
qui a servi d'oreiller au commandant de Saulle au cours de la nuit est
oubliée
dans la bergerie de la plage. La compagnie ennemie qui patrouille le
lendemain
la découvre. Un berger, Antoine-François Spinosi, alerte les patriotes.
La
répartition des armes est accélérée. Piana, Ota, Marignana, Cristinacce
reçoivent leurs dotations de mitraillettes. Jean Nicoli et André Giusti
montent
d'Ajaccio avec une camionnette à double fond et livrent tout un
chargement
d'armes aux groupes du Front National de Sainte-Marie-Sicché et
Petreto-Bicchisano.
Pascal
Versini sera arrêté en mars[2],et le dépôt d'armes saisi
avant d'avoir été complètement réparti. Mais «Ché» et son fils Baptiste
échapperont de nuit à l'encerclement ennemi, sauveront leurs armes et
constitueront un maquis aux environs de Piana[3]
[3]Avec
Rastulello, Antonarello, les frères Nesa, Xavier Bazziconi et Benoît
Versini,
ils échapperont une seconde fois à l'ennemi au cours de
l'investissement de
Cristinacce
C’étaient bien « les siens ».
Armes et munitions seront enlevées dans les heures qui suivent pour
être
distribuées aux patriotes. Mais les deux hommes, Asso et Cardot,
chargés du
convoyage ne pourront pas rejoindre le sous-marin à cause de l’état de
la mer.
*Michel Bozzi dit
« Bianchi » a été arrêté par les fascistes italiens à
Ajaccio. Il a
été fusillé à Bastia, le 30 août 1944.
** Chopitel dit « Tintin », porté disparu au cours d’une
mission
entre Ajaccio et Caldaniccia, dans les environs d’Ajaccio, une semaine
avant la
libération d’Ajaccio.
Giovoni
embarque à Capu di Fenu
Extrait
de « Tous bandits
d’honneur ». Maurice Choury. Ed. Piazzola. 2011. Pages 105 et 106.
Le 4
septembre, je remonte dans la région de Vico, pour y orgniser
un parachutage. Le recrutement est en plein essor mais le canton est
encore
totalement dépourvu d'armes. Je me dispose à passer la nuit à
Parapaggio, nid
d'aigle juché au-dessus d'Arbori, quand arrive Martin Borgomano, en
proie à
l'agitation la plus vive:
– Annibal!
Annibal! Il faut redescendre tout de suite à Ajaccio...
«J’aime Paimpol et sa falaise, son biniou et son grand pardon»..,
– Le
message d'alerte?
– Oui, on
vient de l'entendre à la
radio...
Pas
de doute, le débarquement est imminent1! Nous dévalons sur
Ajaccio où les événements se sont précipités. Le sous-marin est
annoncé. Notre
rendez-vous fixé dans le golfe de Lava est accepté. «Lorraine»
(Maillot) est
déjà parti pour Villanova avec l'équipe de réception. On attend «Luc»
(Arthur
Giovoni) en instance de départ pour Alger. Toute la soirée du 5, je
guette son
arrivée au carrefour du Haras, comme convenu, pour le piloter...
Qu'est-il
devenu? Je suis mortellement inquiet. J'apprends le lendemain qu'il est
arrivé
à bon port. En avance de quelques heures sur l'horaire, il a poussé sur
Villanova, après avoir conduit un radio à Pisciatello.
Au P. C.
de
la Grotte, on a reçu, un beau jour, un message annonçant pour la nuit
même un
parachutage combiné: armes et personnel (deux radios) sur «Alouette»
vers Alzo
de l'autre côté de la montagne, en direction de Corte. Les radios se
feront
reconnaître par le mot «espoir»...
Sur la
carte, «Alouette» paraît assez près de la grotte. En réalité il faut
plusieurs
heures de marche pour atteindre le terrain... Impossible de décommander
le
parachutage, le radio n'a pas de contact avec Alger avant le lendemain.
On
envoie Ghérardi prévenir l'équipe de réception d' «Alouette». Le
terrain est
classé «arma». Elle n'attend donc pas de parachutistes.
A
l'heure prévue, d'immenses corolles de soie descendent vers la
terre.
– Oh! Madona! Oh! Madona! répète, extasié, un
novice du parachutage.
Tout à coup,
dans la pénombre, une forme surgit d'un buisson.
– Qui va
là? fait un de nos gars d'une voix où perce l'anxiété.
– Espoir!
– Ici, y a
pas d'espoir!
Et un
coup de revolver claque.
Fort
heureusement, l'homme n'est pas atteint. Il continue de crier comme un
beau
diable: «Espoir! Espoir!».
On se
jette sur lui. On le garrotte. On l'interroge:
– Je viens
d'Alger. Je suis radio.
On vous a annoncé mon arrivée. Du reste, cherchez sur le terrain, il y
en a
certainement un autre.
C'est
pourtant bien invraisemblable, un parachutage de radios sans
avertissement
préalable.
On
organise
la battue et on trouve effectivement un deuxième bonhomme, enchevêtré
dans son
parachute.
L'arrivée
de Ghérardi, quelques heures plus
tard en compagnie de Français Valentini, de Corte, dissipe le mystère.
On
délivre les deux radios.
L'un
d'eux, pris en charge successivement par Georges Albertini et J.-F.
Gambini,
sera confié à «Luc» sur la route nationale à la borne 5 km 100 après
Corte.
A
l'aube, le
radio et son guide se terrent dans le maquis, près de la borne
indiquée. Après
des heures de guet, le guide reconnaît la tête de «Luc» à la portière
d'une
voiture qui ralentit et stoppe. Deux secondes pour y engouffrer le
radio et sa
précieuse valise, et la voiture repart en ouragan.
Effarement
du radio quand il dévisage le conducteur: un colonel italien!...
Notre
parachutiste restedigne... et muet. Mais le silence
dans cette auto qui brûle la route est trop pesant, Tout à coup, il
éclate:
– Alors,
dites-le, je suis «fait»?
Et «Luc» de
répondre de sa voix la plus neutre:
– Pourquoi
t'énerver, camarade? Tu sais bien qu'il ne faut pas poser
de questions.
Le
voyage se déroule sans encombre, les sentinelles italiennes
présentant régulièrement les armes à chaque village traversé par la
voiture du
colonel.
On
approche
d'Ajaccio. A deux kilomètres du pont de Pisciatello, brusque coup de
frein. On
prie le radio de descendre. Quatre hommes, mitraillette au poing,
surgissent du
maquis, l'encadrent et l'y entraînent.
Une
heure plus tard, notre homme, installé dans un taillis, prend
contact par radio avec Alger tout en grommelant des «Ça, alors!» qui
n'en
finissent plus...
Au même
moment la voiture de Cagnoni, à la sortie d'un tournant, débouche sans
s'y
attendre sur la place de Villanova, déserte en un clin d'œil. «Luc»
descend et
le véhicule, fanion italien claquant au vent, fait demi-tour et repart.
Villanova
est à un kilomètre à vol d'oiseau du point d'embarquement. Mais la
région est
difficile et infestée d'ennemis Heureusement, j'avais donné à Luc le
nom du
responsable local du Front National: le maire, Perfettini. Un gamin en
indique
la maison. N'était ce grand rouquin somnolant sur le perron, on la
dirait
abandonnée... Mais sous la casquette qui masque le visage du «dormeur»,
un œil
vif n'a rien perdu de la scène.
«Luc»
secoue
l'homme qui s'ébroue, marmonne et s'en va d'un pas nonchalant.
L'affaire se
présente plutôt mal...
Le
rouquin revient peu après, le visage toujours aussi
inexpressif:
– Suivez-moi!
Dans une
étable voisine, «Luc» est mis en présence d'un grand diable en pantalon
de
velours, le feutre noir sur les yeux. On s'observe. Allons-y, lâchons
«le
paquet»:
– Je viens
de la part d'Annibal.
Oh,
vertu merveilleuse du sésame! Perfettini tombe dans les bras
de Giovoni, le rouquin devient loquace, le «prisuttu» [1]est en un clin d'œil sur la table avec
le «Campo d'Unico» qui vous fait couler du feu dans les veines.
Le
crépuscule se peuple de créatures silencieuses, à la démarche souple:
les
guides.
Tout est
paré. La batterie italienne sous la tour génoise du Capo di Feno, si
près du
point de débarquement? Excellent! Ils ne se douteront pas que nos
«dockers»
travaillent sous leur nez. En passant, on «chatouillera» leur fil
téléphonique... Oh, juste le temps nécessaire pour les couper de leurs
amis au
bon moment. En route! «Luc» embarque cette nuit.
Cheminement
éreintant par un maquis agressif, longue séance d'alpinisme pour
descendre la
falaise de granit.
«Luc»
est en
piteux état, les vêtements déchirés, les pieds en sang, le visage et
les mains
labourés d'égratignures mais radieux de retrouver Maillot qui, de son
creux de
rocher, torche en main, émet en morse tous les quarts d'heure la lettre
«P» en
direction du large.
Peu
avant
minuit, un cri étouffé: «Le voilà!» Dans le noir un guetteur a cru
distinguer
une longue silhouette glissant rapidement sur les flots. Pas de doute,
cette
colonne au milieu, c'est le kiosque du sous-marin. Maillot multiplie
les
signaux... Un léger clapotis d'aviron... Un canot pneumatique s'est
détaché du
bord. Un petit commando de reconnaissance débarque ainsi qu'un radio[2].
On prend contact. Le commando est supérieurement équipé. Il est relié
au Casabianca par
phonie, nouveauté depuis
les dernières opérations.
Du
sous-marin on appelle
– Avez-vous
le contact?
– Oui.
– Luc
est-il là?
– Oui.
– Qu'il
rallie immédiatement le bord!
Les feux de
la batterie italienne clignotent avec une superbe indifférence. Mais,
catastrophe! De l'autre côté, à droite, un puissant projecteur
s'allume,
fouille lentement la mer, s'immobilise sur le Casabianca, puiséclaire
à giorno l'embarquement de «Luc».
– Activez!
Activez!
Les
cœurs
battent à se rompre. On fait le gros dos... Rien. Le sous-marin, tout
près de
la falaise, se confond avec les rochers. Du projecteur, on n'a pas vu
les
hommes.
Le 6
septembre[3],
à une heure du matin,«Luc» est à bord. Le débarquement des fusils
antichars (5
tonnes) commence sur un canot pneumatique. A 4 heures, tout est
terminé.
Maillot organise le transport des armes vers Ajaccio. Giovoni vogue
vers Alger
où il arrive le 8 septembre à 8 heures du matin.
Les
services
secrets de l'Armée y attendent «Monsieur Luc» avec impatience. Ils ont
appris
par radio qu'il apporte des documents de la plus haute importance.
«Kidnappé»
à l'arrivée et conduit sans délai à l'état-major,
Giovoni, avec une humilité parfaitement feinte, exhibe les «papiers».
Il s'agit
d'un document de 181 pages
donnant le
détail de toutes les forces ennemies en Corse:
[3]Trois
jours
avant l'insurrection, et non le lendemain, comme il est écrit par
erreur dans
«L'occupation italienne en Corse», de J.-A. Livrelli
La mission Frederick mise
à terre dans la baie de Cupabia. 11 février 1943.
Après la mission Pearl
Harbour débarquée par le sous-marin
« Casabianca » en Décembre 1942, au nord de Cargèse, c’est la
mission
« Sea Urchin » conduite par Fred Scamaroni qui est débarquée
début janvier
1943 au nord de Propriano par le sous-marin « HMS Tribune ».
En
février 1943, c’est au tour de la mission « Frederick », elle
aussi
venue d’Alger, de prendre pied en Corse. Elle est organisée par le
Service
Secret d’espionnage Britannique I.S.L.D. (Inter Service Liaison
Département)
M.I.6. Son objectif : créer un réseau de renseignements pour
informer les
Alliés sur les Forces ennemies italiennes qui occupent la Corse depuis
le 11
novembre 1943.Elle est dirigée par un
opérateur radio des Services Secrets britanniques, Guy Verstraete, âgé
de 25
ans (nom de code : Wlaminck -nom
d’emprunt : Guy, Charles, Vernuge). Il est accompagné
par deux Corses : le premier,
Antoine Colonna d’Istria, âgé de 37 ans, originaire
de Petreto-Bicchisano, directeur
d’un Monoprix à Alger. Le deuxième, un parent à lui, Charles Simon
Andreï, âgé
de 40 ans est instituteur dans cette même ville.
Les trois hommes quittent
Alger le 7 février au soir à bord
du sous-marin H.M.S. Tribune avec un émetteur radio, des armes
automatiques et
leurs affaires personnelles. Dans la nuit du 11 février, à 2 heures 10,
le
sous-marin choisit la baie de Cupabia (Celle-là même où avait débarqué
Fred
Scamaroni) pour débarquer la mission. A un mille de distance de la
côte, le
sous-marin met deux canots à la mer. Ils transportent hommes et
matériel
jusqu’au lieu-dit Scogliu Biancu, près de Cala di Giglio ; non
sans
quelques frayeurs parce qu’un projecteur ennemi situé à 300 mètres
au-dessus
balaye la baie de sa lumière.
La mission n’est pas attendue. Il n’y a donc
pas de comité
de réception. Les hommes doivent dissimuler leur matériel etquitter la plage et à travers le maquis se
hasarder à la recherche de patriotes.
Vie et fin du réseau
Frederick.
Le contact
est établi avec des parents et amis corses. Colonna d’Istria rejoint
Petreto-Bicchisano, Andreï est hébergé par un ami, Jean-Donat Léandri à
Propriano. Quant à Vernuge, il s’installe avec son poste radio dans uns
bergerie située à 1 km de Tivolaggio, village distant de 16 km de
Propriano. De
là, il émettra jusqu’à son arrestation, une quarantaine de messages,
renseignant les Alliés sur le dispositif des troupes d’occupation.
Informé de l’arrivée à
Cupabia, (là où eux-mêmes avaient
débarqué), entrele 9 et 12 avril, d’un
sous-marin venant d’Alger, Vernuge et Andrei se rendent sur les lieux
pour
l’accueillir. Victimes d’un délateur, ils sont arrêtés par les
carabiniers. En
attendant que ces derniers vérifient leur identité, ils sont enfermés
dans une
porcherie. Vernuge réussit à cacher sous les tuiles une carte détaillée
du
golfe du Valinco qui était destinée au sous-marin. Leur identité
acceptée, les
deux hommespeuvent repartir, libres,
mais un carabinier, poussé par la curiosité, retourne à la porcherie et
y
découvre la carte qui dépassait des tuiles. Les deux hommes sont
rattrapés,
arrêtés dans la demi-heure qui suit et conduits à Propriano, et faits
prisonniers.
Ils résistent à la torture
pendant 24 heures, le temps pour
le réseau de s’évanouir dans le maquis. Tous n’y parvinrent pas.
Leandri et
Tomasini sont arrêtés. L’épouse de François Peretti (Scatena) sera
détenue
aussi pendant quelques semaines avant d’être relâchée. Les quatre
hommes :
Vernuge, Andrei, Leandri et Tomasini sont ensuite incarcérés dans la
citadelle
d’Ajacciopour y être torturés.
D’Ajaccio
ils sont conduits à Bastia où siège le tribunal de guerre du 7ème
Corps d’Armée italien. Le procès des hommes du réseau et celui de
Louise
Simponpietri qui avait abrité Vernuge à Tivolaggio, a lieu le 5 juillet
1943.
Verdict :
Vernuge et Andréi condamnés à mort. Ils sont fusillés le 6 juillet.
Vernuge, le
belge, s’écroule en criant : « Vive la France ».
Léandri, Tomasini condamnés à 30 ans de prison. Ils mourront sous les
bombardements alliés dans leur prison de Castel franco en Italie. Les fugitifs sont condamnés in absentia :
Antoine Colonna d’Istria, François Peretti (Pierre Scatena), condamnés
à mort.
Tramoni et Mondoloni, 24 ans de prison.
Louise Simonpietri, la mère de Cesari, qui avait abrité Vernuge à
Tivolaggio,
est relâchée.
A.P.
Bibliographie :
« Frederick » la mission oubliée. Terry
Hodgkinson. Larsen Grove Press. 2007
“Flotilles secrètes”. Les liaisons clandestines en Corse et en A.F.N.
1939-1945. Sir Brooks Richards. Ed. MDV
CUPABIA
Le monument de granite gris sur la
plage de
Cupabia est unique en Corse. Ce n’est pas seulement un hommage à trois
hommes
courageux, le Belge Guy Verstraete, nom de code Vernuge et deux Corses,
Charles-Simon Andrei et Antoine Colonna d’Istria, des agents secrets
envoyés
d’Alger par le Service Secret MI6 mais aussi un hommage au sous-marin
anglais
HMS Saracen qui les a amenés là en Février 1943.
Les agents avaient été envoyés
dans le
Valinco pour une mission d’espionnage très dangereuse. Ils devaient
ramasser
autant d’informations que possible sur les forces d’occupation
italienne dans
la région ; champs de mines, obstacles de béton sur les plages, même
sur des
individus et leurs régiments et transmettre ces informations par radio,
à
Alger, pour être éventuellement utilisées pour un débarquement allié en
Corse
du Sud Ouest.
Ils travaillèrent avec des hommes
de
confiance de Propriano et des environs, tous sans exception des membres
courageux de la résistance. Si l’un d’entre eux avait été pris ils
auraient
fait face au peloton d’exécution italien. Aujourd’hui un seul d’entre
eux est
encore en vie, Benoît Mondoloni qui avait 16
ans a l’époque.
La
première réception des armes
du « Casa ».
Extrait
de « Tous bandits
d’honneur » de Maurice Choury. Ed Piazzola 2012. Pages 86 et 87
Six des
nôtres sont là, de ceux qui savent tout risquer: Vincetti, Galletti,
Colonna,
Benedetti[1]
Simi, Agostini. Il faut évacuer les armes sur Casta par un
sentier
unique. Il faut des hommes, des mulets.
Voici le
Front National des Patriotes, voici le peuple de Corse à l'œuvre.
Benedetti
part en Balagne et ramène cinquante mulets qu'on disperse dans le
maquis. Les paysans
de Casta, une poignée d'hommes intrépides, guident les convois, offrent
journellement une fournée de pain et un veau pour les équipes, dix
décalitres
d'avoine pour les mulets.
C'est
l'enthousiasme. Dans la journée, on vaque ostensiblement aux affaires,
les
vieux s'emploient auprès des Italiens à connaître les heures et les
itinéraires
des patrouilles, les enfants font le guet, et chaque nuit les armes
passent
dans le sentier à deux cents mètres de l'ennemi.
Vincetti
et
Benedetti dirigent les convois. Colonna d'Istria et Simi surveillent la
maisonnette, en bordure de la route où se trouve le dépôt destiné à la
Balagne,
la Casinca et Bastia. Galetti s'occupe du dépôt de Calamicorno, dans la montagne, réservé au
Nebbio.
Agostini a la charge du ravitaillement. Du 10 au 20 août, le trafic est
intensifié, et à cette date il n'y a plus de matériel sur le rivage.
Et
maintenant, il faut le répartir. Il faut des camions, il faut passer
sur cette route infestée d'Italiens, d'Allemands, de policiers et
coupée de barrages
où tout véhicule est arrêté, inspecté. Les risques sont énormes. Simi
trouve
les camions pour la Balagne. Leoncini, de Penta, doit en trouver pour
la
Casinca. C'est tout simple: il pénètre de nuit avec Joseph Rossi, de
Cervione
dans l'usine de Folelli occupée par les Italiens et sort tranquillement
le
matin avec un camion. Il le charge à Casta en plein midi, alors que les
Italiens sont à table, fait panne près du dépôt, repart à toute
vitesse, sème
en route à son insu les grignons[2]
qui camouflent les armes
et arrive tout de même à bon port.
Le
20 au soir, un autre camion arrive de Balagne avec Simi. Il est chargé
dans la nuit, repart à l'aube avec Benedetti, retourne le soir même,
est
rechargé, repart avec Simi le 22, et atteint Regino sans accroc.
Pendant ce
temps, avec Pierre Orsoni. Jean Bagnoli Louis Vallecalle, etc., par des
sentiers escarpés, le dépôt de Calamicorno s'écoule vers Lento et le
Nebbio[3].
[1]Un
des
responsables militaires de la Balagne, dit «Le Tigre»
La réception des armes et
munitions
par les patriotes à Saleccia.
Répression à Casta.
Texte de Simon
Vinciguerra, cité par
Maurice Choury dans « Tous bandits d’honneur » Editions
Piazzola
2012. Pages 95, 96
Le
22 août, au soir, sur les 33 tonnes d'armes et de matériel débarqués
par le Casabianca
à
la plage de
Saleccia, il ne reste plus à Casta que le chargement d'un camion pour
Bastia.
Vincetti doit le conduire le lendemain.
Plus
de deux cents patriotes ont participé à l'opération. Tous méritent
des éloges pour leur conduite[1]. Mais pour détruire l'ouvrage d'une
légion de héros, il suffit d'un seul
scélérat.
Un
traître est apparu. Depuis, il a expié.
Les
armes de la Balagne sont entreposées à
Regino, dans une savonnerie et un vieux pressoir à olives. Les
responsables des
villages sont avertis pour la répartition. Simi, Sartori, Alfonsi et
Brignetti
déplacent le dépôt de la savonnerie trop exposé.
A deux
heures du matin, le village est enveloppé de carabiniers. Prévenus
aussitôt,
Simi et ses camarades se dégagent. Toutes les routes sont barrées. Sans
perdre
de temps, à pied, à travers le maquis, Simi court vers ses camarades
restés aux
environs de Casta. Trop tard: une nuée de carabiniers et de chemises
noires s'est
abattue sur la région. Le village de Casta est pris dans un véritable
filet.
Vincetti et Galletti sont surpris dans la maisonnette au bord de la
route près
du dernier dépôt, déjà presque vide.
Les deux
hommes ouvrent le feu et tiennent l'ennemi en respect. Mais les
munitions
s'épuisent. Quelques cartouches encore. Nos camarades s'élancent.
Vincetti
s'écroule. Galletti passe, poursuivi par un feu d'enfer, et s'enfonce
dans le
maquis.
Notre
Vincetti n'est plus; il est mort comme
nous savions qu'il mourrait, après avoir épuisé son lot de grenades et
semé la
mort dans les rangs ennemis.
Casta
est
désert; il a subi la haine fasciste. Des maisons ont été défoncées
bouleversées, incendiées. Vingt-trois habitants sont incarcérés; les
autres ont
pris le maquis.
[1]Antoine-François
Castellani, de Santa-Riparata-di-Balagne, est tué le 10 août 1943.
Antoine-Joseph Vescovali, de la même commune, meurt à
Ville-di-Ppietrabugna, au
cours d'une mission de la Résistance. Robert Lapina, ouvrier
antifasciste
italien, volontaire de l'équipe de réception des armes, blessé par
l'explosion
d'une grenade, est arrêté le 23 août sur dénonciation d'un indicateur
fasciste,
torturé et fusillé. Son corps affreusement mutilé restera exposé toute
une
journée, «pour l'exemple», au pied de la vielle église de Rapale.
Le Casabianca.
Saleccia 1 et 2
juillet
Le 1er
juillet avant
l’aube, le Casabianca est en face de la plage de Saleccia mais il doit
attendre
la nuit pour effectuer le débarquement des 13 tonnes d’armes destinée
aux
patriotes. A bord, il y a, pour être débarqué, Paul Colonna d’Istria
qui avait
été embarqué deux semaines auparavant sur le sous-marin Sybil, à Travo,
alors qu’il
n’y était monté à bord que pour un entretien avec un responsable du
S.O.E.
La nuit venue,
l’équipage attend
vainement que les patriotes chargés de la réception se manifestent
depuis la
plage. Aucun signal ne leur parvenant, les hommes commencent le
transport des
armes et munitions à terre. « Les hommes de la chaîne manipulaient
les
colis qui pesainet jusqu’à 35 kg le long des coursives glissantes, par
les
écoutilles jusqu’aux mains toutes prêtes d’une autre chaîne qui les
transmettaient aux canots. Les hommes travaillaient rapidement, sans
bruit,
torse nu, suant comme des galériens.
En cette
première nuit, huit
tonnes sont débarquées et cachées dans le maquis. Colonna d’Istria
reste à
terre pour attendre jusqu’à la nuit
suivante la suite de l’opération et en espérant l’arrivée des
patriotes. A 3 h.
45, après ce premier débarquement, le sous-marin se met en plongée.
Vers 23 heures,
en cette nuit du
2 au 3 juillet, il refait surface et achève de décharger à terre les
cinq
tonnes d’armes et de munitions qui resteront, avec les huit tonnes
débarquées
la veille, sous la garde de Colonna en attendant l’arrivée des
patriotes.
Casabianca. Saleccia
31.07.1943
Echec dans l’anse de
Gradella. 30.07.1943
Rendez-vous avait été pris avec les
patriotes pour un
débarquement, le 30 juillet, dans l’anse de Gradella, à quelques km au
nord de
Porto. « Nous faisons surface à 22 h. 50 raconte le Commandant
l’Herminier, et nous montons sur la passerelle, après avoir équilibré
l’atmosphère de l’intérieur par les porte-voix. Le spectacle est
hallucinant.
La falaise se dresse à 400 mètres devant nous. Le Cap Seninu, le fond
du golfe,
la côte sud, par l’illusion de raccourcissement des distances la nuit,
semblent
nous étreindre. […] Les étoiles luisent. Dans l’obscurité, les petites
plages
qui nous environnent se détachent comme des ongles immaculés sur la
symphonie
noire et violette du ciel, de la terre et de la mer.
Dans l’axe de l’anse, à 200 mètres du bord
de l’eau nous
distinguons une maison de berger. C’est curieux ! Au lieu d’être
en ruines
comme elles le sont presque toutes, elle paraît avoir un toit. Les
Italiens
auraient-ils installé un petit poste dans ce coin ? […] Nous
n’apercevons
aucun signal de nos amis et ressentons un malaise étrange. […]
Les doris glissent sur l’eau sans bruit et
poussent vers la
terre. Ils ne sont pas à plus de dix mètres du bord quand éclate une
fusillade
nourrie venant de tous les points de l’horizon ; les balles de
mitrailleuses claquent. Nous sommes encadrés, les gerbes jaillissent de
tous
les côtés, longues et courtes. Les balles sifflent. »
Finalement, le repli se fait sans que
personne ne soit
blessé, avec le matériel et les embarcations intacts. Mais il faut
trouver un
autre point de débarquement. Ce sera plus au nord, vers les Agriates,
sur la
plage de Saleccia déjà abordée au début juillet.
Saleccia 31.07.1943
Il n’y pas plus de comité d’accueil que la
première fois
début juillet. Ce sont donc les hommes d’équipage qui feront le
débarquement
des 20 tonnes d’armes et munitions. Un record mondial pour l’époque. En
deux
nuits –les nuits du 31 juillet au 1er août et la nuit
suivante, tout
est mis à terre et dissimulé pour attendre que les maquisards viennent
récupérer la précieuse livraison venue d’Alger.
Depuis Alger, partent des missions chargées
d’établir le
contact avec la Résistance corse afin
1) de recueillir des renseignements sur le dispositif militaire de
l’occupant.
2) de fournir des armes aux patriotes.
Après avoir touché la côte corse par
l’ouest, à Topiti,
Arone et Saleccia, le sous-marin Casabianca
a pour mission, en ce mois de mars 1943, de se rendre dans l’anse de
Canelle à
2,5 km au sud de Solenzara pour embarquer deux hommes de la mission
Pearl Harbor
– Laurent Preziosi et Toussaint Griffi- et
en débarquer deux autres. Il lui faut récupérer
aussicinq sous-mariniers : Asso,
Cardo, Lionnais, Vigot et Lassere restés
involontairement à terre lors des précédents « touchers ».
L’arrivée du Casabianca
était prévue pour le 7 mars mais il n’est pas au rendez-vous. L’attente est longue pour tous ces
hommes : les cinq sous-mariniers, les trois hommes de la mission –
L.
Preziosi, T. Griffi et De Saule - et les
Résistants chargés de l’accueil : François Carli, Jean Nicoli,
André
Giusti et Pierre Griffi, le cousin de Toussaint. Ils sont pris en
charge par
Dominique Poli et logent dans un hôtel peu fréquenté. Il faut dire qu’à
l’époque
la malaria sévit dans ces plaines insalubres et dissuade même les
troupes italiennes
d’y séjourner.
Tous les soirs et jusque tard dans la nuit,
depuis le 8, ils
scrutent en vain le large pour apercevoir le sous-marin. « Et chaque fois nous rentrons bredouille,
écrivent Laurent Preziosi et Toussaint Griffi* […] Mais ces deux
journées nous
permettent de nous reposer et d’échanger nos vues sur l’avenir de la
résistance. Dominique Poli nous communique les dernières nouvelles de
Radio-Londres et Radio-Alger. […] André Giusti se montre
prestidigitateur de
grand talent par quelques tours de passe-passe qu’il exécute sous l’œil
amusé
de tous les spectateurs. Ilsuscite même
l’émerveillement d’une vieille dame qui, attirée par les rires bruyants
de
toute l’assistance, est venue participer au spectacle. » (1)
Le 10 mars, l’équipe sort à nouveau, la nuit
venue, pour
longer la côte, attentifs au moindre signe, au moindre bruit qui
révèlerait la
présence du Casabianca. C’est en fait
par le bruit des moteurs diesels, reconnus par un sous-marinier, que
les hommes
à terre sont assurés que ce soir le Casabianca
est bien là. Il apparaît dans une demi-obscurité. Il est bien au
rendez-vous
fixé, dans l’anse de Canelle mais la mer est trop agitée en ce lieu et
mieux
vaut aller un kilomètre plus au sud, dans l’anse de Favone, plus calme
pour
faire les transferts. Et encore heureux que les patriotes aient pu
trouver un
pêcheur qui accepte avec sa barque –embarcation plus sure- de convoyer
tout le
monde. « Nous aurions pu y débarquer
aisément une grande quantité de munitions si la persistance
inaccoutumée du
vent d’Est ne nous avait pas considérablement gêné et si nous n’avions
pas perdu
notre youyou dans la tempête en baie de Bon Porté. Quant à nos
lascars
(les sous-mariniers revenus à bord), leur joie d’avoir rallié leur
Casabianca
est touchante» (2)
Pour le Casabianca, ce sera le seul et
unique
« toucher » sur la côte est de l’île. C’est sur la côte ouest
qu’il
continuera d’opérer.
Première mission en Corse occupée. T. Griffi
et L. Preziosi.
Ed. L’Harmattan. 1988. Page 178
Au niveau
du golfe de Chiuni, la route s'enfonce à l'intérieur des terres dans un
paysage désolé. Au pont de Chiuni, une plaque commémore l'incursion du
sous-marin Casabianca mené par le commandant Lherminier dans la
crique voisine de Topidi. C'est là que les agents des Forces françaises
libres prirent le contact avec la Résistance corse en Décembre 1942.
ASSDN
Un peu d’histoire
Par une nuit sombre de février 1943, le
sous-marin « Casabianca », sous les ordres
du Commandant L’Herminier, émergeait en silence près
de notre côte et débarquait quelques hommes résolus, venus d’Alger pour
accomplir leurs missions en territoire occupé. Déposés dans une
calanque, près de la Roche Escudelier, dans l’obscurité, ils réussirent
à gravir les rochers et à s’infiltrer dans le territoire pour y
exécuter leurs missions de renseignements et de contre-espionnage,
indispensables pour la préparation des opérations militaires de
débarquement et de libération du territoire.
Par la suite, avec la même audace, d’autres sous-marins
- « l’Aréthuse », « la Perle »,
« le Marsouin » - renouvelèrent cet exploit
presque chaque mois. Dès leur accostage, ces hommes venus de la mer
étaient pris en charge par des résistants ramatuellois parmi lesquels Maximin
Giraud, Henri Olivier ainsi qu’Achille
Ottou et sa sœur Jeanne, dont la ferme
servait de point de ralliement aussi bien pour ceux qui arrivaient qu’à
ceux qui, leurs missions remplies, regagnaient Alger. Grâce à eux la
liaison entre la métropole occupée et l’Algérie Française fut
maintenue. Beaucoup sacrifièrent leur vie pour transporter ce flambeau
de liberté et d’espoir dans la France opprimée. Sur notre territoire,
ce fut le cas d’Alphonse Alfasser qui, dans la nuit
du 26 au 27 novembre 1943, tomba sous les balles ennemies pour sauver
ses compagnons ainsi qu’un important courrier destiné au commandement
français et allié. Son corps repose dans le cimetière de Ramatuelle.
Un mémorial national en souvenir de ces actes
de bravoure
Le Colonel Paillole, président national de l’Amicale
des Services Spéciaux de la Défense Nationale (ASSDN), qui
était à la tête des services spéciaux pendant la guerre, proposa de
dresser un monument sur le territoire de Ramatuelle afin de perpétuer
le souvenir de ces 300 agents qui moururent pour la France ainsi que
l’héroïque concours des Résistants de la Brigade des Maures au combat
libérateur. Dessiné par l’architecte Gaston Castel,
cet ouvrage fut réalisé par le sculpteur Marcel Courbier,
ami de Jean Moulin et auteur des monuments érigés à Chartres et à
Aix-en-Provence à la mémoire de ce martyr de la Résistance française.
Il fut solennellement inauguré, le 3 mai 1959, sous la municipalité
Gustave Etienne, par M. Edmond Michelet, Garde des Sceaux,
ministre de la Justice, représentant le Général de Gaulle. Ce monument,
qui est national et dont la commune est la gardienne, est érigé à
l’entrée du village sur le square qui porte le nom d’Alsfasser.
René
Thiers, jeune marin de 21 ans, est à bord du
R Casabianca » quand, le 27 novembre 1942, le
sousmarin échappe an sabordage de la flotte à Toulon.
Le
submersible Casabianca a quitté le quai du Mourillon à 5 h 10, le 27
novembre. Le Mourillon est une partie du port de guerre de Toulon où
étaient ancrés les sous-marins qui opéraient en Méditerranée. Une
demi-heure plus tard, nous sommes sortis de la rade de Toulon. Nous
sommes tous follement heureux d'avoir échappé aux griffes des
Allemands. Après que nous soyons restés une journée entière devant
Toulon, en plongée, le commandant L'Herminier décide de rejoindre
l'Afrique du Nord. Nous pouvons, en plongée, recevoir sur cadre des
émissions sur ondes longues ; en surface, nous recevons des émissions
en ondes courtes et moyennes, mais il nous faut émettre pour prévenir
les Alliés que nous allons nous présenter à l'entrée du port d'Alger. L
!émetteur ondes moyennes [... ] est hors-service, mais l'émetteur ondes
courtes est en bon état et le radio de quart le met en route. [...]
Rien ne se passe : il n'y a pas de jus. Nous n'ignorons pas que
l'aviation et les bâtiments de surface ont pour consigne de couler tout
sous-marin douteux et vous devinez facilement quelle est notre
angoisse. Finalement, lorsque nous ferons surface devant Alger, à
proximité des corvettes anglaises, deux hommes bondiront sur le pont et
agiteront un pavillon français en avant du canon. Et nous en serons
quittes avec une bonne peur. Notre traversée aura duré 24 heures. »
in Corse, de la Résistance à la
Libération, CDDP de la
Haute-Corse, 1985, p.39-40.
Capitaine
de Vaisseau L'HERMINIER
CASABIANCA
ISBN
2-7048-0704-3
110,00
F
256 pagesdemi_fichiers/IMG_3728.JPG
Pour
répondre au débarquement anglo-américain le 8 novembre 1942 en Afrique
du Nord, l'armée allemande envahit la zone libre et donne l'assaut à
Toulon. Afin de ne pas tomber aux mains des Allemands, la flotte
française se saborde le 27 novembre 1942. Le Casabianca
s'échappe sous la mitraille pour poursuivre la lutte. C'est le début
d'une glorieuse aventure, très fidèlement relatée par le commandant
L'Herminier en hommage à son équipage. Les missions secrètes sur les
côtes de Corse se succéderont jusqu'à la libération de l'île. Frappée
du sceau de l'héroïsme le plus pur, une des plus belles pages de
l'Histoire de la Marine nationale vient d'être écrite. Jean
L'Herminier, né le 25 janvier 1902 à Fort-de-France, entre à l'Ecole
navale en 1921 et s'oriente dès 1927 vers les sous-marins. Il est fait
chevalier de la Légion d'Honneur à titre exceptionnel en 1932 en raison
de sa belle conduite lors d'une explosion à bord du Persée.
Affecté sur le Sidi-Ferruch en novembre 1940, il doit
interrompre son commandement début 1942 pour raison de santé. Après un
séjour à l'hôpital, il obtient en avril 1942 le commandement du Casabianca,
sous-marin de 1500 tonnes, à bord duquel il s'illustrera.
BANDE ROUGE HORIZONTALE = BÂTIMENT DE GUERRE COULE A
LA
TORPILLE
BANDE BLANCHE HORIZONTALE AVEC DISQUE NOIR = BÂTIMENT
DE
COMMERCE TOUCHE
2 CANONS ENTRECROISES AVEC ÉTOILE ROUGE = BÂTIMENT DE
GUERRE
COULE AU CANON
LES DAGUES = NOMBRE DE MISSIONS SECRÈTES RÉUSSIES
LA CORSE = LIBÉRATION
Un épisode de ma vie raconté sur le site du sous marins CASABIANCA
Pendant les grandes vacances mes parents me payer des cours de maths
et de
français
Le monsieur qui me donnait les cours s'appelait MONSIEUR STELLA
aujourd'hui décède
il était Commandant de réserve et avait fait le débarquement en ITALIE
en
39-45.
J'avais sans doute bien travaillé pendant les années 1961 1962 il
m'offrit
le livre de l'époque bibliothèque verte LE SOUS MARIN CASABIANCA.
Ce Monsieur ne savait pas et même moi je pense que six ans après je
partais
comme engagés volontaire dans la MARINE je servis sur le T47 CASABIANCA
puis
aux sous marins.
Quel étrange coïncidence!!!!!!
retrouve le filleul de Monsieur STELLA et sa Fille marie Thé
mai 2003
42 ans après.....
Monsieur STELLA
Officier sorti du rang, très bien noté à l'école de Vincennes, il a
fait
toutes les campagnes : Tunisie (prisonnier des allemands qui l'ont
remis aux
italiens), Maroc, Italie (Monte Cassino ), France (du débarquement à
Fréjus
jusqu'à Besançon), Autriche occupée. Malgré tous ces services, on ne
lui a
accordé le quatrième galon et la Légion d'Honneur qu'au moment de son
départ
à la retraite.
témoignage de monsieur Stella Jean Claude son Filleul
Casabianca
Date
Incident
Bataille
Lieu
1931
Mis sur cale
-
France
1935
Mise en service
-
France
2 février 1935
Lancé
France, sous-marin, baptisé Casabianca.
France
juin 1940
-
transfert France vichiste.
Maroc
27 novembre 1942
-
Sabordage de Toulon.
Midi de la France
vers le 29 novembre 1942
Capturé
Défection des navires échappés au sabordage
de Toulon, transfert France libre.
Algérie
12 février 1952
Déclassé
-
France
CITATION A L'ORDRE DE
L'ARMÉE DE MER
Communique
par le CC DE SAINT EXUPERIE COMMAND EN SECOND DU CASABIANCA équipage
bleu
(janvier 2002)
ALGER NOVEMBRE 1942
ALGER LE 20 DÉCEMBRE N°132 M
SIGNE DARLAN
ALGER LE 20 DECEMBRE N°135M
SIGNE DARLAN
ALGER LE 5 AOUT 1943
SIGNE GIRAUD
ALGER LE 30 SEPTEMBRE 1943 N°139 EM G 3
ATTRIBUTION DE LA CROIX DE GUERRE AVEC PALME AU CC L'HERMINIER
SIGNE LEMONIER
08 FEVRIER 1944 N° 040 D
SIGNE GIRAUD
ALGER 16 SEPTEMBRE 1944 N° 1.046 EMG/3
LV BELLET ATTRIBUTION DE LA CROIX DE GUERRE AVEC ÉTOILE VERMEIL
SIGNE C.A SOL
Le
11 septembre 1943, le Bataillon commence un long périple pour la
libération de
la France. Un élément de la 38e Compagnie débarque en Corse à 1 heure
du
matin, transporté par le sous-marin Casabianca
Il était exposé à BASTIA
NICE MATIN DU 06-10-2003
Cols Bleus du 13-12-2003 n°2684
EXPOSE DEVANT L'HOTEL DE VILLE DE BASTIA
PHOTOS communique par le Maître Principal de réserve LAUDUIQUE de la
DMD 2
B
Corse matin du 02-08-2004
Corse Matin du 30-09-2004
Le kiosque du "Casabianca" trouve
enfin sa placedéfinitive
en Corse
En
1953, à la demande des anciens combattants, le kiosque de l'illustre
"Casabianca"
avait été conservé alors que le reste du sous-marin était envoyé à la
ferraille.
Placé sur le vieux port de Bastia, des
problèmes
d'entretien avaient obligé la municipalité à le couper. Après 50 années
d'errance sur l'île, les anciens combattants et la ville de Bastia décident
en 2002 de le reforger à l'identique.
En
octobre 2003, le nouveau kiosque est inauguré à Bastia lors de la
cérémonie
du 60`°" anniversaire de la libération de la Corse, en présence du
ministre de la Défense. Michèle Alliot-Marie, des anciens du "Casa",
messieurs Gicquel et Cardot, et d'une délégation de l'équipage bleu du
SNA
"Casabianca".
Mais
le kiosque se trouve alors à un emplacement provisoire. Ce n'est
seulement que
quelques mois plus tard en juillet 2004 qu'il trouve sa place
définitive, face
au monument des martyrs de la libération sur un socle au niveau du port
de
commerce.
Une nouvelle inauguration du kiosque est
prévue le 4 octobre 2004, avec
la pose d'une plaque commémorant les missions du "Casabianca" en
Corse, ainsi qu'un panneau d'informations générales sur l'actuel SNA.
Lettre aux Amis du Casabianca
cols bleus du 27-11-2004
Les recherches historique
menées par le major (er) (ER) Guy Limongi ont conduit la municipalité
de la Ville de Bastia (libérée de l'occupation allemande le 4 octobre
1943) à ériger dans cette localité un monument à la gloire de la
Résistance, en mémoire du célèbre sous-marin Casablanca ayant
participé aux combats libérateurs de l ile.
Ce bâtiment aux ordres du
commandant L'HERMINIER a joué un rôle éminent dans ces combats alors
qu'il effectuait des missions de débarquement d'agents secrets, parmi
lesquels le capitaine de Gendarmerie Colonna d'Istria (alias Césari,
devenu chef de la Résistance insulaire), ainsi que des armes et des
munitions, puis un bataillon de choc, entre Alger et la Corse, pour
armer et soutenir les combattants de la Résistance de l'île.
Un véritable symbole dans
la lutte contre l'oppression.
Désarmé à la fin de la
guerre, ce navire allait finir en Bretagne, au cimetière marin de
Landévenec. En 1953, son kiosque récupéré allait être présenté au Salon
nautique de Paris. Par la suite, le kiosque était ramené en Corse, à
Bastia, où, par périples, il allait se promener dans un entrepôt du
vieux port, puis au musée, et ensuite à la base aérienne de Solenzara !
Le précieux concours de
notre camarade Guy Limongi, ancien marin (ayant actuellement en charge
le protocole de la Ville de Bastia), un « mordu » du travail de mémoire
et friand de découvertes du passé historique de la Corse, a fortement
contribué à la réhabilitation de ce kiosque, reconstitué par l'équipe
qualifiée des ouvriers du Centre technique de la Ville, selon les
éléments récoltés par le gendarme amoureux de l'intrépide sous-marin.
Le 4 octobre 2004, la
cérémonie commémorative du 61 e anniversaire de la
libération de Bastia, à laquelle participaient toutes les hautes
autorités du département, toutes les associations patriotiques avec
leur porte drapeau, allait se poursuivre à l'emplacement définitif du
kiosque du sous-marin Casabianca.
Pour cet hommage
particulier, seront présents sur les lieux le « Pacha » du sous-marin
d'attaque nucléaire, le capitaine de frégate Véran, accompagné d'une
délégation d'officiers mariniers de l'équipage, ainsi que le capitaine
de frégate Berthod, accompagné de marins de la base d'Aspretto.
Un dépôt de gerbe devant
le kiosque a été effectué par M. Zuccarelli, député-maire de la Ville
de Bastia. Puis, c'est à notre camarade Guy Limongi que reviendra
l'honneur de présenter aux assistants l'historique du glorieux
sous-marin.
A savoir que, durant la
guerre de 19391945, ce bâtiment arborait deux pavillons. L'un
tricolore, l'autre, Le Jolly Roger, offert au commandant L'HERMINIER
par l'amiral sir Andrew Cunningham. Ce pavillon de pirate noir, à tête
de mort, présente les sept dagues du sous-marin (missions secrètes
réussies) et ses trois victoires, ainsi que l'île de Corse, dont il a
participé à la libération en 1943.
Jacques BATTISTINI.
L’ESSOR
NUMERO 365 JANVIER 2005
Carte sur souscription 20 fr + port auprès de l'ONARC CORSE DU
SUD MR RACHELLI
pour information DIRECTION DÉPARTEMENTALE DE LA CORSE DU SUD
1 Boulevard Sampiero 20180 AJACCIO Cedex
TEL 0495214281 Fax 0495510667
"La fantastique
odyssée du sous-marin Casabianca"
A
l'initiative de M. Jean-Lucien Rachelli, directeur départemental de l'O.N.A.C de Corse du Sud, une carte
postale sur le
sous-marin Casablanca et ses missions en Corse durant la 2e Guerre
mondiale,
intitulée "La fantastique odyssée du sous-marin Casabianca", a
été réalisée au bénéfice de l'ceuvre nationale du Bleuet de France,
grâce
au concours des associations d'anciens combattants et victimes de
guerre de la
Corse du Sud.
Elle n'est pas
commercialisée. Elle est échangée pour un don minimum.
Comme
la précédente (Borne de Terre Sacrée), elle conjugue étroitement
information historique et action sociale.
Sous-marin
français de 1500 tonnes, le "Casabianca" porte le nom du célèbre héros
corse, mort dans la bataille d'Aboukir (1798), en Egypte, Luce de
Casabianca.
Le
°'Casabianca", commandé par le capitaine de corvette l'Herminier, est
lié
à la libération de la Corse (5 octobre 1943).
Reussissant
à s'échapper
sous
le feu ennemi, de la rade de Toulon, le 27 novembre 1942 et à rallier
Alger, le
sous-marin va effectuer un certain nombre de missions en Corse, dont
les us
importantes ont fait l'objet d'un monument commémoratif en
Corse du Sud
Ainsi dans la baie de
Chiuni, le 14 décembre 1942, il débarque le réseau
giraudiste "Pearl Harbor' du commandant de Saulle.
Le 6 février 1943, il
débarque 450 mitraillettes et
60000 cartouches dans la baie d'Arone (Piana).
Le 13 septembre 1943, à
Ajaccio, il débarque 109
hommes de la 3e compagnie du 1- Bataillon de Choc, aux ordres du
commandant
Gambiez.
Son rôle a donc été
déterminant dans la libération de la
Corse. Aussi, le capitaine de corvette Jean l'Herminier a pu dire : «
Nous
avons rivalisé avec le Cheval de Troie ».
Pour
vous procurer cette carte, vous pouvez contacter : la direction
départementale
de I'O.N.A.C. de Corse du Sud,' 1, boulevard Sampiérô, B.P. 271, 20180
Ajaccio
cedex 1 - Tél. 04 95 2142 81 - Fax : 04 95 5106 67.
La Chartre Devoir de Mémoire
Alger amiral LEMONIER
HOMMAGE AU
CAPITAINE DE VAISSEAU L'HERMINIER
PHOTO
PROVENANT des livres
CAP
SUR LA CORSE CDT LEPOTIER,
TONNERRE
SUR LA CORSE JEAN VICTOR ANGELINI,
LIBERATION
DE LA CORSE,GENERAL GAMBIEZ,
JEAN
L'HERMINIER CDT BLANCHARD.
ce livre m'as été
offert par MONSIEUR SANCHEZ ALBERT ancien QM RADIO sur le delage
ENTRE CIEL ET MER DU CV L'HERMINIER
Editeur/Collection : FRANCE-EMPIRE Année de publication : 1952 Auteur : Cdt Lepotier Prix (€) : 50
Format : 19*14 Pages : 316 Résumé : « Cap sur la Corse " ! Voilà un titre évocateur
!' Il nous rappelle ces heures brûlantes de septembre 1 1943 où une
poignée de soldats, de marins et d'aviateurs s élançaient pour libérer
le premier département français. Une occasion extraordinaire se
présentait : il fallait la saisir Tous les Français ont entendu parler
des épisodes de la libération de l'île : le rush du Fantasque et du
Terrible . apportant à 40 noeuds le fameux bataillon de choc, les raids
successifs des croiseurs et des torpilleurs venant chaque nuit
débarquer leur contingent, les actions audacieuses et efficaces du
maquis et surtout l'extraordinaire odyssée du Casabianca. Très nombreux
sont ceux qui ont lu, sous la plume même du prestigieux l'Herminier,
les aventures étonnantes de ce sous-marin, nouveau cheval de Troie,
dont la coque s'ouvrit une belle nuit, le long des quais d'Ajaccio,
pour laisser s'échapper les roq fantassins qui constituaient la
première avant-garde du corps expéditionnaire français. Mais ces
exploits brillants et pittoresques ne constituent pas toute l'histoire
de la Corse pendant la guerre. Du premier au dernier jour, l'Ile de
Beauté joua un rôle de premier plan. Cette île majestueuse aux. côtes
sauvages, au maquis parfumé, aux vallées silencieuses, vrai paradis
qui paraissait plus destiné au plaisir et au délas-sement des hommes
qu'aux jeux terribles de la guerre, devint soudain, dans ce conflit,
une des grandes positions stratégiques mondiales, une de ces
positions-clés dont la possession assurait un avantage capital à celui
qui la détenait. Pendant la première phase de la guerre, de septembre
1939 à juin r94o, la Corse fut la sentinelle avancée de nos ,lignes de
communication de Méditerranée occidentale. Elle connut ensuite de
nombreuses vicissitudes sous une occupation ennemie de plus de 1-oo.0oo
hommes - chiffre qui témoigne de l'importance que l'Axe attachait à sa
conservation. Libérée, elle se trouva tout d'un coup aux avant-postes
et constitua la plate-forme avancée de l'expédition triomphale de
Provence. C'est l'histoire complète de ce drame à plusieurs actes que
le Capitaine de Vaisseau Lepotier nous présente aujourd'hui. A vrai
dire, l'ouvrage déborde largement de son cadre : il nous fait vivre
tout ce qui advint de 1-939 à 1943 dans cette partie de Méditerranée
comprise entre la Pro vence et l'Afrique du Nord, cette partie de mer
qui nous intéresse tant puisqu'elle est, pour notre pays, une
véritable mer intérieure. Mais l'ouvrage conserve son unité, car il
gravite autour d'un personnage central : la Corse.
EXTRAIT DU RÔLE D'ÉQUIPAGE DES "PATROUILLES DE
L'OCÉAN
ANNÉE 1943
LISTE DU PERSONNEL EMBARQUE A BORD DU SOUS
MARIN "CASABIANCA"
EN 1943
Communique
par
le CC DE SAINT EXUPERIE COMMANDANT EN SECOND DU CASABIANCA équipage
bleu (janvier
2002)
ÉTAT-MAJOR
Bonjour à tous,
Voici le mail que nous a transmis JP
TROUBOUL concernant la tombe du Commandant l’Herminier.
Et la réponse que nous avons faite à cette
personne.
Bonjour,
Nous
sommes l’Amicale AGASM CASABIANCA des Bouches du Rhône et Jean-Pierre
Trouboul nous a transmis votre message concernant la sépulture de Jean
l’Herminier au cimetière de Batignolles. Nous vous remercions de lui
avoir rendu visite et honoré sa tombe en la fleurissant en ce jour du
27 novembre date de l’évasion du Casabianca. Pour notre part, ce jour
là nous étions à Toulon au Monument des Sous-mariniers afin de lui
rendre hommage ainsi qu’à ses compagnons, Héros de ce 27 novembre.
Bien
sûr nous avons également eu une pensée pour tous ceux qui portent haut
les couleurs de la France et sacrifient leur vie pour préserver notre
liberté.
Il
est en effet bien triste de voir que la tombe de ce Grand’ Homme est
abandonnée en ce jour de commémoration. Nous allons diffuser votre
Message
à tous nos Adhérents en espérant que lors de leur passage dans votre
région, il s’en trouvera quelques uns qui feront un petit détour au
cimetière des Batignolles. Ce que nous ne manquerons pas de faire si
l’occasion se présentait.
Nous avons
l’immense tristesse de vous faire part du décès de notre adhérent et
ami Maurice PRALY ancien du Casabianca à bord de 1942 à 1945, titulaire
de la légion d’honneur, de la médaille militaire, officier ONM, Croix
de guerre, croix du combattant volontaire, médaille des évadés et croix
du combattant volontaire de la résistance.
Ses
obsèques auront lieu le Mardi 5 mars à l’Eglise des Carmes à AVIGNON.
La Section
CASABIANCA y sera représentée par le Bureau avec le Porte-drapeau et
tous ceux qui voudront ou pourront se joindre à nous.
Les obsèques de notre ami
Louis GICQUEL auront lieu le mercredi 13 mars à 10 h en l'église de Montéty 11
boulevard commandant Nicolas, à proximité de la gare SNCF suivis de
l'inhumation au cimetière central de
TOULON.
Le corps de Louis GICQUEL
sera exposé à la maison funéraire de Brunet - 1429 avenue Colonel Picot
à partir du dimanche 10 mars après-midi.
QM
MECANICIEN Il
a servi sous les ordres des commandants L'Herminier et Bellet à bord du
sous-mariCasabianca, du 01/03/1943 au 01/06/1945
3931
B 37
« Un exemple de courage et
d’abnégation qui marquera à tout jamais les hommes de l’ombre ». C’est
avec beaucoup de solennité et de déférence qu’une délégation du
Sous-marin Nucléaire d’Attaque Casabianca s’est rendue à l’inhumation
au cimetière de Toulon de Monsieur Louis Gicquel mercredi 13 mars.
Quartier-maître électricien, Louis Gicquel faisait partie de l’équipage
du sous-marin « Casabianca » qui refusant de se saborder en 1942 s’est
évadé pour rejoindre les Forces françaises libres en Afrique du Nord.
Pendant plus de 6 ans, toujours à bord de ce sous-marin commandé par le
charismatique commandant L’Herminier, il a écumé la Méditerranée
œuvrant à la reconquête du territoire français. La semaine précédente,
l’équipage du Sous-marin nucléaire d’Attaque « Casabianca » avait
assisté à l’inhumation d’un ancien compagnon d’armes de Louis Gicquel,
Maurice Praly, au cimetière Saint-Véran en Avignon. Engagé à 17 ans, il
avait consigné ses impressions dans un petit carnet. Le commandant
L’Herminier saluait alors « son patriotisme fanatique, sa valeur et son
mépris du danger ». Avec ces deux disparitions, c’est une page héroïque
de l’histoire de la Seconde guerre mondiale se tourne. — « Un exemple de courage et d’abnégation (2
photos)
Maurice Praly s’est éteint à l’âge de 91 ans. Il était l’un des
tout deniers survivants de l’épisode historique du 27 novembre
1942 : il
était alors embarqué sur le Casabianca, le seul bateau qui avait pu
échapper
au sabordage de la flotte en rade de Toulon. Il s’était engagé à 17 ans
en
1938, sur le croiseur la Marseillaise comme quartier-maître mécanicien,
avant
d’être affecté sur le « Casa » ; et chaque jour de la guerre il avait
consigné ses impressions dans un petit carnet ; le commandant Jean
Lherminier
saluait alors « son patriotisme fanatique, sa valeur et son mépris du
danger
».
Après la guerre, Maurice Praly était devenu comptable-maison chez
Michel-électricité,
route de Morières, puis chez Barthélémy à Orange, où ses qualités lui
avaient valu estime et respect. Marin dans l’âme, Maurice Praly avait
animé
pendant plusieurs années la PMM (Préparation Militaire Marine)
d’Avignon –
qui porte le nom de Casabianca -, il avait présidé l’Association des
Anciens
marins d’Avignon, et participait activement à toutes les manifestations
de la
Marine nationale, accompagné de son épouse Mauricette et de son fils
Robert ;
il avait également une fille, 4 petits-enfants et des
arrière-petits-enfants.
Maurice Praly a été fait chevalier de l’ordre national de la Légion
d’honneur le 17 juin 1984 ; il était également décoré de la
médaille
militaire et de l’ordre national du Mérite.
La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 5 mars à 15h en
l’église des Carmes d’Avignon, et sera suivie de l’inhumation au
cimetière
Saint-Véran.
Voici 3 photos : une à Ajaccio avec
Jean Serazin ( le DMD était Alain Mie) la seconde à Calvi, la troisième
étant les signataires du bataillon de choc de la photo de "leur" sous -
marin.
Et il s'en rappelait. C'était pour le
60 ème anniversaire de la libération de la Corse, il était alors ancien
du bataillon bien entendu et vice président national des anciens
combattants avec le général Glavany.
Je devrai voir ce dernier lundi
prochain à Paris pour les obsèques. Les honneurs militaires lui seront
rendus.
Les obsèques du dernier survivant du sous-marin Casabianca ont eu lieu
ce matin en l'église du Prado à Cannes. Il s'appelait Pierre
Favreau. Du Casabianca, l'Histoire retient sa fuite de Toulon
après le sabordage de la flotte française le 27 novembre 1942.
Pierre Favreau, l’équipage du sous-marin de 1500 tonnes Casabianca
commandé par L’Herminier puis Bellet est désormais au complet. Vous les
avez rejoints, tous ceux dont vous nous parliez si souvent, tous ceux
qui animaient votre vie ces dernières décennies.
Pierre Favreau, avec votre départ, pour nous, l’histoire du Casabianca
se termine, et c’est la légende du Casabianca qui commence : celle d’un
équipage exceptionnel qui a accompli des opérations exceptionnelles.
Pour n’en citer que quelques-unes :
- L’évasion du port de Toulon le 27 novembre 1942 en
forçant le blocus.
- Les multiples débarquements de matériel et de
personnels en Corse et le long des côtes métropolitaines. Votre plus
grande fierté était qu’aucune de vos caches n’ait été découverte, que
toutes les livraisons aient été récupérées par le maquis.
- Le premier débarquement en Corse avec 109 hommes du
bataillon de choc le 13 septembre 1943.
- Une attaque à la torpille en marche arrière, et
bien d’autres encore.
Pierre Favreau, vous nous avez montré que l’esprit d’équipage peut
faire s’exprimer ce qu’il y a de meilleur en chacun de nous : la
volonté d’accomplir de grandes choses, la persévérance de continuer
malgré les obstacles, le courage d’affronter la mort s’il le fallait :
- Vous avez trompé le contrôle de la convention
d’armistice sur les réserves en gasoil pour être prêts.
- Tout l’équipage, sans exception, est allé voir son
commandant pour exprimer la volonté de ne pas se saborder. L’Herminier
confie en avoir été ému.
- Dès votre arrivée en Algérie, vous vous êtes tous
portés volontaires pour les missions les plus risquées de renseignement
près des côtes métropolitaines et de Corse.
- Lors de vos infiltrations, vous restiez des heures
en plongée, tapis sur le fond, dans des conditions d’insalubrité
difficiles et au bord de l’asphyxie.
Pierre Favreau, par-dessus tout, vous souhaitiez que l’esprit du
Casabianca perdure. Pour reprendre vos mots « A bord c’était tous pour
un et un pour tous. On avait un esprit d’équipe extraordinaire. On a eu
des coups durs mais on est tous restés ensemble pendant trois ans. »
Sachez que le relais est transmis, que cette flamme continue d’animer
les sous-mariniers.
Pierre Favreau, je sais que les derniers mots du Casabianca que vous
auriez aimé entendre sont ceux de notre devise, ceux que tous les
marins du Casabianca ici présents vous diront lorsqu’ils s’inclineront
devant vous tout à l’heure :
« in bello leones, in pace columbae ».
Repose en paix.
Le 23 août 2014
Capitaine de Frégate Alexandre TACHON
Commandant le
sous-marin nucléaire d’attaque
« CASABIANCA »
équipage bleu.
Le
8 février 2015 à 15h, le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA)Casabiancaa
procédé à l’immersion des cendres de M. Pierre Favreau depuis sa plage
arrière à l’issue d’une dernière plongée à 300 mètres conformément à la
volonté de ce dernier.
Décédé le 23 août 2014 à l’âge de 89 ans,
M. Favreau était le dernier survivant de l’héroïque équipage du
sous-marinCasabiancade
classe 1500T à bord duquel il servit de 1942 à 1945 comme opérateur
radio, sous les ordres des commandants l’Herminier puis Bellet. Il a
ainsi participé à 6 des 7 citations obtenues par ce bâtiment.
Il
est resté un témoin extrêmement passionné et présent de cette époque,
en ayant participé à toutes les cérémonies et commémorations ayant
trait auCasabianca.
M.
Favreau était chevalier de la légion d’honneur, décoré de la
médaille militaire, de la croix de guerre, de la médaille des
évadés, de la croix du combattant volontaire, de la croix du combattant
volontaire de la résistance extra métropolitaine, de la médaille
commémorative 39/45, de la médaille coloniale, de la médaille du mérite
de l’Afrique noire, de la médaille de reconnaissance de la nation et du
droit au port individuel de la fourragère aux couleurs de la médaille
militaire.
Source :
Marine nationale Crédits :
Y.Jonqueres/Marine na
De notre adhérent et ami David Diavorini le document d’un
dernier hommage à Pierre Favreau que nous avons eu l’honneur de côtoyer.
Subject: Immersion des cendres de M. Favreau -
Extrait Cols Bleus
Immersion
des cendres de M. Favreau
Le
8 février 2015 à 15h, le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Casabianca
a procédé à l’immersion des cendres de M. Pierre Favreau depuis sa
plage arrière à l’issue d’une dernière plongée à 300 mètres
conformément à la volonté de ce dernier.
Décédé
le 23 août 2014 à l’âge de 89 ans, M. Favreau était le dernier
survivant de l’héroïque équipage du sous-marin Casabianca de
classe 1500T à bord duquel il servit de 1942 à 1945 comme opérateur
radio, sous les ordres des commandants l’Herminier puis Bellet. Il a
ainsi participé à 6 des 7 citations obtenues par ce bâtiment.
Il
est resté un témoin extrêmement passionné et présent de cette époque,
en ayant participé à toutes les cérémonies et commémorations ayant
trait au Casabianca.
M.
Favreau était chevalier de la légion d’honneur, décoré de la médaille
militaire, de la croix de guerre, de la médaille des évadés, de la
croix du combattant volontaire, de la croix du combattant volontaire de
la résistance extra métropolitaine, de la médaille commémorative 39/45,
de la médaille coloniale, de la médaille du mérite de l’Afrique noire,
de la médaille de reconnaissance de la nation et du droit au port
individuel de la fourragère aux couleurs de la médaille militaire.
Casabianca
: la fin d’une histoire, le début d’une légende
Casabianca
: la fin d’une histoire, le début d’une légende
Le
23 août 2014 s’est éteint le dernier membre de l’équipage du sous-marin
de la classe 1500 tonnes Casabianca. Sous les ordres successifs
des commandants Sacaze, L’Herminier et Bellet, il a mené des actions
décisives au cours de la Seconde Guerre mondiale, en particulier pour
libérer la Corse. Avec 7 citations et le port de la fourragère rouge,
il s’est imposé comme le symbole de l’état d’esprit et de la
combativité des sous-mariniers.
Le
sous-marin Casabianca de la classe 1500 tonnes
Le
sous-marin est lancé en 1935 et porte le nom du capitaine de vaisseau
Luce de Casabianca. Ce dernier avait servi sous les ordres de Napoléon,
en particulier lors de la bataille d’Aboukir en 1798 où il est
mortellement blessé aux côtés de son fils.
Le
sous-marin Casabianca s’illustre dès le début de la Seconde
Guerre mondiale, sous les ordres du capitaine de corvette Sacaze. Il
obtient sa première citation dans les fjords de la mer du Nord dès 1940.
En
1942, le capitaine de corvette L’Herminier prend le commandement. Il
s’attache à développer les compétences de son équipage : entraînements
incessants, sorties de cohésion dans les collines, répétition des
gestes dans le noir absolu. Surtout, avec son équipage, il met au point
des astuces pour tromper la convention d’armistice sur les réserves en
gasoil. Malgré les inspections, les caisses se remplissent.
Puis
l’Allemagne envahit la zone libre. Elle souhaite s’emparer de la flotte
française basée à Toulon et entre dans l’arsenal le 27 novembre 1942.
Mais les sous-marins Vénus, Casabianca, Marsouin,
Iris et Glorieux appareillent en moins de 5
minutes. Certains réussissent à s’échapper, d’autres non. Le Casabianca
obtient sa deuxième citation.
Dès
son accostage à Alger, le commandant L’Herminier se rend à l’amirauté
faire part du désir de son équipage de repartir au combat. Moins de
deux semaines plus tard, il appareille pour débarquer quatre agents de
renseignement en Corse.
Les
missions spéciales se succèdent en Provence et en Corse, en particulier
pour cacher des munitions au profit de la Résistance. Chaque opération
suit le même schéma : une approche de nuit, une journée passée posé sur
le fond dans des conditions d’insalubrité difficiles et au bord de
l’asphyxie, un retour en surface la nuit suivante pour transborder
rapidement et dans le plus grand silence des caisses d’armes. La plus
grande fierté de tout l’équipage est sans aucun doute que toutes les
livraisons aient été récupérées par le maquis.
Les
résultats forcent l’admiration : 35 tonnes débarquées au total. Trois
nouvelles citations viennent le récompenser. Les britanniques lui
attribuent le pavillon Joly Roger à tête de mort, offert uniquement aux
sous-marins les plus méritants. Mais le Casabianca ne s’arrête pas là
et, le 23 septembre 1943, il débarque 109 hommes du bataillon de choc à
Ajaccio. Il devient ainsi l’auteur du premier débarquement d’une force
de libération sur le sol de France, qui plus est entièrement française.
Le
second maître radio Pierre Favreau
A
17 ans, Pierre Favreau s’engage dans la marine. Après sa formation de
radiotélégraphiste, il rejoint le sous-marin Glorieux en océan
Indien pour des missions de soutien. Les conditions sont déjà rudes :
chaleur et hygrométrie importantes, douches impossibles, nourriture
stockée dans des conditions douteuses. Mais cette arme lui plaît et, en
1942, il est affecté sur le Casabianca.
A
bord, il découvre un esprit d’équipage hors du commun. C’est d’ailleurs
tout l’équipage sans exception qui décide d’aller voir le commandant
pour lui affirmer sa volonté de ne pas se saborder. L’Herminier en sera
particulièrement ému.
Au-delà
de l’échappée du port de Toulon, cet esprit d’équipage leur permet
d’affronter les plus grands dangers : les journées à plus de 60
grenadages, dépasser l’immersion maximale avec plus de 45° d’assiette à
descendre, attaquer à la torpille en marche arrière, naviguer en
plongée par des fonds de 35 mètres. Pierre Favreau le disait lui-même «
À bord c’était tous pour un et un pour tous. On avait un esprit
d’équipe extraordinaire. On a eu des coups durs mais on est tous restés
ensemble pendant trois ans. »
Après
la démobilisation, l’équipage reste uni et fonde l’amicale des anciens
du Casabianca. Pierre Favreau en est l’un des plus ardents
artisans. Il est présent, avec les AGASM, à toutes les cérémonies. Il
remet les fourragères aux nouveaux embarqués et nous fait vibrer à
chacun de ses récits. Il était devenu un membre de notre équipage.
Avec
sa disparition, l’histoire du Casabianca ne peut plus être
racontée. Désormais, c’est la légende du Casabianca qui nous
sera contée : celle d’un équipage composé d’hommes ordinaires mais qui,
ensemble, ont su former un équipage extraordinaire.
Un
symbole pour les forces sous-marines
Le
Casabianca est devenu un symbole fort des forces
sous-marines. Il porte les valeurs qui nous caractérisent. D’ailleurs,
L’Herminier écrivait « l’équipage d’un sous-marin a une vie commune,
court des risques communs, partage une gloire commune, et si l’heure
sonne, trouve une mort commune. »
Preuve
en est la date du 27 novembre choisie comme journée du sous-marinier.
Comme un clin d’œil pour rappeler qu’il n’y a pas de fatalité,
qu’aucune défaite n’est définitive.
Son
patrimoine et ses traditions sont donc importants et forment un
formidable levier de cohésion et de motivation pour les équipages
actuels qui se veulent à la hauteur de leurs anciens. Tous ont
d’ailleurs un objectif commun : « que les valeurs qui nous animent
puissent continuer à se transmettre grâce à un cinquième Barracuda qui
serait baptisé Casabianca, afin que perdure encore pour
longtemps notre devise « In Bello Leones, In Pace Columbae ».
Cordialement,
Bonsoir
Monsieur VENTURA,
Je vous adresse, ainsi qu'à Monsieur Joël MAINGUY, les différents
documents concernant la carrière militaire de mon père ANGE LEHON.
Vous trouverez ci-joint différentes photos de l'équipage
du Casabianca, ainsi que l'article Ouest-France concernant sa
remise de la légion d'honneur.
Pour compléter cet article, mais c'est une autre histoire; mon père a
terminé sa carrière militaire en 1960 à bord de l'escorteur d'escadre
Vauquelin.
Le 29 février 1960, alors que l'escadre venait d'arriver aux Canaries,
survint le tremblement de terre d'Agadir.
A l'annonce de cette terrible nouvelle, l'escadre fit cap aussitôt sur
Agadir.
Le Vauquelin fut dans les premiers à être sur place au soir du 1er
mars pour constater les dégâts, et, venir en aide aux sinistrés. Ce fut
une mission humanitaire, mais pour ce désastre, la folie des hommes
n'en était pas la cause.
Son numéro de matricule: 3931 B 37
Pièces jointes:
- article Ouest-France avec photos remise légion d'honneur
- photo groupe de 13 sur le Casabianca (mon père est le 5ème en partant
de la droite)
- photo kiosque
- photo équipage
- groupe de 8 photos (format 25x20) sur le commandant L'Herminier
- photos du mariage d'un membre de l'équipage à Philadelphie pendant
la période de réparation du 02/08/1944 au 30/03/1945. (Mon père était
"garçon d'honneur")
2 Anciens de l'équipage l'or d'une conférence ANARC à Porticcio le
16
avril 2004
De
l'échappée du Casabianca de Toulon, son camarade matelot du
Casabianca Jean Couturier raconte dans sonjournal
de bord:
"5h05,
alerte au Klaxon ; ennemi sur les quais ; mitraillage ; sans perdre de
temps, j'ordonne : Larguez partout ! . 5h10 dépasse la Vénus prise dans
un élément de la panne. 5h 25: devant un filet anti-sous marin ; le
patron du remorqueur refuse d'ouvrir (Nota : Effectivement, l'entrée du
port de Toulon est interdite par un filet actionné à partir d'un
remorqueur) ; bombe ; le remorqueur commence à ouvrir la porte. 5h30 :
barrage incomplètement ouvert ; franchi le barrage ; trois avions
mouillent les mines par parachute à 100 mètres par babord avant ;
plongée ; 5h 40 : route au 100 ; explosion de mines, diverses avaries
intérieures".Source
"L'épopée du Casabianca "
Se
heurte aux patrouilleurs anglais
Le
"Casa" ne sera plus rattrapé, malgré le feu ennemi.Il fait route
plein sud. Il atteint Alger sain et sauf, mais n'ayant pu
s'identifier, se heurte aux patrouilleurs Anglais, qui
menacent de l'envoyer par le fond. L'équipage ne devra son salut
qu'à unmessage en morseenvoyé grâce au projecteur
situé à l'avant du submersible : "Casabianca. Sous marin Français.
Casabianca"...
Le
sous-marin va participer quelques mois plus tard à la libération de la
Corse.
Source
: Ministère de la Défense (ECPAD):
Le film évoque en fil conducteur le parcours du commandant de l’unité, le
capitaine de frégate Jean L’Herminierqui,
après de multiples périples, parvint à gagner l’Afrique du Nord en
trompant la surveillance des Allemands à Toulon lors du sabordage de la
flotte.
Amputé
des deux jambes suite à un mal implacable, le commandant L’Herminier
est décoré de la cravate de commandeur de la Légion d’honneur par le
général de Gaulle sur son lit d’hôpital.
Quelques
semaines plus tôt, le commandant L’Herminier se trouvait encore à bord
du sous-marin pour un exercice d’alerte : les hommes sont mobilisés, le
sous-marin quitte la surface et s’enfonce dans la mer. Au périscope, le
commandant observe le navire ennemi, puis, le danger passé, le
sous-marin peut refaire surface. La manœuvre terminée, on hisse le
pavillon pirate à tête de mort et sept glaives, témoignage des sept
grandes missions déjà réussies.
LE CASABIANCA A ALGER APRÈS SON ÉVASION DE TOULON
(ECPA)
l'affût double de mitrailleuses 13.2 mm HOTCHKISSS
A L'INTÉRIEUR DE LA COQUE ÉPAISSE LES COUPLES
SONT PARTICULIÈREMENT VISIBLE
LE POSTE ÉQUIPAGE
ACCOSTAGE A BREST DÉBUT 1940 AU PREMIER PLAN LE
JUMEAU LE SFAX
LES MOTEURS DIESELS
CORVÉE DE PATATES AU FOND LE RAVITAILLEUR DE SOUS
MARINS JULES VERNE
COMMÉMORATION DU 204éme ANNIVERSAIRE DE LA
BATAILLE
D'ABOUKIR
cols bleus n° 2651 du 08-03-2003
1798
La flotte française détruite à Aboukir
En rade d'Aboukir (Egypte), la flotte française commandée par l'amiral
Brueys d'Aigaïlliers est battue par la flotte britannique sous les
ordres de l'amiral Nelson. Seuls quatre vaisseaux sur une vingtaine
réussissent à s'échapper. La flotte française venait de débarquer en
Egypte le corps expéditionnaire du général Napoléon Bonaparte. Celui-ci
est alors bloqué en Egypte et rentrera secrètement en France un an plus
tard.
Le capitaine de vaisseau
Luce de Casablanca (07/02/1762 -
01/08/1798)
ou la tragédie de l'« Orient »
Luce de Casablanca,
capitaine de vaisseau, est né à Vescovato (chef-lieu du canton de la
Casinca, près de Bastia) le 7 février 1762.
Issu d'une famille de
militaires, de petite noblesse, aux idées favorables à la France, il
fit ses premiers pas d'écolier au couvent des Capucins du village.
Puis il entra successivement au collège de Guilly en 1771, au collège
militaire royal de la Flèche (1772-1775), au collège royal de Paris
(1775) et à celui d'Effiat (1776-1778).
A la sortie d'Effiat,
Luce est orienté vers l'école royale de la marine, à Toulon
(1778-1779). Il en sort aspirant garde de la marine, attaché à la
compagnie des gardes du pavillon amiral. A l'âge de 17 ans, il
embarque de Toulon pour effectuer plusieurs missions à bord de la
frégate « La Gracieuse » (27 avril 1779 - 21 mars 1780), la frégate «
Le Terrible » (2 juin 1780 - 2 mars 1781) et du vaisseau « Le Zélé»
pour la guerre d'indépendance de l'Amérique (2 mars 1781 - 1-janvier
1783).
Il sert ensuite sur la
corvette « La Brune » (18 mai 1784 - 24 août 1784), la frégate « La
Réunion » (17 avril 1787 - 7 janvier 1788), le brick « L'Alerte » (18
janvier 1788 - 23 février 1788) et la frégate « Lalceste » (13 juillet
1789 - 20 octobre 1790).
Entre temps, il s'était
marié à Vescovato en 1784 avec Félice Raffali. De cette union,
naissaient Faustina (1785) et Giocante (1787).
Attiré par les idées
nouvelles de la Révolution, Luce va entreprendre une carrière politique
qui débutera à Toulon. Il s'inscrit au club des Jacobins, créé à
Toulon le 18 janvier 1790. Le 14 mars 1792, il obtient le fameux
certificat de civisme (n° 638). Il est élu député à la Convention et
siège sur les bancs de la « Montagne ». Il est membre de la
commission de la marine. De tempérament calme, modéré dans sesactes,
il ne votera pas la mort du roi Louis XVI.
Il accède au grade de
capitaine de vaisseau le 1 -janvier 1793, mais sa tiédeur politique
n'est pas de mise dans les rangs des extrémistes. Aussi sera-t-il
exclu du club des Jacobins. Cela ne l'empêchera pas d'être élu au
Conseil des cinqcents sous le Directoire, jusqu'au 20 avril 1798. II
écrira un Mémoire remarquable sur la restructuration de la marine.
Quelque peu déçu de la
vie publique, Luce demande sa réintégration dans son corps d'origine,
la marine.
Le 19 mai 1798, il se
trouve à bord de « L'Orient », vaisseau amiral de l'escadre qui
participe à l'expédition d'Égypte. Après la mort de - l'amiral Brueys
(commandant l'escadre) à son poste de commandement, Luce est amené à
prendre la direction de « LOrient ». Le superbe vaisseau
amiral, fier de ses centvingt canons étagés sur trois ponts, pris en
tenaille par cinq vaisseaux anglais, explose dans un fracas
épouvantable en rade d'Aboukir.
Luce, mortellement
blessé, et son fils Giocante, mousse âgé de 11 ans, refusant
d'abandonner le vaisseau, périssent tous deux noyés le 1- août 1798 à
vingt-deux heures trente.
Six bâtiments de la marine française ont
porté et portent encore le nom « Casabianca », notamment le sous-marin
qui, le 27 novembre 1942, refusa le sabordage de la flotte, s'enfuit
de Toulon' et gagna Alger par la suite. Il- effectua de
nombreuses missions en Corse et participa grandement à la libération
de i'Île en septembre-octobre 1943.
Michel MICAELLI.
La CHARTE Devoir de Mémoire
La maison
des CASABIANCA date du XVIII siècle. Au coeur du village, elle témoigne
de l’histoire d’une grande famille.
En
médaillon le buste de Luce de CASABIANCA exposé au musée de la marine à
Toulon
VESCOVATO N’OUBLIE PAS SES HÉROS
Regarder
la bataille d’ABOUKIR – 1 AOÛT
1798 – depuis ce village de Haute Corse,c’est se transformer en
compagnon
de
la mer du capitaine de vaisseau LUCE de CASABIANCAet son fils Giocante,
« mousse de bonne volonté ».
Embarquement
immédiat sur « l’ORIENT »,grâce au récit d’une saisissante
vivacité de Michel Micaelli.
Luce et son fils
Giocante de CASABIANCA sont des présences a mie s pour les Bastiais aux yeux desquels
ils incarnent
une rue et un
lycée du centre ville. Mais
finalement, la mémoire collective
insulaire continue à ignorer l'essentiel,
des
errances maritimes
conquérantes et exploratrices,
des enchaînements de périls
pleins de beaux gestes
et
de nobles couleurs,un
destin commun de
va-t-en-guerre à la fois époustouflant
et tragique tandis que
l'histoire
déferle au large d'Aboukir.
Sur fond d'expédition d'Égypte
menée par Bonaparte.
300 voiles...
Vescovato, en revanche ouvre des brèches pour
laisser s'épancher la mémoire
des événements.
Le village de
Casinca s'attache à entretenir la
flamme de ses enfants, Luce et Giocante, à travers messes, plaques et stèles
commémoratives.
De quoi nourrir l'esprit vagabond de certains de ses
habitants, comme Michel
Micaelli.
Au lieu de
s'abandonner à une nostalgique admiration, l'homme a
entrepris de poser des questions, de
fouiller archives,
documents divers,
pary débusquer quelques éclats
de vie encore tièdes.
Ainsi, au rythme d'une recherche rigoureuse, il
éclaire les visages dessine les
silhouettes, de Luce et de Giocante.
De lointaines,
voici qu'elles
se rapprochent. Quelques phrases, d'une
saisissante densité, suffisent à
faire surgir la chaleur
et l'émotion et à nous transporter dans une autre époque. La mer est calme ce 1 er août 1798 dans la baie d'Aboukir.
Michel
Micaelli raconte « En l’espace d’un mois, l’escadre française,
commandée par l’Amiral Brueys s’est installée en position
de
combat dans la
baie. La solution du mouillage à l’ancre, navires
amarrés les uns à coté des autres a été retenue . »
«C'est Nelson ! »
L'armada
française - trois cents voiles - à l'allure
puissante, infaillible, semble
atteinte d'un soudain accès de
langueur.
C'est le calme accablant
qui tombe du ciel chauffé à blanc par le soleil égyptien. Autour
de 13 heures,
les matelots de garde
distinguent une douzaine de
voiles. La menace se mêle à la
contemplation de l'horizon.
Les esprits
français sont en proie à une
agitation irrépressible.
Michel Micaelli
poursuit : « Nelson, c'est Nelson ! s'exclame - ton. Cette fois
l'amiral anglais tient sa proie.
Sur le champ, il a
conçu sa manoeuvre
d'encerclement 11 portera son
effort sur l'avant garde
française. »
Le
choc est terrible. Chaque coup de canon britannique apporte son lot de pertes
humaines et matérielles côté français.
La
férocité du combat est croissante,
la supériorité des vaisseaux
anglais écrasante.
Bientôt le navire
amiral, l'Orient - cent vingt canons
répartis sur trois ponts - est touché.
Michel Micaelli reprend :
« De nombreux officiers français.
sont blessés. Parmi eux, l'amiral
Brueys, à bord de l'Orient est
grièvement atteint à la main et à la tête.
Un boulet lui arrache la cuissegauche il meurt peu après
dans d'horribles souffrances à son poste de
commandement »
Amour filial
Désormais, c'est
le capitaine de vaisseau, Luce de
CASABIANCA, 36 ans, plein
d'audace et de panache, qui à la charge de
l'Orient.
Pour quelques heures à
peine. « Cinq vaisseaux
ennemis ont pris pour cible
l'Orient Ils le canonnent sans relâche »,
développe Michel Micaelli et d'ajouter : « Jusqu'à sa destruction. Luce est blessé à son tour. L'Orient est pulvérisé.
Les flammes se dressent et virevoltent comme des serpents survoltés. »
A un peu plus de
22h, la décision est prise
d'abandonner le navire. Le récit remue,
et avec une sobriété captivante reconstitue le puzzle
des derniers
instants de Luce et de son
fils. Une sauvage énergie irradie
les scènes surgies des tréfonds de la mémoire.
Le conteur nous entraîne dans un
univers brutal où l'on se déchire et s’anéantit.
Il reprend
dans une inspiration romanesque
: « Luce de CASABIANCA et son fils Giocante, tout jeune mousse
de onze ans
refusent
de quitter leur poste. Autour
d'eux plusieurs marins
grillent comme des torches. Certains s'agrippent aux mâts,
d'autres aux pièces de bois dispersées sur l'eau. Ils s'affaiblissent et disparaissent les uns après les autres.
Luce exhorte alors son fils. 'saute, sauve-toi. Il est encore temps'. Peine perdue. Giocante refuse.
Une seule pensée l'assaille, son père, qu'il étreint dans un ultime élan d'amour filial. »
Ils ne se
lâcheront plus.
L héroïsme naît dans leur résignation, dans le
bruit et la fureur.
Michel Micaelli
continue : « L’Orient vole en éclat
Luce et son jeune fils Giocante
disparaissent dans les flots, engloutis à
jamais.
Face à un
désastre d'une telle
ampleur, en signe de respect de deuil,
les combats cessent le feu.
Les visages des
survivants
trahissent une profonde émotion. Luce et
Giocante, « mousse de bonne volonté selonles termes
du livre de bord de
l'Orient entrent dans la légende
des grandes figures de l'histoire. Leur sens aigu de l'honneur et du
devoir les a
menés jusqu'au sacrifice.
Il était 22 heures 30, ce ter août
1798 à Aboukir. »
Talleyrand le sait
: « Il y a quelque chose
d'inexplicable dans cette horrible
affaire. »
VERONIQUE
EMMANUELLI
Magazine Corse
matin du 02-09-2005
Luce
et Giocante de Casabianca racontés depuis Vescovato
3
min
Au
village aussi, on s’attache à perpétuer le souvenir du héros d’Aboukir
et de son fils.
Des
années durant, Michel Micaelli, enseignant à la retraite originaire du
village en Casinca , s’est attaché à réunir des éléments biographiques
concernant le "héros d’Aboukir" et son fils. Un travail qui donne lieu
à un livre
Michel
Micaelli, enseignant à la retraite originaire de Vescovato, ne pouvait
pas passer à côté de Luce de Casabianca et de son fils Giocante, morts
dans la nuit du 1erau 2 août
1798 lors de la bataille d’Aboukir. C’est une question de conviction
mais aussi d’affinités territoriales. On ressent plus d’émotion et plus
d’intérêt face aux grands hommes de son village.
Alors,
on est proche par nature. Au fil des années, le lien sera renforcé par
un travail de recherche. Le retraité procède en passionné d’histoire.
Il prend plaisir à explorer les archives, articles de presse, ouvrages
et autres publications concernant l’existence de Luce de Casabianca. Sa
posture est celle d’un passeur de mémoire. Il y a le désir que quelque
chose survive et soit transmis."L’intérêt
est de sensibiliser à la connaissance historique touchant notre
village, de susciter l’envie d’en savoir toujours un peu plus sur la
vie de nos valeureux ancêtres, en l’occurrence Luce et Giocante, et
d’en perpétuer le souvenir. Tous ceux qui constituent notre patrimoine
culturel méritent d’ailleurs la même sollicitude. Leur biographie reste
à construire", assure-t-il.
Auprès des élèves
Un
autre constat éveille sa réflexion."Plusieurs
décennies durant, j’ai animé une amicale de Corses sur le Continent,
avant d’en assurer la présidence. Lors des échanges au sein de cette
structure ou bien avec d’autres, le nom de Casabianca n’a jamais été
évoqué. Celui de Bonaparte, en revanche, selon les circonstances, est
revenu dans le discours à plusieurs reprises", se souvient-il .
Son engagement le mènera au début des années 2000 auprès des élèves de
l’école de Vescovato village. Il intervient, alors, en tant que
conseiller pédagogique. Cette fois, l’exercice consiste à remettre en
scène Luce et Giocante à travers une exposition. La municipalité
accompagne, également, le projet. Les enfants se prennent au jeu."Ils se montrent très attentifs. Ils
avaient soif de connaissances historiques. Leur travail remportera un
véritable succès", raconte-t-il.
En
2002 aussi, le village rend un émouvant hommage au héros d’Aboukir et à
son fils. Michel Micaelli n’en restera pas là."Un
élan était donné. L’idée d’une étude documentée et abondamment
illustrée a germé peu à peu. Alors, j’ai entrepris d’élaborer un récit."Le
parti pris correspond désormais à la parution du livreLuce
et Giocante de Casabianca. Ils sont le fils et le petit-fils de
Jean-Quilico Casabianca,"un fervent
partisan de Pascal Paoli".
Son
dévouement à l’égard du Babbu lui vaudra le titre de"membre
du conseil suprême de la nation", un rôle de confident et d’une
certaine manière de porte-parole.
C’est
Jean-Quilico qui sera chargé d’éclairer la lanterne de James Boswell,
l’écrivain journaliste écossais. Luce verra quant à lui le jour à
Vescovato un 7 février 1762. Il y restera jusqu’en 1771, jusqu’à ce que
sa trajectoire se confonde avec les collèges militaires royaux à
Juilly, Paris, La Flèche, Effiat ou encore Toulon. Les ambitions
familiales vont bien au-delà de l’enseignement délivré par les frères
du couvent des Capucins à Vescovato.
D’établissement
en établissement, Luce de Casabianca s’identifie à"un
boursier du Roi"de
noble extraction. Il accumule les prix et les éloges. Le jeune homme
est brillant. Il est aussi guidé par son obsession pour la mer. Elle le
mènera à l’école royale de la marine de Toulon, puis à bord de la
frégateLa Gracieuse, le temps
d’une première mission entre Méditerranée et Moyen-Orient, d’avril 1779
à mars 1780."À
cette occasion, un autre horizon, une autre dimension, un autre espace
s’offrent au jeune lieutenant de vaisseau, tandis que son île natale
lui apparaît comme un point minuscule dans cet espace",commente
Michel Micaelli .
Felice Raffali
Luce
embarquera ensuite à bord duTerribleet
assurera la protection des convois marchands jusqu’à Brest puis à bord
duZélépour
rejoindre les États-Unis. Entre deux voyages au long cours, l’officier
prend le temps en 1784 d’épouser Felice Raffali,"une
charmante jeune fille de Vescovato".Les
épousailles ont lieu au village. De cette union naîtront Faustina puis
Giocante, selon les actes officiels. Luce multiplie les voyages. Ce qui
ne l’empêche pas de devenir"homme
public, homme politique à Toulon, pour l’essentiel".
Le
navigateur devient un temps membre du club des jacobins, puis député.
Mais la politique est plus violente que la tempête parfois. Luce est"écarté de la vie publique toulonnaise".
Au même moment, la douce Felice demande le divorce. Elle en a soupé de
la solitude. Giocante suivra son père à Paris et Faustina restera
auprès de sa mère. Au passage, Luce fréquentera Bonaparte, rédigera"un remarquable plan de rénovation de la
marine", avant de mettre le cap vers l’Égypte et"son
tragique destin"à bord deL’Orient,le
vaisseau amiral. Giocante, 11 ans, l’accompagne en tant que mousse. Ils
ont la marine anglaise à leurs trousses. Nelson retrouvera l’escadre
française dans la baie d’Aboukir. Le combat sera sans merci.
fnom numéro 281 mars 2005
Le Commandant JEAN L'HERMINIER (1902-1953) ancien pacha du sous
marin CASABIANCA
à Sollies Toucas dans les années 1950 (Source Jean Claude VINCENT)
Saigon le 15 nov 2002
Monsieur,
après plusieurs tentatives infructueuses pour vous envoyer ce mail
j'espère
que vous me lirai tout de même. Je me permets de vous envoyer quelques
visuels de
maquettes fabriquées dans mon atelier de Saigon, toutes ces pièces sont
réalisées
par un meilleur ouvrier de France puis pour avoir un excellent rapport
qualité prix copie ici a Saigon .Au mois de juin 2002 nous avons
inaugure au sein de
l'école
des sous mariniers nucléaires d'attaques de Toulon une exposition
permanente sur
l'histoire des bateaux ayant battus pavillon Français depuis 1898.
je vous présente donc la maquette du CASABIANCA ,réalise a 10
exemplaires et
numérotée a l'échelle 1 centième pour a titre indicatif le prix de 455
euros
.bien sur je suis a même de fabriquer tous types de bateaux sur
commande particulière
,je me tiens donc a votre entière disposition pour de plus amples
informations mon e mail vungtau562002@yahoo.fr
PLAQUETTE ANNIVERSAIRE 1942-2002 (CC De SAINT EXUPERY)
INFORMATION MARINE NATIONALE
Sous-marin
nucléaire d'attaque Casabianca (S 603)
Le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) Casabianca est le
troisième exemplaire d'une série de six sous-marins construits par DCN.
Elle compte 5 autres unités : Rubis (S 601), Saphir (S
602), Émeraude (S 604), Améthyste (S 605), Perle (S
606).
Mis en chantier en septembre 1981 et lancé le 22
décembre 1984 à Cherbourg, le SNA Casabianca est admis au
service actif le 21 avril 1987.
Le Casabianca est affecté à l'escadrille des
sous-marins nucléaires d'attaque (ESNA) et est basé à Toulon.
Missions
Le sous-marin d'attaque a une vocation essentiellement tournée
vers l'action, dans le cadre des trois fonctions opérationnelles que
sont la dissuasion, la prévention et la projection :
- Dissuasion :
Le sous-marin d'attaque est un auxiliaire de la dissuasion. Autonome et
discret, il participe à la protection et la sûreté des SNLE, mais
également à la phase d'entraînement qui précède chaque patrouille. Le
SNA représente par ailleurs de manière générale, par sa mobilité et
presque son ubiquité, une capacité à affirmer une présence sous-marine,
en regard des activités des marines étrangères, dans des zones de
taille importante. Il participe ainsi à la gestion interalliée de
l'espace sous-marin. Outre cette mission directe de protection des
SNLE, le SNA est également un moyen irremplaçable de formation et
d'entraînement en situation réelle à la navigation et aux opérations
sous-marines, qualités qui ainsi acquises par les équipages à bord des
SNA leur sont bien évidement nécessaires à bord des SNLE.
- Projection :
Sa capacité de déploiement, sa discrétion et sa puissance de frappe en
font également un partenaire efficace des forces maritimes de surface,
et en particulier d'un groupe aéronaval, qu'il soutient dans les
missions de projection de puissance, près des côtes ou en haute mer. Il
peut aussi agir en toute indépendance dans des missions de contrôle ou
d'interdiction de zone. Sa faculté à se mouvoir discrètement près des
côtes permet également au SNA d'être utilisé pour la mise en oeuvre de
commandos vers la terre mais aussi pour le blocus de port ou le
contrôle de zones d'exclusion.
- Prévention : Le SNA peut, toujours grâce à sa discrétion et son endurance,
effectuer des missions de renseignement et participer à des opérations
spéciales comme la mise en oeuvre ou la récupération d'agents depuis la
mer. Très autonome, il peut être déployé rapidement et discrètement,
loin de son port-base, pour se prépositionner, pendant une durée
significative, dans des zones de crise. Le SNA participe enfin aux
missions de sécurité générale des approches maritimes du territoire
national. Il peut à ce titre, avec discrétion, rechercher, intercepter
et poursuivre si nécessaire les objectifs, sous-marins ou bâtiments de
surface, qui lui sont désignés.
Observations
Placée sous le commandement d'ALFOST, la composante
sous-marins d'attaque comprend six sous-marins nucléaires d'attaque
(SNA), appartenant à l'escadrille des sous-marins nucléaires d'attaque
(ESNA).
Les quatre premiers SNA, de type Rubis, ont été
refondus au cours des années 90, pour les conduire au même niveau de
performance, en particulier dans les domaines de la détection
sous-marine, des transmissions et de la discrétion, que les deux
derniers, de type Améthiste (AMEliorations Tactique
HYdrodynamique Silence Transmission Ecoute).
Caractéristiques
- Déplacement : 2700 tonnes en plongée / 2400 tonnes en
surface
- Dimensions : 73,6 x 7,6 mètres
- Vitesse maximale : 25 noeuds en plongée
- Immersion maximale : supérieure à 300 mètres
Propulsion
- une chaufferie nucléaire fournissant la vapeur à deux
turbo-alternateurs
- un moteur électrique principal entraînant la ligne d'arbre unique
- un groupe diesel générateur permettant d'assurer une propulsion de
secours
Équipage
- 10 officiers, 52 officiers mariniers, 8 quartiers-maîtres et
matelots
- 2 équipages (Bleu et Rouge) se relaient à bord de 3 en 3 mois.
Armement
- 4 tubes lance-torpilles de 533 mm qui peuvent lancer des
torpilles F17 de lutte anti-navires et anti-sous-marines ou des
missiles SM 39 à changement de milieu contre buts de surface.
- Ce type de sous-marin peut également mouiller des mines.
Toulon. Sous-marinier à bord du Casabianca
A Brest, les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. A Toulon, les
sous-marins d'attaque. Petite plongée dans la vie du Casabianca, l'un
des six
sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) dont dispose la France.
Les journées du capitaine de frégate Marc Delorme, qui commande le
sous-marin nucléaire d'attaque Casabianca, se déroulent sur dix mètres
de
long, la distance maximale qui sépare les endroits où, 45 jours à bord,
il
travaille, dort, mange ou se détend.
A bord du Casabianca, 72 hommes cohabitent dans ce petit monstre de
technologie
de 2.400 tonnes, long de 73 mètres seulement, d ' un diamètre de 7,60
mètres,
qui progresse à 25 nœuds , peut descendre à 300 mètres de profondeur et
dispose d ' une autonomie de vivres de 60 jours.
Surveillance discrète
Le cuisinier dispose d ' une cuisine de moins de 5 m² . L '
infirmerie
tient du réduit. L ' équipage se partage trois WC et trois douches,
dont une
est réservée aux dix officiers.
Les missions de cet équipage aux conditions de vie particulières vont
de la
surveillance discrète de trafics en tous genres, à l ' accompagnement
du
porte-avions Charles de Gaulle, du « traitement » des menaces navales
au débarquement
discret de forces spéciales ou encore de la surveillance de côtes à la
préparation
d ' opérations navales d ' envergure.
A bord, des membres de l ' équipage décryptent les multiples sons de la
mer .
Ils savent distinguer le nombre d ' hélices des navires qui croisent à
quelques centaines de mètres ou à plusieurs dizaines de kilomètres.
Personne ne sait
L a principale zone d ' activité du SNA est la Méditerranée et l '
Atlantique dans l ' hémisphère nord.
« Personne, je dis bien personne, à terre ou en mer, à l ' Elysée, au
ministère
de la Défense ou à Toulon, ne sait où se trouve un SNA lorsqu ' il est
en opération.
C ' est le commandant qui décide où il va » , explique le vice-amiral
d'escadre Thierry d'Arbonneau, le commandant des forces sous-marines.
Deux équipages se relaient à bord. Ils réalisent ensemble trois à cinq
semaines d ' entretien à quai, avant que l ' un d ' eux entame 13
semaines d '
activité dont 11 à la mer, au maximum, puis parte pour six semaines de
permission.
A bord, il n ' y a pas et il n ' y aura pas de femmes avant longtemps.
Les
admettre « serait une erreur pour des raisons de promiscuité et de vie
à bord
» , juge le vice-amiral d'escadre Thierry d' Arbonneau.
Le Télégramme le 30-11-2003 communique Yann Lebris
COLS BLEUS 2008
MERCREDI 09 AVRIL
2003
VISITE DE L'AVISO 69 COMMANDANT L'HERMINIER A AJACCIO SA VILLE
MARRAINE DE
RETOUR DU GOLFE PERSIQUE
Sous-Marinier
pendant la guerre 39-45, Charles BERNARD, nous retrace son embarquement
sur le CASABIANCA... !
jeudi
31 mars 2005.
L’Odyssée du Sous-Marin CASABIANCA
pendant la guerre 1939-1945 par Charles BERNARD Premier maître
mécanicien, membre de la section DORIS de l’A.G.A.A.S.M.
Après l’évasion de Toulon sous les
bombes et les grenades allemandes 2500 heures de plongée sur les côte
ennemies.
Charles, Edouard, Léon, Marie BERNARD
naît le 9 mai 1922 à Gravelines dans le Nord, il s’engage dans la Marine Nationale
où il sert notamment comme Premier Maître mécanien sur le Sous-Marin
CASABIANCA pendant la guerre 1939-1945. Il retrace son Odyssée dans un
recueil de brèves que nous avons le grand honneur de publier sur le
site de notre section
17 ANS ET DEMI DE SERVICE DISTINCTIONS
HONORIFIQUES DE LA
GUERRE 39-45.
CHEVALIER
DE LA LEGION D
’HONNEUR - DECORE 1954
MEDAILLE
MILITAIRE - DECORE 1946
TROIS
CROIX DE GUERRE CITE A L’ORDRE DE LA DIVISION
"ETOILE D’ARGENT"
DEUX
CROIX DE GUERRE CITE A L’ORDRE DU REGIMENT « ETOILE DE
BRONZE » LA
CROIX DE COMBATTANT VOLONTAIRE DE LA RESISTANCE
LA CROIX DU COMBATTANT VOLONTAIRE AVEC BARRETTE 39/45
MEDAILLE
DES EVADES
CROIX
D’ANCIEN COMBATTANT 39-45
MEDAII.LE
COMMEMORATIVE GUERRE 39-45 AVEC BARRETTE FRANCE-LIBERATION AFRIQUE
MEDITERRANEE
MEDAILLE
COMMEMORATIVE D’INDOCHINE
PORT
DE LA FOURAGERE A
TITRE PERSONNEL DE
LA LEGION D ’HONNEUR AVEC INSIGNE "CASABIANCA "
EN
1959 REFORME DEFINITIVE A 85 % ORIGINE GUERRE 39/45 DOUBLE BARRES
Mon père est entrepreneur général en
bâtiment, Lieutenant au 110éme régiment d’infanterie, chevalier de la Légion d’Honneur,
3 croix avec citations, il décède de ses blessures de guerre alors que
j’ai 11 ans. Je suis adopté pupille de la nation 1e 25 août 1934. Je
fais mes études au collège St Joseph de Gravelines, puis à l’école
pratique de Dunkerque ou j’apprends le métier d’ajusteur-tourneur. Le 5
août 1938 je rentre à l’école des apprentis mécaniciens de Lorient d’où
je sors avec mon brevet élémentaire. Le brevet de mécanicien l ére
classe et le brevet de mécanicien d’atelier. Le 1 avril 1940,
j’embarque à Brest sur le contre torpilleur VOLTA, le plus rapide du
monde. Je fais plusieurs patrouilles dans l’Atlantique, en juin 1940
nous sommes basés à Mers el Kébir et c’est la déclaration de la guerre
avec l’Italie. Nous faisons plusieurs raids sur les côtes italiennes.
Le 22 juillet 1940 l’Armistice, nous désarmons. Le 3 juillet 1940 à 5
heures, le sémaphore signale la présence de l’escadre anglaise au
large. Vers 8 heures les discussions commencent entre un officier de
l’amiral Hollant et un officier de l’amiral Gensoul. A 9 heures
disposition d’appareillage, plusieurs entretiens ont lieu, à 13h 30 des
avions du porte avions font un barrage de mines magnétiques dans la
passe. A 16h 45 l’officier anglais quitte le Dunkerque, à 16h 55 nous
recevons l’ordre d’appareiller, les premiers obus de 380 tombent devant
la digue, les suivants sur la PROVENCE , le BRETAGNE et le DUNKERQUE.
Le STRASBOURG appareille, les bâtiments ne peuvent tirer, leurs
artilleries sont face à la montagne dans cette enclave les 380 pleuvent
des gerbes d’eau de 100 mètres , dans cet enfer le contre
torpilleur VOLTA sur le commandement Jacquinet se fraye un passage,
devant nous le contre torpilleur MAGADOR est touché sur l’arrière. Nous
sortons à travers les mines, nous engageons le combat, deux destroyers
coulent, le STRASBOURG demande au Volta de protéger sa sortie. Il ouvre
le feu et touche de la première salve le cuirassé RESOLUTION, une
deuxième salve et la flotte anglaise se dérobe derrière un rideau de
fumée c’est le silence. Le STRASBOURG, quatre contre-torpilleurs et un
torpilleur font route sur Toulon. Dans la nuit nous subissons trois
attaques aériennes, aucun de nous n’est touché. Le 4 juillet au soir,
nous rentrons dans la rade de Toulon. Je termine par les paroles de
l’Amiral Gensoul à ses marins : "Vous aviez promis d’obéir à vos
chefs pour tout ce qu’ils vous commanderaient pour l’honneur du
pavillon et la grandeur des armes de la France si
aujourd’hui il y a une tache sur un pavillon ce n’est certainement pas
sur le nôtre". 1297 morts dans ce combat. Je pense à mes 87 camarades
de ma promotion qui sont morts. Ils ont comme moi 18 ans. Je passe
quartier maître le 1er octobre 1940, en novembre j’embarque sur le
torpilleur le HARDI un passage sans histoire. Novembre 1941 nous
escortons le DUNKERQUE de Mers el Kébir à Toulon pour réparation. Avril
1942, le HARDI désarme, je suis désigné pour le sous-marin CASABIANCA
J’embarque le 24 avril 1942, le CASABIANCA est en réparation à
l’arsenal. En août lors des essais, une pièce défectueuse dans
l’embrayage d’un moteur retarde notre départ pour Madagascar. Entre
temps la situation s’aggrave, les américains débarquent le 8 novembre
1942 en Algérie et au Maroc. Des allemands envahissent la zone libre
sauf Toulon. Lors du débarquement l’Amiral Darlan est à Alger avec son
épouse au chevet de son fils gravement malade.Le 17 novembre 1942,
l’Amiral Darlan donne l’ordre à tous les navires de regagner les ports
d’Algérie et du Maroc pour continuer le combat. Hélas personne n’a
répondu à son appel.
Trouvez ci-après, mes souvenirs sur les
missions du CASABIANCA.
Première mission
le 11 décembre 1942 à 20 heures le
CASABIANCA appareille en direction de la Corse avec son
équipage réduit. A son bord cinq agents secrets et cinq tonnes de
matériels, postes de radios, mitraillettes, des balles, des grenades,
des vivres, un groupe électrogène. Nous débarquons dans la baie de
Chionie sur la plage Topitti. Le 14 décembre à Oh30 nous débarquons les
cinq agents : le chef de bataillon Saulle, adjudant chef Griffi,
le professeur Priziosi et le radio Griffi. Le 15 décembre à 23h00, nous
débarquons le matériel cité plus haut, pendant l’opération de
débarquement, la mer se leve et le canot se brise sur les rochers et
s’ensable. Les trois membres du canot se trouvent dans l’obligation de
se joindre à la mission. Mission réussie, nous faisons route sur Alger,
elle s’appelle "réseau Pearl Harbor". Le 19 décembre nous arrivons à
Alger, nous préparons la fête de Noël, le réveillon a lieu dans la
salle du yacht-club avec le commandant, les officiers et l’équipage.
Nous sommes tous prêts pour le réveillon, vers 2lheures un télégramme
trouble la fête. L’amiral Darlan vient d’être assassiné. Le réveillon
se déroule dans la tristesse, nous venons de perdre un grand chef. Ses
obsèques ont lieu le 26 décembre 1942 à 9 heures à la Cathédrale
d’Alger. L’assassin est fusillé le 25 décembre à 5 heures. L’Amiral
Darlan repose depuis 1950 dans le petit cimetière de Mers el Kébir au
milieu de ses marins. Janvier 1943 nous complétons l’équipage, nous
préparons notre 2éme mission.
Deuxième mission
Appareillage le 1er février à 20 heures
il se déroule en 2 parties.
1ère
partie : direction la France la côte de Provence. Le 4
février vers 23 heures dans la baie de Bompas sur la plage de
Cavalaire, nous débarquons 3 agents avec valise et radio- mission
réussie nous faisons route vers la Corse.
2éme
partie : le 5 février dans la baie d’Arone sur la plage
d’Arone vers 23h 30, nous débarquons 2 agents avec leurs valises et
radios. A l’arrivée sur la plage, le canot aborde dans les rouleaux qui
rapidement le remplissent d’eau et de sable, les deux membres
d’équipage se joignent à la mission. Nous ne recevons aucun signai par
lampe torche. Nous pensons que les cinq hommes se sont enfoncés dans
l’intérieur. Nous envoyons une reconnaissance, elle revient et nous
apprend que des rouleaux invisibles du bord rendent le débarquement
difficile, la plage déserte, l’embarcation est à peine visible, nous
décidons de plonger et d’attendre sur le fond. Nous avons cinq membres
de l’équipage à terre. Le lendemain le 6 février vers 23h nous
débarquons 450 mitraillettes et 60 000 balles que l’équipage du
Casabianca camoufle dans le maquis. Nous n’avons vu personnes de
l’équipage, nous regagnons Alger -mission réussie. Le
13 février appareillage d’Alger avec 5 agents féminins direction
l’Espagne - Barcelone - nous débarquons nos 5 agents avec leurs valises
à un point sur la côte. Nous rembarquons 3 agents et une femme. Nous
faisons route sur Alger- mission réussie et sans histoire.
Troisième mission.
Appareillage le 2 mars à 20 heures
direction la France
, la côte de Provence. Elle se déroule en deux parties : 1 ère
partie le b mars dans la baie Bompart sur la plage de Cavalaire. L’état
de la mer fait échouer la tentative de débarquement de 3 agents. Nous
restons le 7 et 8 mars dans la baie que la mer se calme. Le 8 mars à 23
heures nous décidons de mettre le cap sur la Corse ou nous
avons rendez vous le 10 mars. A la sortie de la baie, nous apercevons
un feu sur bâbord c’est un chasseur de sous-marins, pas question de
faire le combat la mer est trop mauvaise pour une attaque, les
batteries sont à zéro, il ne reste plus que notre vitesse pour le
semer. Nous faisons route sur la Corse , nous arrivons le 10 mars vers
23 heures dans l’anse de Canelle et l’anse Favone. Le 11 mars à 4
heures du matin nous embarquons nos cinq membres d’équipage laissés à
terre dans les autres missions et deux membres de la mission agent
Priziosi, Griffi activement recherchés par la D.V .R.A.mission
terminée pour la
Corse. Nous partons pour la France en
espérant débarquer nos agents. Nous restons sur les lieux du 14 au 17
mars la mer est toujours mauvaise et nous empêche de mettre le canot à
la mer. Nous faisons route sur Alger le 21 mars. Le Casabianca arrive à
Alger il a été fort éprouvé par le mauvais temps. Nous partons pour
Oran pour un carénage de deux mois.
Quatrième mission.
Le 28 juin appareillage à 22 heures
direction la
Corse. Le 1’ juillet sur la plage Saleccia à
l’ouest de la pointe Curza et du golfe de Saint-Florent dans cette nuit
il est débarqué et camouflé dans la maquis huit tonnes de munitions, la
nuit suivante cinq tonnes soit treize tonnes en deux nuits. Mission
réussie, faisons route sur Alger, nous arrivons le 6 juillet.
Cinquième mission.
le 27 juillet appareillage à 22 heures
direction la
Corse. Le 30 juillet nous sommes dans le fond du golfe
de Porto il est 23 heures, le commando quitte le bord qu’un tir de
mitrailleuse sur le Casabianca arrête. Le commando regagne le bord en
abandonnant le doris. Départ en marche arrière pour se dégager et
prendre le large, nous faisons route sur la pointe Curza. Le 31 juillet
à 22h nous débarquons et camouflons 12 tonnes d’armes et de munitions
dans le maquis. Le jour se lève, il est cinq heures l’équipage est
encore à terre. Le soir à 22h nous débarquons 8 tonnes soit 20 tonnes
en deux nuits. La mission à été très dure pour l’équipage. Malade et
fatigué nous arrivons à Alger le 3 août -mission réussie.
Sixième mission.
Appareillage le 2 septembre à 22h
direction la Corse
, le 5 septembre sur la plage de Capo de Terre prés d’Ajaccio sous les
faisceaux de trois projecteurs allemands, nous débarquons cinq tonnes
d’armes, le projecteur le plus proche se trouve à 600 mètres du
point de débarquement. Nous ramenons à Alger ou il est attendu Luc
Giovoni député, second de la résistance en Corse. Nous arrivons à Alger
le 8 septembre.
Septième mission.
Le 11 septembre à 12h le 1’ bataillon de choc
avec leurs armes, leurs munitions, leurs vivres, embarque sur le
Casabianca soit 110 hommes, plus deux tiers de l’équipage volontaire.
La mission est très dangereuse, je participe à cette dernière mission
même si je dois ne pas revenir pour la réussite de la mission et
l’honneur du sous-marin Casabianca. Appareillage à 21h direction la Corse , le
débarquement est prévu à 5 kilomètres d’Ajaccio. Nous marchons
à plus de 22 naeuds soit 389 Tlm. II fait une chaleur terrible aux
diesels, l’air irrespirable avec les vapeurs d’huile et de gas-oil.
J’étais chef moteur, je suis resté à mon poste de combat pendant tout
le voyage. Le 12 au soir un télégramme, rentrer dans le port d’Ajaccio.
A 23h nous sommes en vue d’Ajaccio. A travers les mines et les
obstacles, le Casabianca le 13 septembre 1943 à 2h 20 accoste à quai et
débarque les 110 hommes avec leurs matériels. Le Casabianca et son
équipage est le premier élément de l’armée ainsi que le bataillon de
choc à fouler le sol de la patrie depuis la triste date du 22 juin
1940. La nuit suivante le Casabianca sert de pilote aux contre
torpilleurs « Malin » et « Fantasque » arrivant
avec 3800 hommes à bord. Il est 23h lorsque le débarquement commence.
Le 14 septembre le Casabianca quitte Ajaccio pour Alger, nous arrivons
le 16 septembre. La mission réussie. Le commandant à souffert pendant
cette mission.
Le 20 septembre fut une journée
émouvante pour l’équipage. Le Casabianca reçoit la flamme de la Médaille
militaire et la fourragère à titre personnel pour l’équipage. Le
passage du commandement entre le commandant L’Herminier et le
commandant Beliet ancien officier en second, le repas de famille et les
adieux du commandant L’Herminier à son équipage. Le soir il rentre à
l’hôpital militaire d’Alger pour subir l’ablation des deux jambes. Le
général de Gaulle remet lui même sur son lit de souffrance « la
cravate de commandeur de la légion d’honneur » nous garderons un
bon souvenir de lui. Se termine l’odyssée du commandant « Jean
L’Herminier »
Huitième mission.
Le commandant Bellet prend le
commandement du sous marin Casabianca et les opérations continuent mais
sommes axés sur la destruction des navires allemands - 8 missions -
Appareillage le 2 novembre à 20h pour l’Espagne, nous débarquons à
Barcelone le 4 novembre à 23h 5 agents dont 3 femmes et repris 3
agents. Route sur Alger arrivée le 6 novembre à 8h
mission
réussie -
Neuvième mission.
Appareillage le 26 novembre à 20 heures
du secteur de Toulon. Le 6 décembre entendu explosions grenades
A.S.M. toute l’après midi. Au cours de la nuit aperçu des feux
mais trop éloignés pour permettre une attaque. Le 10 décembre route sur
Alger, nous arrivons le 13 décembre au matin.
Dixième mission.
Appareillage le 20 décembre à 20h
secteur Toulon en surface de jour. Le 21 décembre à 13h 15 alerte
avions ; Plongée 13h 30 surface. Le 22 décembre à 4h 30 entendu
quelques explosions grenades A.S.M.. A 15h 04 aperçu un chasseur de
sous marins armé de 3 canons de 150 et grenades. Il nous a repéré car
nous sommes obligés de recommencer l’attaque plusieurs fois. Tubes
5-7-8-9 parés. l5h 40 feu - 2 explosions à 20 secondes au but, 2
explosions à 50 secondes à la cote. Pris la vue au périscope, il ne
reste rien sur l’eau. Cap au large car nous sommes sur un fond de 86 mètres .
raclages sur la coque. Orins de mines. Tafia le soir, victoire. Le 27
décembre 9h 45 poste de combat voyons un remorqueur tramant un chaland
accompagné de deux vedettes. A lOh 30 laissons tomber. A 12h 40 poste
de combat, voyons deux escorteurs et deux vedettes. Approchons, une
vedette passe à
200 mètres sur l’avant prendre les dispositions
de grenadages. Pas repérés à 12h 59, repris le quart. Le 28 décembre à
9h 20 poste de combat. Voici le rapport du commandant Bellet :
aperçu un bâtiment dans le nord, constaté par la suite qu’il s’agit
d’un cargo jaugeant 4000 T environ protégé par un ballon captif. Ce
bâtiment est camouflé d’une bande noire très large courant en zig-zag
de l’avant à l’arrière, le reste de la coque est couvert de peinture
grise en tons dégradés. L’appréciation de l’inclinaison est dans ces
conditions très difficile. Je ne vois pas de cheminée. L’escorte qui le
protège est constituée par trois vedettes placées respectivement à
l’avant à l’arrière et à bâbord. La mer est très calme, le vent léger
d’est. 9h 26 Nous sommes à moins de 1000 m de la route
du but. Nous ne disposons que d’une gerbe de quatre tubes étrave et je
n’ai aucune confiance dans la gyrodéviation Il faut donc nous maintenir
à cette distance et le plus prés possible de la route du but en raison
de la lenteur d’évolution du sous marin. Battre en arrière à
l’immersion de 25m pendant trois minutes (cette manaeuvre à bord du
Casabianca s’effectue fort bien). A 9h 29 stoppé les moteurs, remis en
avant progressivement, repris la vue estimée à 1000m, la distance à la
route du but. Le dispositif d’escorte n’a pas changé. Jusqu`à 9h 37 les
coups de périscope ne font apparaître aucun changement dans la
situation. A 9h 371e but est venu de 15° sur la droite, la distance de
lancement va s’en trouver augmentée. Rectifié la route d’attaque. Il
serait nécessaire de chasser énergiquement mais le spectacle de la
vedette de l’aile gauche qui se trouve à moins de 700m de nous m’incite
à la prudence. Les coups de périscope sont rapides, l’allure de chasse
modérée. Pris les dispositions de grenadages. A 9h 41 feu pour les
quatre tubes étrave à 1800m du but dont la vitesse est estimée à 12m.
La vedette la plus proche est à 300m de nous à tribord, le cap sur
notre avant, le grenadage doit être imminent, moteurs avant 4, barre à
droite toute, pour passer sous la vedette, augmenté progressivement
l’immersion à 9h 42’
35" une explosion après
95’ de parcours des torpilles. S’il s’agit d’un
impact, cet intervalle de temps est très admissible, puisqu’il
correspond à une distance de 2040m. Le claquement de l’explosion nous
rappelle le bruit entendu le 22 décembre à 9h 45’ 35".Une explosion
plus lointaine. Réduit les moteurs à l’allure minimum immersion 30m.
Nous allons maintenant vivre des minutes inoubliables.
L’attaque des vedettes se déclenche à 9h
45’30" et débute par un chapelet de quatre grenades très rapprochées,
alors que les tubes étraves n’ont encore pu être refermées (porte
extérieure). La tête de batterie arrière saute. Les deux moteurs
électriques de propulsion stoppent par l’ouverture des relais, le
disjoncteur d’auxiliaire bâbord s’ouvre, la collerette du tuyau de
chasse d’air au tube 1 se décolle du tube, la fixation de la soupape de
sûreté du tube 3 est ébranlée et provoque une entrée d’eau la soupape
s’ouvre. Les aiguilles des manomètres d’immersion s’affolent et se
bloquent à des indications variables. De nombreux globes de lampes
volent en éclat. La situation à ce moment est très grave. Si le tube 1
ne peut se fermer, la voie d’eau qui se déclare ne peut être combattue
par les moyens du bord. Le sort du bâtiment est enjeu. En quelques
instants, la tête de batterie arrière est enclenchée, les moteurs remis
en marche, les tubes 1, 2 et 4 sont fermés mais les tentatives de
fermeture complète du tube 3 restent vaines. L’entrée d’eau par sa
soupape et sa fixation, si elle ne compromet pas de façon immédiate la
sécurité du bâtiment est cependant inquiétante. Le bâtiment s’alourdit
rapidement. Plusieurs tonnes d’eau sont embarquées dans la cale avant.
Lorsque les manomètres consentent à fournir une indication d’immersion,
nous nous trouvons à 145m assiette + 10. Il est impossible de chasser
aux caisses de réglages dont les soupapes de sûreté fonctionnent.
Augmenter l’allure jusqu’en « avant 2 » Remonté péniblement
à ?Om. Réduit l’allure à « avant 1 ». Les trois vedettes
sont nettement audibles séparément au G 16 et leurs émissions ASDIC sur
1 ? KC paraissent calées dans notre direction. Pendant les minutes
qui suivent, nous essaierons de maintenir le sous-marin à une immersion
profonde à très faible vitesse, le cap sur la terre. Je pense en effet
que le bâtiment ne sera bientôt plus manoeuvrable si l’entrée d’eau du
tube 3 ne peut être aveuglée. La seule ressource est de se poser sur le
fond à une immersion moyenne. Mais le poste avant rend compte que la
fuite à pu être réduite au moyen d’un madrier faisant appui sur la
soupape. Décidé alors de faire le cap au large et d’entraîner nos
adversaires à distance des batteries du Camarat et du Titan. Si la
situation exige une action au canon, du moins sera t’ elle tentée dans
des conditions moins défavorables. A 9h 50 11 grenades très rapprochées
et très violentes. A l Oh 0 1 neuf grenades explosent dans les mêmes
conditions que les premières. Le bâtiment se comporte bien, l’immersion
variant entre SO et 70m assiette +15 allure minimum des moteurs.
Lorsque l’immersion atteint 70m, la chasse aux régleurs est mise
discrètement en action. L’allure des moteurs progressivement augmentée.
Tous les auxiliaires stoppés, sans distinction. La route est maintenue
au sud et les vedettes très proches. Leurs attaques sont exécutées à
grande vitesse. Les manoeuvres de la dernière minute, destinées â
fausser leur estimation du but me paraissent tout à fait illusoires.
Décidé de continuer en route droite, les moteurs sont mis en
« avant » pendant les grenadages. Cependant le gyrocompas
nous fournit un sujet d’inquiétude supplémentaire. Cet instrument qui a
fonctionné avec beaucoup de fantaisie depuis le départ d’Alger, nous
entraîne peut être sur un cap inattendu. Nous n’avons plus aucun moyen
de contrôle le sondeur s’étant trouvé hors de combat dés les premières
grenades. II est donc impératif de prendre la vue et de contrôler la
situation au périscope. A l Oh 20 remonté lentement et à faible vitesse
à l’immersion périscopique. Aperçu une grosse bouée surmontée d’un
empannage en toile à 25m du périscope. Elle matérialise
vraisemblablement le dernier grenadage. Vérifié approximativement notre
cap. Rentré puis hissé à nouveau le périscope en direction de la terre.
Aperçu notre but, il est apparemment stoppé dans la position ou il a
été attaqué, le cap vers le nord de la baie de Pampelonne. La plus
grosse des vedettes d’escorte est à couple. Le spectacle est vraiment
réconfortant. Si le but n’a pas continué sa route vers l’abri tout
proche des Salins et se trouve à la même position 40 minutes après
l’attaque, il est certainement touché. San nouveau cap peut faire
penser â une tentative de rallier St Tropez. Regagné l’immersion SOm. A
l Oh 25 remonté lentement vers l’immersion périscopique. Le G 16
enregistre un renforcement très net du bruit d’hélice de la vedette.
Commandé « avant 4 » barre à droite toute, immersion 60m. Au
même moment nous entendons un vrombissement au dessus du kiosque sept
grenades explosent avec une violence inouïe. Dans le kiosque les images
deviennent floues, la coque est violemment secouée, la vitre du
manomètre d’immersion vole en éclats, le panneau se soulève,
visiblement, laisse pénétrer l’eau et retombe sur son siège. A
l’intérieur, le personnel est littéralement soulevé du parquet par la
violence des chocs. La tête de batterie arrière saute, le bâtiment
monte à 13m en assiette -5, l’arrière prés de la surface. Commandé
moteurs « avant 6 » (maximum). Le sous marin descend à grande
vitesse à 60m. La vedette est toute proche, les émissions ASDIC sont
très nettes. Jusqu’à 1 lh 15, tenu l’immersion entre SO et 70m, un
moteur « avant 0 » mini 50t/m. Fait dîner l’équipage au poste
de combat. Je pense que les vedettes ont épuisé leurs grenades mais
qu’elles seront relayées dans I’après midi. Jusqu’à 13h le contact est
maintenu mais aucune attaque n’a lieu. Les bruits d’hélices et les
émissions ASDIC ayant nettement faibli, repris la vue. Rien aperçu.
Fait rompre du poste de combat. Remis de l’ordre à bord. Epuisé 4
tonnes d’eau de la cale avant. Absorbé 80m/m de surpression. Fait route
vers la limite est du secteur. Effectué une ronde sérieuse du matériel.
Le tube 3 est fermé, enfin, avec 70kg de pression. Constaté un
dèsaccorage partiel des batteries. Les accoreurs ont jaillit de leurs
encastrements, principalement dans la batterie arrière. Un tuyau d’air
de lancement des diesels est cassé. Les thermomètres diesels sont hors
d’usage ainsi que de nombreux appareils de mesure. Le tube lance
torpille n°11 est plein d’eau. Le miroir du galvanomètre du sondeur est
décollé. Les appareils d’écoute, quoique assourdis pendant les
explosions sont en état de marche. Dans la soirée, mis au tube 2 et 4
qui sont en état de fonctionner, nos deux torpilles de réserve.
Rectifié i’accorage des batteries. Nous devons donner toute la mesure
de notre courage et le calme de notre efficacité professionnelle et de
notre abnégation (mort). Ces heures resteront gravées à jamais dans
notre mémoire. A 20h le bâtiment est de nouveau en état de combattre.
20h surface. Patrouille en surface au sud du Titan. L’absence du
sondeur nous interdisant les trajets des nuits précédentes avec les
atterrissages sur les haut fond de l’Esquillade. Décidé pour le
lendemain d’explorer la baie de Pampelonne et de St Tropez pour y
retrouver notre adversaire. Le 29 décembre à 4h plongée, à 4h 45 ronds
d’étanchéités à 50m RAS. A 8h 55 atterri à 8 milles dans le 110 de
Camarat. Légère brume sur la terre. Rien aperçu en baie de Pampelonne.
Nous n’aurons pas le temps d’atteindre l’ouverture de la baie de St
Tropez avant la nuit. Le 3 janvier 1944 quittons le secteur route sur
Alger. Le 4 janvier, en surface, à 17 naeuds. A l lh 35 un avion en
vue, alerte, plongée le ballast 4 arrière ne s’ouvre pas par une
assiette négative de plus de 4S° les moteurs (avant 4). L’avant du
sous-marin est à lOS mètres pas moyen de rester debout, c’est
impressionnant. A 12h surface. A 23h 30 alerte, nous sommes en face
d’un sous marin allemand l’un et l’autre nous plongeons et on s’évite,
il est comme nous sans torpilles. A Oh surface, reprenons notre route.
Le 5 janvier à 9h amarres à Alger. Repos bien mérité pour l’équipage de
15 jours à la montagne et à la campagne. Mois de février nombreux
exercices à Sidi-Ferruch et plongée avec 50 commandos à bord,
débarquement en pneumatiques exercice à terre et rembarquement. Ces
opérations ont lieu la nuit.
Onzième mission.
Appareillage le 11 avril à 20h pour
Maddalena en Sardaigne. 23h 45 Alerte plongée un convoi allié que nous
venons de dépasser est attaqué par l’aviation allemande. Le 13 avril
surface. Diesels en route. Passons le détroit de Bonifacio pour faire
escale à la
Maddalena en Sardaigne occupée par les alliés. A l 5h
amarrés à quai à
la Maddalena , le soir sortie à terre, visite au foyer
des armées, bar et retour vers le bord en chantant la chanson du
Casa : « arrière arrière flotte hitlérienne ou
italienne » ce qui a déplu à quelques nationalistes sardes. Il
s’en est suivi une bagarre mémorable avec la participation des
italiennes qui des fenêtres, nous balançaient des pots de fleurs ou de
cactus sur la tête. Malgré la riposte énergique et musclée, nous avons
été très heureux de l’intervention d’un GMC américain baché
heureusement dont les conducteurs, en tirant heureux coups de 11 mm42
en l’air, ont fait fuir cette populace et nous ont ramené à bord. Le 14
avril appareillage de Maddalena à 9h secteur Nice Cannes. Le 16 avril à
1Sh 5$, entre deux prises de vue au périscope, stupeur, l’avant du
bâtiment est violemment secoué. Etonnement général. Prise de vue, le
kiosque avec son pavillon national, le canon sont hors de l’eau nous
sommes échoués entre Saint Laurent sur Mer et Nice. En face sur la côte
des blockhaus allemand. Nous avons été rabattu sur les galets par le
courant du Var et nous sommes en position très critique. Arrière 6
moteurs électriques « maxi » alors que les batteries
allemandes (aussi surprises que nous) ouvrent le feu. Nous réussissons
à retrouver du fond avant d’avoir été touché. Heureusement car
l’équipage se voyait déjà défilant à Nice en chantant "Maréchal nous
re-voilà.
Le 23 avril, prenons le secteur San Remo
désespérés de ne trouver aucun transports à couler, nous envisageons de
détruire au canon des dépôts de combustibles sur la côte italienne à
Umeglia. A 20h 26 surface, attaque au canon sur les dépôts. Un obus
part, hélas le deux ne veut rien savoir, le canon est enrayé. A 20h 29
nous nous éloignons en plongée. Le 24 avril retour au secteur de Nice
Cannes. A 20h 30 apercevons un chasseur de sous marins qui nous a
repéré lui aussi, attendons la nuit pour l’attaquer au canon en
surface. A 21h 30 surface, diesels à 360T/M 16 nœuds. Malheureusement
le canon de 100m/m, bien que la culasse ait été visitée par les
canonniers, la veille en surface, refuse tout service. Seul le canon de
20 CA est efficace vidons 3 chargeurs sur le chasseur qui surpris de
nous voir en surface, rejoint la côte sans riposter. Le 25 avril, reçu
ordre d’Alger, devons quitter secteur demain à 4h et faire escale à la Maddalena. A
20h 44 aperçu un chasseur de sous-marins sortant de Cannes. C’est peut
être celui d’hier. 20h 54 surface. Poste de combat canon. Nous ayant
aperçu le chasseur rentre aussitôt au port. Continuons de longer la
côte en surface, aux diesels relativement bruyants, à 600 mètres
seulement mystère, les batteries restent muettes. Le 26 avril devions
quitter le secteur à 4h mais le commandantdécide de rester jusqu’à midi
avec l’espoir de trouver du gibier. A 12h route au sud. Le 27 avril
amarrés sur coffre à Maddalena. A 20h appareillage pour Alger. Le 29
avril à 9h arrivée à Alger.
Douzième mission.
Le 20 mai appareillage à 20h pour
Barcelone. Le 22 mai à 23h 40 surface devant Barcelone, après avoir
laissé défiler un superbe paquebot espagnol tout illuminé avec musique
pour les passagers. Puis un chalutier espagnol sort de l’ombre, sans
feu, lui, nous approche il fait très beau temps. Plusieurs agents
secrets, que nous avons amené d’Alger, embarquent sur ce bateau, puis
il nous livre, lui, deux autres agents secrets dont une femme, plus un
container métallique rempli de documents paraît-il. Le 24 mai arrivée à
Alger vers l Oh.
Treizième mission.
13éme mission : Le 4 juin
appareillage secteur Toulon via Maddalena. Le 6 juin à ?h 58
stoppé les diesels dans le détroit de Bonifacio. A coté de paisibles
pêcheurs corses qui se demandent bien ce que l’on va leur demander et
échangeons SO litres d’huile contre langoustes et homards. Quatre
heures d’escale à
la Maddalena , refait le plein d’eau potable et
appareillage à 17h 54 pour le secteur de Toulon. Le 8 juin à lh 40 en
surface, aperçu une silhouette. Armement du canon de 100 qui
fonctionne, cette fois, et ce sont 49 obus qui partent sans désemparer,
dont plusieurs font mouche car le chasseur dégage une fumée noire. Il
riposte vigoureusement mais ses coups passent au dessus de nous. Nous
nous approchons d’avantage et voyons qu’il est armé de deux canons de
150, deux de 88, deux de 40. A 2h 02 tubes 1-2-3 et 4 parés -
feu. Une torpille reste dans le tube à 300 mètres du
bord, deux torpilles rentrent l’une dans l’autre, une énorme explosion,
la coque est secouée, la quatrième fait but. Plongée pris la vue au
périscope. Rien sur l’eau. Terminé pour lui. Surface continuons la
patrouille. 14 juin navire en vue. Poste de combat approchons
davantage. C’est un navire hôpital « Le Canada » Pas de
chance pour nous, il est interdit de couler ces bateaux. Le 18 juin une
formidable tempête se lève. Sh 15 prenons 1e cap. Moteur électrique
tribord avant 2. Diesel bâbord en charge autonome. Ciel bouché estime
difficile, tangage et roulis provoquent un déversement d’acide des
accus dans la cale, ce qui signifie quand rentrant à Alger, il faudra
sortir 300 accus au palan différentiel pour laver les bacs et les
accoreurs à l’ammoniaque, les fonds de cale, batteries. Le 20 juin
arrivé à Alger à 8h, avec une victoire un chasseur de sous marins coulé
au canon. Se fut la dernière mission en méditerranée et 2500 heures de
plongée depuis Toulon. L’amirauté décide de nous envoyer au U.S.A. pour
réparation, un repos de huit jours à Sidi-Ferruch avant notre départ.
Le lb juillet à 19h départ pour Casablanca. Arrivée à Casablanca le 19
juillet à 9h. Le 2 août appareillage pour Philadelphie en compagnie
d’un escorteur américain. Tous les matins à 8h plongée pour
vérification et pesée du sous marin et exercice avec l’escorteur.
Pendant la traversée de la mer des Sargasses admirons les vols
d’exocets et les tortues. Le 15 août nous remontons le Delaware River,
arrivée à Philadelphie à 15h. Nous logeons à la Sub Marine
Bak. Plusieurs mois de vie américaine. Pendant la refonte du Casabianca
se faisait pour une autre destination le Pacifique. Les événements se
déroulent si vite dans le Pacifique avec la bombe atomique que nous
allons rentrer en France.
Le 28 février 1945 appareillage pour Kew
London, pour faire les essais, après les réparations. Arrivée le 1 ’ mars essais et
exercices. Le 15 mars appareillage pour Casablanca via Les Açores. 18h
restons mouillés dans la rade, une brume épaisse interdit toute
visibilité. Le 16 mars 19h 401a brume se dissipe. Partons avec un
escorteur américain. 20 mars Tempête. Le 24 mars arrivée à la Horta dans l’île
de Faval. Le 25 mars appareillage pour exercices avec les aviations
anglaises et américaines. De 6h 30 à 22h 30 retour. Le 26 mars à 13h 30
départ de la Horta
pour Casablanca. Le 27 mars, pointe négative de 30° pendant la pesée.
Le 30 mars arrivée à Casablanca à lSh 30. Hélas c’est le début de la
dislocation de l’équipage. Le 2 avril les adieux du commandant Bellet à
son équipage. Des adieux fort émouvants, celui qui nous à conduit au
combat et à la victoire et regagne Paris, nous le regrettons c’était un
bon commandant pour son équipe. II reste toujours dans ma mémoire. Une
partie de l’équipage regagne la France par petits groupes. Un autre
commandant prend le commandement. Après plusieurs visites dont les
différents ports du Maroc, le sous marin Casabianca regagne Toulon le
29 septembre 1945, ou son odyssée se termine après avoir écrit les plus
belles pages d’histoires entre le départ tragique du 28 novembre 1942
et son retour le 29 septembre 1945. Tous les honneurs lui sont rendus.
Quelques jours plus tard, je pars en permission pour embrasser ma mère
et mes deux soeurs que je n’avais pas vue depuis janvier 1940 à
Gravelines. Le 4 février 1946 je débarque du Casabianca pour embarquer
sur l’aviso « Commandant Duboc » Je quitte le Casabianca le
coeur serré, mais fier d’avoir été sous les ordres du commandant
L’Herminier, du commandant Bellet et de mon ingénieur Kermeur. Dans les
mauvais et les bons moments, je revis ce passé dans l’honneur et la
gloire d’avoir accompli mon devoir de français. Je conserve un bon
souvenir inoubliable. Dans ma retraite avec mon épouse Monique et mes
deux enfants Myriam et Charly nous vivons des jours heureux et 57 ans
de bonheur.
Fait
à Bray-Dunes le, 13 août 2001
Signé
Charles BERNARD
Une anecdote de José
VASSEUR
José
VASSEUR, Matelot torpilleur sur l’Astréee
Le fanion du
CASABIANCA
C’était en 1958 il me semble. Un
monument avait été érigé dans la commune de La Croix Valmer
, monument rappelant les opérations du Sous-marin CASABIANCA durant la
seconde guerre mondiale. Pour l’inauguration un piquet d’honneur avait
été demandé et c’était le sous-marin ASTREE qui avait été désigné pour
cette "corvée" dominicale. Le chef de ce détachement était le Second
Maître torpilleur Jean, maître chargé sur l’ASTREE J’en faisais partie
avec un autre de mes amis, Guillou (électricien) dit " Pain Beurre" et
De Brondeau Régis (mécanicien). Pour la circonstance nous avions troqué
les rubans légendés de nos bonnets contre d’autres portant le nom
CASABIANCA. Le chef avait reçu le fanion du CASABIANCA. Tout cela
devait être rendu au retour. Un car nous avait emmené de la 1 ère
escadrille jusque la base de Saint-Raphaël, d’où nous sommes repartis
dans un camion Citroën surnommé "Junker" en raison de sa carrosserie
ressemblant à celle de l’avion. Il n’y avait pas de siège et nous
devions nous tenir aux renforts de carrosserie. Lors de l’inauguration
où il y avait beaucoup d’Amiraux et Officiers Supérieurs, Madame
L’herminier est passée devant nous la tête basse. Elle n’a même pas
remarqué que les marins portaient le ruban CASABIANCA et que le chef
avait le fanion CASABIANCA sur son fusil. Cette attitude ne surprit
nullement le chef Jean qui avait eu l’occasion de rencontrer cette
personne aux USA d’où elle était originaire. Pour le déjeuner il nous
fallut retourner à la base de St Raphaël et revenir au restaurant où
les Officiels déjeunaient. Un gendarme maritime assurait une
surveillance à l’extérieur. Il nous fit part du déroulement de ce
déjeuner où 2 partis ; les supporters du Cdt Jean L’Herminier et
les opposants ; s’étaient copieusement invectivés, et il avait dû
se montrer pour ramener le calme. Une plaque devait être découverte sur
un rocher dans une crique proche de La Croix Valmer
là où les débarquements d’agents avaient eu lieu. Nous nous y sommes
rendus toujours avec le "Junker" et par un chemin difficile. A l’issue
de la cérémonie alors que nous allions entreprendre la remontée du
chemin, un amiral se présenta devant le chef Jean et l’interpella :
"C’est
le fanion du CASABIANCA ?
Oui !
C’est
trop précieux pour être confié à un second maître. En disant cela il
s’empara du fanion et se dirigea prestement vers la route. Un moment de
stupeur pour le chef qui ne bougea pas de suite ce qui permit à
l’Amiral de se faufiler parmi les gens qui escaladent le chemin et de
disparaître. Nous sommes rentrés à la base assez perturbés car c’était
l’ASTREE qui n’avait pas été à la hauteur et comme le chef nous le
supportions mal. Il ne nous fut fait aucun reproche et ce n’est qu’une
quinzaine de jours après que le fanion réintégra le CASABIANCA.
José VASSEUR
A
Bastia, dans la cour de l’ancien palais des gouverneurs génois est
conservée la tourelle du sous-marin "Casabianca"
Equipage :
5 officiers plus un en opération et 79 hommes
Déplacement
en surface : 1500 tonnes
Déplacement
en plongée : 2000 tonnes
Longueur :
92,30 m
Hauteur :
8,20 m
Vitesse
en surface : 20 noeuds
Vitesse
en plongée : 10 noeuds
Rayon
d’action : 14.000 milles à 7 noeuds, 10.000 milles à 10 noeuds
et 4.000 milles à 17 noeuds Rayon d’action en plongée : 90 milles
à 7 noeuds
Propulsion :
2 moteurs diesels de 9 cylindres de 4.300 cv 2 moteurs electriques
Alsthom de 1.200 cv
Armement :
11 tubes lance torpilles 1 canon de 100 mm sur le pont
avant, une mitrailleuse de 13,2 en kiosque
Les sous-mariniers de l’Astrée rendent
hommage à une opération de guerre menée par le Casabianca
mardi 7 mars 2006.
L’évocation de la ville de Ramatuelle dans
l’article de la section Rubis, me remet en mémoire une journée passée
en partie dans cette ville en 1958 ou 1959 je ne sais plus exactement
pour l’inauguration d’un monument commémorant un débarquement d’agents
par le sous-marin Casabianca.
Nous étions 6 : 5 jeunes matelots et un
second maître du sous-marin l’Astrée. Le second maître torpilleur JAN ,
maître chargé sur l’Astrée et 5 matelots fraîchement sortis de l’école
et qui avaient encore en mémoire le maniement des armes. Nous devions
constituer le piquet d’honneur lors de l’inauguration de deux
monuments. Pour cette occasion il nous avait été distribué des rubans
légendes « Casabianca » à mettre en lieu et place de
« Sous-marin l’Astrée »., et le chef reçoit le fanion de
l’escorteur d’escadre Casabianca. Départ en Junker, c’est ainsi que
l’on appelait les camionnettes tôlées Citroën pour la base aéronavale
de Saint-Raphaël, à partir de laquelle nous serions pilotés vers les
lieux de cérémonie. Un gendarme maritime en motocyclette nous prend en
charge et nous amène à Ramatuelle. Il y a un monument (je ne l’ai pas
retrouvé lors d’un voyage récent) érigé en souvenir des débarquements
faits par le sous-marin Casabianca sous les ordres du Commandant
Lherminier. IL y a une musique, pleins de galonnés et étoilés et des
civils. Notre rôle sera de rendre les honneurs lors de différents
moments de la cérémonie. Fastoche. Marseillaise, dépôt de gerbes, etc.
Alors que nous présentons les armes, un groupe de personnalités nous
passe en revue. Parmi elles une dame toute vêtue de noir qui marche
tête baissée et semble nous ignorer. Le groupe s’éloigne et le chef Jan
me dit tout bas, j’étais à sa gauche ;
C’est madame Lherminier. Durant la
cérémonie elle se trouvait face à nous et elle a bien dû voir que nous
portions le ruban Casabianca et que le chef avait le fanion. Etrange
attitude lorsqu’elle passe près de nous. Etait- elle intéressée par
cette cérémonie ? Cette première partie étant terminée, nous
retournons à la base de Saint-Raphaël pour le repas. Une autre
cérémonie est prévue l’après-midi. Le point de rendez- vous de
l’après-midi était proche d’un restaurant là où déjeunaient les
officiels. Un gendarme maritime assurait la surveillance de
l’établissement, il discute avec celui qui nous avait pilotés et
explique que le repas avait été houleux entre les partisans du
Commandant Lherminier et d’autres qui l’étaient moins. Il avait bien
failli intervenir. Nous nous rendons ensuite en bord de mer par un
chemin escarpé, à peine déblayé des roches inutiles. Sur un rocher à
deux pas de la mer, une plaque a été apposée à l’endroit où ont été
débarqués les agents. Tant bien que mal nous assurons notre tâche dans
un alignement approximatif. La cérémonie terminée, demi tour. Tout le
monde se trouve devant nous. Survient alors un amiral qui interroge le
chef Jan ;
C’est le fanion du Casabianca ?
Oui amiral !
Trop précieux pour être confié à un
second maître ! Et il enlève le fanion du P.M et s’éloigne en
courant. Compte tenu du monde qu’il y a devant nous, le chef ne
parvient pas à le rattraper, et le fanion disparaît. Le chef
habituellement calme est très en colère. il avait rencontré le
Commandant Lherminier dans un hôpital en Amérique. Il fait part de la
mésaventure au Gendarme maritime qui va rendre compte dès son retour.
Pour nous le retour se fait en silence. Le chef Jan rend compte
immédiatement à l’officier de garde lors de la restitution des armes.
Ce n’est qu’une quinzaine de jours plus tard que nous avons été avisés
que la restitution du fanion venait de se faire. Un soulagement. Que
penser de cette journée. Elle m’a profondément marqué. Les invités
étaient- ils conscients de ce que cette cérémonie représentait pour
certains ? Ne pouvaient- ils point laisser au placard leur point
de vue ? Par la suite il m’est arrivé d’assister à des
inaugurations de monuments commémoratifs et jamais il n’y eut ce genre
d’incident.
bulletin ACOMAR décembre 2004
Cérémonie à la mémoire du CAPITAINE DE VAISSEAU L'HERMINIER 52
éme anniversaire de sa mort
présence d'un ancien du sous marin CASABIANCA Monsieur CARDOT
07 Juin 2005 BASE NAVALE D'ASPRETTO Commandant CF BERTHOD
corse matin du 13-06-2005
A.G.A.A.S.M. section Minerve
SOUS-MARIN " CASABIANCA "
En
Mai 1999, la section du Finistère des Anciens sous-mariniers alors sous
la présidence de Paul Le Maout a organisé un Congrès International qui
a amené à Brest bon nombre de délégations étrangères dont des
allemands, des autrichiens, des italiens, des américains des anglais,
des chiliens et même pour la première fois, une délégation de russes.
Depuis
cette date la section " Minerve " par l'intermédiaire de sa déléguée
aux relations internationales (Mme M.C. Finiger) ancien professeur
d'anglais au lycée de kérichen envoie régulièrement les vœux de notre
section aux présidents des amicales de sous-mariniers étrangers.
Le 27
novembre 2004 la Bofost a organisé la journée nationale du
sous-marin puisque cette date du 27 Novembre a été choisie
en hommage pour l'évasion sous les bombardements allemands en 1942 de 5
de nos sous-marins de la base de Toulon pour rejoindre les côtes
africaines et poursuivre le combat aux cotés de nos alliés anglais.
Parmi ces sous-marins, figure le fameux sous-marin " CASABIANCA
" qui au cours de différentes missions, en particulier de missions en
corse à permis de débarquer plusieurs agents et matériels sur cette île.
Pour
marquer un peu plus cet anniversaire, la section " Minerve " à décidé
d'offrir aux Forces Sous-Marines d'active la maquette du " CASABIANCA
" et cette dernière a été remise à l'Amiral commandant les Forces
sous-marines françaises après la grandiose cérémonie en mémoire de
l'équipage de la " Doris " coulée le 8 Mai 1940 par le
sous-marin allemand U-9 et dont l'épave a été retrouvée par deux
plongeurs hollandais en juin 2003 par 26 m de fond et à 30 milles
environ à l'ouest du Helder. Les moyens mis en œuvre par la marine
nationale en particulier par le chasseur de mines " Cassiopée " ont
permis d'authentifier formellement l'épave et cette découverte à permis
qu'un hommage solennel soit enfin rendu aux 45 hommes d'équipage
français mais aussi à l'équipe de liaison britannique présente à bord
et composée de : Lieutenant Westmascott Richard (RNVR), du
yeoman of signals Wilson Harry et du télégraphist Sales
Charles. C'est pour cette raison que l'Amiral Lambert commandant
les Forces sous-marines de grande Bretagne était à Brest pour ces
cérémonies.
J'en
arrive, à cause de ces personnels qui étaient embarqués sur les
sous-marins français à vous parler d'un homme de nationalité
britannique qui lui aussi a été embarqué comme agent de liaison sur le
fameux sous-marin " Casabianca ".
Il
s'appelle Charles william Beattie, né le 26 Février 1923
qui a fait une carrière sur les sous-marins britanniques mais qui en
1943 a été affecté comme agent de liaison sur le " Casabianca
" pendant une longue période avec le sub-lieutenant de réserve Stainton
(RNVR), le quartier-maître radio Huntingford et donc, Charles
William Beattie comme timonier (Ces noms se trouvent à la page
212 du livre " Casabianca " des éditions France -Empire 1ère édition).
Il est dit aussi sur cette page que ces hommes sont devenus de
véritables membres d'équipage attachés sentimentalement à leur bateau
au même degré que les français.. Sur leur béret anglais, les deux
quartier-maîtres portaient le ruban français, ils ont été considérés et
estimés des nôtres et ils ont fourni un bel exemple de la fraternité
alliée dans la lutte contre un ennemi commun .
Ce Charles
William Beattie toujours en vie, par ses actes de bravoure à bord
du " Casabianca " est titulaire de la Croix de Guerre
avec étoile d'Argent.
Remise de la maquette du " CASABIANCA "
Chanson du " CASABIANCA "
1er Couplet
On les a vus le 27 Novembre quitter Toulon
A la barbe des Teutons
Et malgré grenades, mines et bombes
Gagner Alger pour continuer le combat.
Refrain :
Le vrai corsaire sur cette mer
Ne cherches pas, c'est le " CASABIANCA "
Arrière, arrière flotte hitlérienne
Tu ne pourras lutter contre ces gars
2ème couplet
Puis un beau jour, à bord un ordre arrive
Et le " Casa " part pour une mission
D'où il revient tout couvert de gloire
Et ses marins, de belles décorations
3ème couplet
Un autre jour, au cours d'une patrouille
Dans l'périscope un bateau apparaît
L'Pacha s'écrie " préparez les grenouilles "
Dans un " Bading ", le bateau disparaît
4ème couplet
Puis après ce vaillant torpillage
Quand l'escorteur vient nous grenader
On n's'en fait pas car nous avons confiance
Dans le " Casa " de nous tous bien aimé
5ème couplet
Mais hélas, la guerre n'est pas finie
Et le " Casa " fièrement reprend la mer
Pour s'en aller sur les côtes ennemies
Plein d'espérance pour délivrer la France
Dernier refrain
Le vrai corsaire sur cette mer
Ne cherchez pas c'est le " Casabianca "
Arrière, arrière flotte hitlérienne
Tu ne pourras lutter contre ces gars
Arrière, arrière flotte hitlérienne
Jamais tu n'auras le " Casabianca "
Si quelqu'un pouvait me donner l'air de la chanson ce serait SUPER
;;;;Merci
Mon cher ami, c'est avec
plaisir que je vous donne l'autorisation de publier sur votre site
notre article concernant le "Casa" en espérant que vous ayez beaucoup
de visiteurs. Amicalement Claude Rogel président de
la section "Minerve"
Des anciens des services secrets à bord du
Casablanca
Nageurs de combat et sous-marin
d'aujourd'hui.
Perpétuant le souvenir de l'illustre
sous-marin qui déposait discrètement sur les côtes françaises des
agents secrets et ravitaillait la résistance corse, le Casabianca moderne
maintient des liens étroits avec les hommes et les femmes qui se sont
engagés à servir dans l'ombre les intérêts de la France. C'est
avec l'amicale des anciens des services spéciaux de la Défense
nationale que les équipages du Casablanca revivent
régulièrement ces moments glorieux et parfois douloureux de notre
histoire. Cette association, fondée il y a 50 ans par un héros de la Libération ,
rassemble les anciens combattants, résistants, réseaux FFC et
personnels spécialisés, c'est-à-dire tous ceux qui ont choisi de
travailler dans les différents services secrets et services action de la Défense. Elle
parraine un sous-marin et deux avisos dont les noms de baptême sont
ceux de marins résistants : LV Lavallée et LV Le Hénaff. Répondant
à l'invitation de l'équipage bleu, une trentaine de membres de
l'amicale conduite par le médecin général inspecteur, délégué de la
région Paca, et par le colonel, délégué du Var, s'est rendue à Toulon
pour visiter le Casabianca en période d'entretien et pour se voir
présenter les missions opérationnelles des SNA et des commandos Hubert.
Rue Casabianca
Dans la catégorie des parrainages réussis,
citons les échanges constants et chaleureux qui unissent la ville de
Moulins et les équipages du Casabianca depuis 1992. Le
parrainage s'est enrichi cette année d'une initiative nouvelle. Le
conseil municipal a accepté d'inaugurer une rue du nom de notre
sous-marin.
Une joyeuse cérémonie réunissait le 4 juin
une bordée de marins du Casabianca et de Pierre de Casabianca,
descendant du valeureux Luc de Casabianca, autour du député-maire
Pierre-André Pérrissol. Cette rue, que ne manqueront pas d'emprunter
nombre de concitoyens puisqu'elle accueille la Maison des
associations célébrera à elle seule trois symboles de la Marine :
• Luc de Casabianca, tombé héroïquement en
combattant l'illustre Nelson lors de la campagne d'Égypte :
•Le légendaire sous-marin du commandant
L'Herminier qui appareilla
de Toulon un certain 27 novembre 1942 pour
prendre part aux combats de la Libération
·L'actuel SNA Casabianca.
Des
lycéens sur le SNA
Le programme
de la journée inaugurale était spécialement étudié pour visiter la
ville et renouveler les liens de fidélité au carré de l'amicale des
anciens marins. De retour de cet agréable week-end où nos marins ont
été particulièrement choyés par leurs hôtes moulinais, il était juste
temps de mettre son sac à bord pour une patrouille estivale mais non
moins opérationnelle. La prochaine étape de ce parrainage vivant sera
d'organiser des stages professionnels au profit d'élèves du lycée
technique de Moulins sur le chantier d'entretien des SNA. grâce à la
complicité des ateliers de Base soumed. Vivement la rentrée
Les
traditions ne sont pas un vain mot dans la Royale. C'est
ainsi que les anciens sous-mariniers du Finistère, section « Minerve », sont venus rendre hommage
au sous-marin « Casabianca » dont le kiosque a été érigé en monument à l'entrée du port.
Organisée par la Ville de Bastia en liaison avec la Délégation militaire
départementale et le Commandement de la Marine en Corse, lacérémonie s'est déroulée avec
la participation d'une cinquantaine
d'anciens sous-mariniers du Finistère et leur président Claude
Rogel, une délégation de marins servant en Corse, une délégation et le drapeau de l'Association des anciensmarins et marins anciens combattants de la Corse (Président
Torre), les drapeaux et une
délégation des Anciens
combattants de Bastia (président Bernardini), en présence de Jean Marc Paoli,
adjoint au maire délégué aux Anciens
Combattants, le lieutenant-colonel
Benitendi, D.M.D,
le capitaine de
frégate Noyant (COMAR Corse),le
capitainede
corvette Blua (AFFMAR). Maître de
cérémonie, comme à l'accoutumée,
le major Guy Limongi.
Aux ordres du lieutenant-colonel Benitendi, l'assistance a rendu les honneurs cependant que le drapeau était hissé
sur le kiosque.
Après un dépôt de gerbes, l'assistance
s'est rendue à l'Espace saint Angelo où Marc Luciani, délégué Mémoire de l'Office
national des Anciens combattants
et le major Limongi ont présenté le film « Casabianca » qui relate les diverses
opérations auxquelles le glorieux
bâtiment aux ordres du
commandant l'Herminier a participé en sou-tien de la Résistance corse.
A cette occasion, la major Limongi a évoqué la mémoire de
l'amiral Nelson, le vainqueur de la flotte française qui,
avant de mourir, avait manifestéle souhait d'être enseveli dans un cercueil fait du bois du grand
mât de « l'Orient », le
vaisseau-amiral de l'expédition de Bonaparte en Egypte, à bord duquel ont trouvé la mort Luce de Casabianca et son fils Giocante, qui a tenu à rester jusqu'au bout aux côtés de son père, malgré les exhortationsde ce dernier qui lui
demandait de se sauver.
S'appuyant sur les données historiques qui constituent la trame de ce diaporama, Guy Limongi n'a pas manqué de souligner que la Corse avait
bien été le premierdépartement
français libéré, quoi qu'en
disent certaines chroniques et manuels d'histoire.
Au moment de
l'échange des cadeaux, il a
offert au président
des Anciens sous-mariniers du
Finistère un document qui est l'historique de la carrière du « CASABIANCA »,
sauvé de l'oubli par la Ville
de Bastia après diverses péripéties que nous avons déjàeu l'occasionde relater dans nos pages.
De leur propre
aveu, un grand moment pourles
visiteurs, venus à la découverte
de la Corse accompagnés de
leurs épouses.
09 SEPTEMBRE 2006
ANNIVERSAIRE DE LA LIBERATION
DE LA CORSE
MONSIEUR CARDOT ANCIEN QUARTIER MAITRE DU
CASABIANCA RECOIT LA TAPE DE BOUCHE DE L'AVISO COMMANDANT L'HERMINIER
DE LA MAIN DU CAPITAINE DE CORVETTE COMMANDANT DU BATIMENT
envoi de MARCO CASTEL 01-12-2006
ERICK RÜCKSTÜHL RACONTE EN BD
"LE CASABIANCA"
25-04-2007
BANDE DESSINÉE
Avec l'équipage du «
Casabianca »
Hier, la bande
dessinée était intimidée face à l'Histoire. Aujourd'hui c'est elle
qui la fortifie et qui exprime le désir
d'en découdre avec la mémoire. «
Casabianca » - chronique de
l'épopée terrible et héroïque du sous-marin Casablanca - l'album
d'Eric Rückstühl le: prouve tout en développant un univers
singulier où se mêlent fantastique et poésie.
C'est Antoine
Guidicelli, l'ancien diéséliste du navire, habité par le devoir de
mémoire, qui trouve le principe de l'organisation de l'intrigue. Sans
doute parce qu'il comprend, depuis le col de Teghime un beau matin
d'août 2008, que les éléments d'un vide absolu vont se mettre en place,
effacer les traces, liquider « ses pauvres souvenirs de guerre ». C'est
fatal. C'est le cours inexorable des
choses. L'oubli avec sa férocité avance sur tous les fronts. II meurtri
« cette digue que la mer érode
comme le temps qui fuit me mine
». II s'insinue dans la routine de vie bastiaise, s'épanoui du côté de
la plage qui révèle une jeunesse insouciante et bronzée.
Dans le monde
d'Antoine, seule l'écriture permet
de sortir de cette impasse, de rester
en constant commerce avec le passé. Celui qu'on convoque comme un via-tique, qui a à voir
avec les odeursde diesel, d'huile des moteurs et quivibre au rythme de la vaillance des sous-mariniers du Casablanca. II
suffit de trouver la formule pour faire reconnaître cet épisode au-delà des ténèbres, abattre les cloisons qui crispent les époques. Elle s'incarne dans le carnet intime, sorte de testament improvisé jaillicomme une nécessité. La force decette contribution tient aux sautes d'humeur du hasard. Le rapprochement de Grégoire est une pièce maîtresse de l'ensemble. A l'image de son père Corsu - il « a fait la une pour des histoires de mazzerisme et autres dons ésotériques
dans les journaux »- le jeune homme a le regard scrutateur. Il nourrit
des fascinations, éprouve des émotions rétrospectives. Il se plaît à
manipuler le temps, à bous-culer avec audace les règles de la raison.
D'ailleurs, en sa présence, le passé se met en quatre pour faire écho à
son acuité sensoriel-le. Au point d'unir les hommes que séparent les
siècles. Antoine ne s'y trompe pas. La rencontre a valeur de signal. Il
jubile. Le moment est venu de se défaire des petites contingences
terrestres. Désormais, les bizarreries dictées par les caprices des
réminiscences peuvent interrompre et sublimer le quotidien apparemment
réglé de la vie et dérouler une dramaturgie insolite
Les
petits bonheurs ressentis place Saint Nicolas dérapent, la réalité se
dilue et les destinées changent
de cap. Dans ce chaos,
le kiosque du Casabianca, « bringuebalé de Bretagne et dans diverses
villes corses, finalement
découpé en plusieurs morceaux avant
de finir ici (à Bastia) », s'arroge
le rôle décisif. Avec en plus un mot d'ordre : destination Toulon
avec sa rade champ de bataille,
son atmosphère de débâcle, ses bombes
allemandes, ses ordres desabordage
et ses marins indociles.
Pour échapper à la tourmente reprendre le
combat il fallait du courage. Le commandant l'Herminier et son
équipage l'on eu. Face aux risques insensés, il fallait aussi de
l'inconscience, de la véhémence. Elles
enflent au moment du passage à travers les filets anti sous-marin, au
gré d'une rencontre avec un remorqueur, de l'arrivée dans le port d'Alger, sous le
feu des grenades ennemies. Le
destin offre au navire quelques
coups de pouce. Mais d'autres
combats l'attendent, toujours plus angoissants, toujours plus
secrets. Le danger, les retrouvailles
avec la liberté qu'il suggère,
deviennent une forme d'identité pour le Casabianca et ses hommes. La
silhouette furtive du sous-marin surgit de la nuit, du monde du
silence, sur les plages de Saleccia, d'Arone, de Chiuni, dans les golfes de Lava,
d'Ajaccio, de Favone. Le sous-marin
s'en retourne-t- en guerre avec des tonnes d'armes, de
munitions, ou bien en se lançant pour
défi le transport du Bataillon de Choc. Tout au long de l'année
1943, les Corsesse sont acclimatés
à sa présencerassurante, à ses
escales où l'onse sent survivre
plus intensément.
Suivre Antoine et
Grégoire, c'est aussi trouver une
place aux côtésdes tirailleurs.
Les pensées de ceux-ci sont
indissociables de la mission à accomplir : «
Détruire un poste allemand tenu parla
division 'DasReich' au col de
Teghime. » L'épisode prend forme à
travers la silhouette frêle d'un adolescent de 14 ans, se gorge de
violence à proximité de la « dernière ligne défensive
allemande», à la seulevue d'une Schnellboat ». Le
chocest effroyable : «
Plusieurs vagues d'assaut se
heurtèrent à la maturité guerrière des tireurs SS qui occasionneront de
lourdes pertes à l'armée
d'Afrique et aux unités italiennes ralliées. »
Mais
Rückstühl a aussi le souci de
brouiller les pistes trop simples.
Bientôt, le périple du sous-marin Casablanca rejoint le sillage de l'Orient
au coeur d'un théâtre d'orage
et de violence. Le «
1 er août 1798 en rade d 'Abou-kir,
la flotte
française est attaquée par surprise par la flotte
anglaise aux ordres de l'Amiral Nelson. » Sur le pont du navire Luce de
Casabianca est ardent, fier.
Sa présence magnétique s'impose
à tous. Il est accompagné de son fils de Giocante âgé de 11 ans.
Bousculés par une mer aux embrasements impitoyables, les deux
vescovatais donnent un sens solennel à ce qu'est l'engagement, au
culte du sacrifice qui mène au dépassement de soi. L'épisode à la fois
noble et barbare diffuse un entêtant parfum d'espoir et change de
contours pour
« s'inscrire dans les poèmes
des enfants de Portsmouth. »
Un
imaginaire débordant, inventif.
Des lieux décrits d'un trait
épuré, cinglant, les ancrant dans un réel repérable. Une rare faculté
à rendre l'émotion d'un regard ou d'une situation.
Il
souffle chez Rückstühl une
allègre brise de liberté créatrice.
Véronique EMMANUELLI
CASABIANCA,
une
aventure de
Corsu; Rückstühl, DCL Editions, 12,50 euros
CASABIANCA
Année de lancement : 1935
Type ou série : Sous-marin
de 1ère classe de
1500t.
Même type de bâtiment
t : SFAX - LE CONQUERANT.
Observations : Numéro de
construction : Q 183.
Atlas
commun : LE CONQUERANT - SFAX - CASABIANCA.
Construit
aux Chantiers de la Loire à Saint-Nazaire sous le nom CASABLANCA, il
sera baptisé CASABIANCA
à
son lancement et retiré du service le 17 juin 1952.
N° plan
Désignation
Ech.
Dim.
Année
Cart.
Gisement / Fichier
PLANS DE BASE
1
Plan des formes
: Sections longitudinales,
sections horizontales.
1/50
2,00x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C001
2
Vertical : Sections transversales.
NP
0,55x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C002
4
Plan d’échouage
: Vue longitudinale,
projection horizontale.
0,01 1/10
1,25x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C004
6
Plan
d’emménagement : Coupe
longitudinale, vue horizontale, détails spécifiques au CASABIANCA.
1/50
1,90x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C006
7
Plan
d’emménagement : Coupes
horizontales au-dessus et au-dessous du parquet, coupe horizontale à
1,00 m de la ligne 0, différentes sections transversales.
1/50
2,20x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C007
39
Ensemble des
montants, arceaux et tentes de la passerelle. Abri de navigation
NP
1,35x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C039
PHOTOGRAPHIES
A(31)
Phases de
construction et vues en mer
31 < A4
19321936
360
2.2.0.04.55.05.4
1/4 Centre des archives de l’armement
et du personnel
CASABIANCA (1935)
PLANS DE DETAILS
COMPLEMENTAIRES (Liste non exhaustive)
COQUE
3
Coupe au maître
1/10
1,05x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C003
8
Coupes
d’échantillonnage, avec
numérotage des divers compartiments
1/50
2,00x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C008
9
Charpente AR. Coupes horizontales et longitudinales
1/10
1,80x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C009
10
Charpente AR. Coupes longitudinales et transversales
1/10
1,85x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C010
11
Water-ballast
extrême AV. Coupe
longitudinale
1/10
1,50x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C011
12
Water-ballast
extrême AV. Coupes
transversales
1/10
2,00x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C012
13
Water-ballast
extrême AV. Coupes
horizontales
1/10
1,50x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C013
PASSERELLE ET ABRI DE
NAVIGATION
26
Disposition de
la passerelle du couple 7 au couple 37. Projection horizontale. Coupe longitudinale
1/10
1,55x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C026
27
Disposition de
la passerelle du couple 7 au couple 37. Coupes transversales
1/10
1,55x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C027
32
Disposition de
la passerelle du couple 86 au couple 122 : Coupes transversales.
1/10
1,55x0,75
1938
Atlas1
1.2.0.05.02.02.7
33
Disposition de
la passerelle du couple 122 au couple 143. Projection horizontale. Coupe longitudinale
1/10
1,25x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C033
34
Disposition de
la passerelle du couple 143 au couple 171. Projection horizontale. Coupe longitudinale
1/10
1,50x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C034
37
Abri de
navigation. Coupes
longitudinale et horizontales
1/10
1,50x0,93
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C037
38
Abri de
navigation. Coupes
transversales
1/10
1,90x0,75
1938
Atlas1
LE
CONQ1934C038
EMMENAGEMENTS
51
Chambres et
poste au-dessus de la plate-forme des accus. Coupes longitudinale et horizontales
Brisant ses chaînes le 27 novembre 1942 à Toulon, le
Casabianca sera désigné comme le bâtiment de guerre rattaché à l'île de
Corse ; ses missions étaient de transporter nuitamment armes,
munitions, agents de renseignement civils et militaires nécessaires à
l'organisation de la Résistance insulaire et à la lutte contre
l'envahisseur.
Devenu le sous-marin
du maquis, il aura des
missions extraordinaires lors de l'opération Vésuve sur la Corse. Comme
l'a déclaré le commandant L'Herminier : « nous avons rivalisé avec le
cheval de Troie » ; lorsqu'il avait été amené le I l septembre 1943, à
entasser dans tous les coins, recoins des coursives à la salle des
machines et même au poste de commandement, 109 hommes d'un bataillon
spécialisé dans la guérilla avec leurs armements.
Ces commandos devaient prêter main-forte aux patriotes
locaux, en insurrection depuis le 9 septembre ; avec de grandes
difficultés de viabilité à bord le sous-marin arrivera à Ajaccio dans
la nuit du 12 au 13 septembre à 1h00 pour y débarquer la compagnie du
Bataillon de Choc qui fut la première unité à poser le pied sur le sol
de France et tiendra la tête de pont couvrant Ajaccio et son port.
La libération de la
Corse verra l'intervention du premier corps d'armée et les éléments
rattachés à la quatrième Division Marocaine de Montagne, ainsi que les
Goumiers du deuxième Groupe des Tabors Marocains, du 13 septembre au 4 octobre, date de la libération de Bastia et de
la Corse qui devient le premier département
français libéré.
A ce jour, après des
recherches sur cette épopée, nous savons 3 commandos encore en vie
ainsi que 1 l marins de l'équipage.
Hommage
en soit rendu aux morts
La silhouette majestueuse du Casa est
toujours là provocante avec ses 2 périscopes pointés vers le ciel,
semblant émettre unsignal céleste de
remerciements, tel un ex-voto, pour la liberté retrouvée.
Limongi G.G. (bastia le 4/10/2007
NP = Non précisé Date d’établissement de la fiche :
13 novembre 2000
SO = Sans objet Date de révision de la fiche : 10
octobre 2005
3/4 Centre des archives de l’armement
et du personnel
Le
23 août 2014 s’est éteint le dernier membre de l’équipage du sous-marin
de la classe 1500 tonnesCasabianca.
Sous les ordres successifs des commandants Sacaze, L’Herminier et
Bellet, il a mené des actions décisives au cours de la Seconde Guerre
mondiale, en particulier pour libérer la Corse. Avec 7 citations et le
port de la fourragère rouge, il s’est imposé comme le symbole de l’état
d’esprit et de la combativité des sous-mariniers.
Le
sous-marin Casabianca de la classe 1500 tonnes
Le
sous-marin est lancé en 1935 et porte le nom du capitaine de vaisseau
Luce de Casabianca. Ce dernier avait servi sous les ordres de Napoléon,
en particulier lors de la bataille d’Aboukir en 1798 où il est
mortellement blessé aux côtés de son fils.
Le
sous-marinCasabianca s’illustre
dès le début de la Seconde Guerre mondiale, sous les ordres du
capitaine de corvette Sacaze. Il obtient sa première citation dans les
fjords de la mer du Nord dès 1940.
En
1942, le capitaine de corvette L’Herminier prend le commandement. Il
s’attache à développer les compétences de son équipage :
entraînements incessants, sorties de cohésion dans les collines,
répétition des gestes dans le noir absolu. Surtout, avec son équipage,
il met au point des astuces pour tromper la convention d’armistice sur
les réserves en gasoil. Malgré les inspections, les caisses se
remplissent.
Puis
l’Allemagne envahit la zone libre. Elle souhaite s’emparer de la flotte
française basée à Toulon et entre dans l’arsenal le 27
novembre 1942. Mais les sous-marinsVénus,Casabianca,Marsouin,Iris etGlorieux appareillent
en moins de 5 minutes. Certains réussissent à s’échapper, d’autres non.
LeCasabianca obtient
sa deuxième citation.
Dès
son accostage à Alger, le commandant L’Herminier se rend à l’amirauté
faire part du désir de son équipage de repartir au combat. Moins de
deux semaines plus tard, il appareille pour débarquer quatre agents de
renseignement en Corse.
Les
missions spéciales se succèdent en Provence et en Corse, en particulier
pour cacher des munitions au profit de la Résistance. Chaque opération
suit le même schéma : une approche de nuit, une journée passée
posé sur le fond dans des conditions d’insalubrité difficiles et au
bord de l’asphyxie, un retour en surface la nuit suivante pour
transborder rapidement et dans le plus grand silence des caisses
d’armes. La plus grande fierté de tout l’équipage est sans aucun doute
que toutes les livraisons aient été récupérées par le maquis.
Les
résultats forcent l’admiration : 35 tonnes débarquées au total.
Trois nouvelles citations viennent le récompenser. Les britanniques lui
attribuent le pavillon Joly Roger à tête de mort, offert uniquement aux
sous-marins les plus méritants. Mais le Casabianca ne s’arrête pas
là et, le 23 septembre 1943, il débarque 109 hommes du bataillon de
choc à Ajaccio. Il devient ainsi l’auteur du premier débarquement d’une
force de libération sur le sol de France, qui plus est entièrement
française.
Le second maître radio Pierre Favreau
A
17 ans, Pierre Favreau s’engage dans la marine. Après sa formation de
radiotélégraphiste, il rejoint le sous-marinGlorieux en
océan Indien pour des missions de soutien. Les conditions sont déjà
rudes : chaleur et hygrométrie importantes, douches impossibles,
nourriture stockée dans des conditions douteuses. Mais cette arme lui
plaît et, en 1942, il est affecté sur leCasabianca.
A
bord, il découvre un esprit d’équipage hors du commun. C’est d’ailleurs
tout l’équipage sans exception qui décide d’aller voir le commandant
pour lui affirmer sa volonté de ne pas se saborder. L’Herminier en sera
particulièrement ému.
Au-delà
de l’échappée du port de Toulon, cet esprit d’équipage leur permet
d’affronter les plus grands dangers : les journées à plus de 60
grenadages, dépasser l’immersion maximale avec plus de 45° d’assiette à
descendre, attaquer à la torpille en marche arrière, naviguer en
plongée par des fonds de 35 mètres. Pierre Favreau le disait lui-même
« À bord c’était tous pour un et un pour tous. On avait un esprit
d’équipe extraordinaire. On a eu des coups durs mais on est tous restés
ensemble pendant trois ans. »
Après
la démobilisation, l’équipage reste uni et fonde l’amicale des anciens
duCasabianca.
Pierre Favreau en est l’un des plus ardents artisans. Il est présent,
avec les AGASM, à toutes les cérémonies. Il remet les fourragères aux
nouveaux embarqués et nous fait vibrer à chacun de ses récits. Il était
devenu un membre de notre équipage.
Avec
sa disparition, l’histoire duCasabianca ne
peut plus être racontée. Désormais, c’est la légende duCasabianca qui
nous sera contée : celle d’un équipage composé d’hommes ordinaires mais
qui, ensemble, ont su former un équipage extraordinaire.
Un symbole pour les forces sous-marines
LeCasabianca est
devenu un symbole fort des forces sous-marines. Il porte les valeurs
qui nous caractérisent. D’ailleurs, L’Herminier écrivait
« l’équipage d’un sous-marin a une vie commune, court des risques
communs, partage une gloire commune, et si l’heure sonne, trouve une
mort commune. »
Preuve
en est la date du 27 novembre choisie comme journée du sous-marinier.
Comme un clin d’œil pour rappeler qu’il n’y a pas de fatalité,
qu’aucune défaite n’est définitive.
Son
patrimoine et ses traditions sont donc importants et forment un
formidable levier de cohésion et de motivation pour les équipages
actuels qui se veulent à la hauteur de leurs anciens. Tous ont
d’ailleurs un objectif commun : « que les valeurs qui nous
animent puissent continuer à se transmettre grâce à un cinquième
Barracuda qui serait baptiséCasabianca,
afin que perdure encore pour longtemps notre devise « In Bello
Leones, In Pace Columbae ».
http://hleno.revues.org/111
MONSIEUR
ANGE LEHON Il a
servi sous les ordres des commandants L'Herminier et Bellet à bord du
sous-mariCasabianca,
du 01/03/1943 au 01/06/1945.
Un héros
pour tous : Jean Lherminier et le Casabianca, figures
emblématiques du mythe résistancialiste de 1942 à nos jours
Le
27 novembre 1942, le sous-marinCasabiancacommandé
par le capitaine de frégate Jean Lherminier parvient de justesse à
s’échapper de la nasse toulonnaise et à gagner Alger. De
décembre 1942 à fin 1943, il effectue plusieurs missions spéciales
périlleuses sur les côtes corses et provençales. Ces faits d’armes ont
un retentissement immédiat et considérable. L’action et la figure de
Jean Lherminier sont largement et immédiatement célébrées et
médiatisées par les autorités politiques et militaires. À la
reconnaissance officielle répond un engouement populaire. Ce consensus
et ces louanges sont durables par-delà les régimes, les alternances
politiques et le renouvellement des générations, de la mise en avant de
la geste duCasabiancapar
la République gaullienne dans les années 1960 aux multiples
commémorations des années 2000 initiées tant par l’État que par les
collectivités locales ou lamarinenationale dans ses
différentes incarnations. Il
s’agit tout d’abord de mettre à jour les composantes, significations et
fonctions de la figure du héros militaire. Pour ce faire, on se base
essentiellement sur le fonds privé Lherminier conservé au Service
historique de la défense à Toulon et l’on suit un fil chronologique qui
vise à faire apparaître les continuités, ruptures et reclassements de
l’héroïsation. Quatre
dimensions se dégagent : Lherminier et leCasabianca,et, au-delà, le héros
militaire, sont bien une figure de proue du mythe résistancialiste.
Ensuite, l’officier de
marineoccupe
une place spécifique dans le panthéon des héros militaire tout en
s’inscrivant dans des structures mythologiques génériques. L’étude des
interactions entre les différents acteurs locaux et nationaux,
institutionnels et privés dans la mise en forme et la commémoration de
la geste héroïque est aussi un bon révélateur de l’articulation de
mémoires et d’identités collectives particulières plus ou moins
enchevêtrées et concurrentes. Enfin, en permettant d’établir uncontinuumdans
le temps et dans l’espace, Lherminier offre un type de héros militaire
qui, autant par ses faits d’armes que par un parcours, rassemble,
unifie et réconcilie quel que soit le « lieu » d’où l’on
considère son itinéraire. Cette fonction « sacrale » est sans
doute la raison principale de la pérennité de son héroïsation
consensuelle par-delà les mutations et les reclassements du culte que
l’on peut observer.
1Le
27 novembre 1942, le sous-marinCasabiancacommandé
par le capitaine de frégate Jean Lherminier parvient de justesse à
s’échapper de la nasse toulonnaise et à gagner Alger. De
décembre 1942 à fin 1943, il effectue plusieurs missions spéciales
périlleuses consistant à déposer armes, troupes spéciales et résistants
sur les côtes corses et provençales. La plus spectaculaire et la plus
médiatisée a lieu le 13 septembre 1943 quand il débarque dans le
port d’Ajaccio 109 hommes du Bataillon de choc, donnant le coup d’envoi
de la Libération de l’île de Beauté.
2Ces
faits d’armes ont un retentissement immédiat et considérable. L’action
et la figure de Jean Lherminier sont largement célébrées et médiatisées
par les autorités politiques et militaires. Dès décembre 1942, le
sous-marinier est décoré et félicité par l’amiral Darlan et le général
Giraud pour sa spectaculaire évasion de Toulon. Moins d’un an plus
tard, le 27 octobre 1943, c’est au tour du général de Gaulle
d’honorer l’officier de marine amputédes deuxjambes,caril
a retardé le moment de se faire soigner après avoir refusé de quitter
son commandement avant la libération de la Corse. À la reconnaissance
officielle répond un engouement populaire jamais démenti. Dès la fin de
la guerre, ses apparitions publiques et écrits ne cessent derencontrerun large écho qui dépasse
les cercles militaires et anciens combattants. DeRivarolàL’Humanité,
la presse est unanime pour saluer sans réserve la mémoire d’un héros de
la Résistance et de la Libération quand Lherminier décède en 1953. Ce
consensus et ces louanges sont durables par-delà les régimes, les
alternances politiques et le renouvellement des générations, de la mise
en avant de la geste duCasabiancapar
la République gaullienne dans les années 1960 aux multiples
commémorations des années 2000 initiées tant par l’État que par les
collectivités locales ou la marine nationale dans ses différentes
incarnations.
1Paulgerbod,
« L’éthique héroïque en France (1870-1914) », dansRevue
historique, n° 544, octobre-d(...)
2HenriRousso,Le syndrome
de Vichy, Paris, Seuil, coll. « Points
histoire », 1990, 414 p.
3Nous tenons à remercier
tous ceux qui ont bien voulu nous recevoir et répondre avec franchise à
nos(...)
3On
retrouve ici une célébration souvent convenue des qualités du héros
(militaire ou non). La détermination sans faille et un courage physique
rare, un charisme hors du commun et un sentiment patriotique poussé
jusqu’au sacrifice suprême sont autant d’éléments récurrents d’un
véritable archétype. Le discours sur Lherminier reflète l’impact au
long cours d’une « éthique héroïque » promue par la Troisième
république dès avant la premièreguerremondiale
qui se structure autour de l’école et de l’armée. Le héros militaire
est au cœur d’une véritable pédagogie des valeurs via une incarnation
exemplaire et édifiante qui permet l’identification1.
Au-delà de ces aspects désormais bien connus, nous voudrions montrer
comment la fabrique et le destin du personnage Lherminier viennent
compléter et nuancer la figure du héros militaire que ce séminaire a
entrepris de cerner. Dans cette perspective, tout ensuivantun
fil chronologique visant à faire apparaître les continuités, ruptures
et reclassements de l’héroïsation, trois postulats ont été envisagés.
Tout d’abord, considérer le héros militaire en tant que figure de proue
du mythe résistancialiste. La posture politique unanimiste de l’après
19452vient
s’agréger tout naturellement, d’une part au substrat d’une culture
militaire ontologiquement axée sur l’exaltation de l’unité et de la
continuité, et, d’autre part, au terreau et d’un patriotisme
républicain délibérément consensuel et syncrétique depuis les années
1880. Ensuite, poser la question d’une éventuelle spécificité de
l’officier de marine parmi les héros militaires (en particulier la
figure du « pacha »). À travers le biais de la place
singulière qui est donnée au bâtiment ou à l’équipage commandés par le
héros, c’est un aspect de l’originalité de la culture navale au sein de
la culture militaire qui se dévoile. Enfin, nous avons privilégié
l’étude des interactions entre les différents acteurs dans lamise en formeet
la commémoration de la geste héroïque. Apparaît alors, à travers le cas
de Lherminier le jeu complexe et mouvant d’initiatives et de mémoires
collectives emboîtées (institutionnelles, locales et nationales) chères
à Maurice Halbwachs, sans oublier bien sûr la petite musique des
individus – à commencer par le héros lui-même et ses subordonnés. Ces
différents points d’attention devraient permettre de nourrir la
réflexion collective impulsée par Claude d’Abzac sur les significations
et fonctions du héros militaire, entendu comme un véritable idéal-type
au sens weberien. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés en priorité
sur le très riche fonds privé Lherminier conservé au SHD-marine à
Toulon (désormais SHD-T 28 S 1 à 3). Correspondances privées et
officielles et coupures de presse permettent de retracer l’essentiel
des commémorations de son action depuis 1945 jusqu’au début des années
2000. Ce dépouillement a été complété par des sondages ciblés dans la
presse institutionnelle, des recherches ponctuelles sur internet sur
les sites spécialisés, des sondages dans les archives opérationnelles duCasabiancaconservées
à Vincennes (SHD-V TT Y 106 et 107) et, enfin, quelques entretiens
auprès d’anciens combattants et du commandement de l’escadrille des
sous-marins nucléaires d’attaque (SNA)3.
À partir de ce corpus limité, il ne s’agit ici que de dresser un
premier tableau d’ensemble du culte du héros depuis 1945 en suggérant
quelques pistes d’interprétation provisoires.
4Lettre au ministre de la
Marine, 26 septembre 1946, SHD-T 28 S 2.
5C’est ainsi que l’on nomme,
dans le milieu de la Marine, les forces maritimes de Vichy, stationnées(...)
4Le
début de l’héroïsation de Lherminier présente la triple particularité
de commencer au lendemain du premier fait d’armes, la sortie de Toulon,
de continuer de s’enrichir au fur et à mesure que les missions du héros
s’enchaînent en Méditerranée et de se faire avec l’assentiment du
principal intéressé qui considère que sa conduite et celle de son
équipage ont eu « une valeur
d’exemple retentissante »4.
La marine nationale joue un rôle majeur dans cette mise en lumière. Il
est urgent de faire oublier l’engagement auprès de l’État français et
l’impact du sabordage de Toulon. Il importe de montrer qu’une nouvelle
marine existe, à commencer par cette marine « barbaresque5 » qui
en forme l’ossature et qui participe pleinement à la Libération. LeCasabiancaest
donc à l’honneur dans les magazines qu’elle contrôle et lors de la
grande exposition, « La Marine au combat », organisée du
22 décembre 1944 au 31 janvier 1945 au musée de la marine au
palais de Chaillot. Inaugurant un procédé promis à un bel avenir, les
cartels des photos prêtent des qualités humaines au sous-marin qualifié
de « vaillant » et
« fidèle ».
5Quoique
inapte à un quelconque poste opérationnel, son ancien
« pacha » est maintenu à titre exceptionnel au service actif
puis promu en décembre 1945 capitaine de vaisseau au titre des
services rendus, et enfin, nommé à titre honorifique au poste de chef
du Service historique de la Marine (SHM), une fonction que Lherminier
est dans l’incapacité de remplir car il doit se rendre aux États-Unis
pour se faire appareiller. Cette exploitation de son image n’est pas
que le fait de la Marine. Elle est aussi organisée par les autorités
politiques successives, de Darlan à de Gaulle en passant par Giraud.
Dès cette époque, cet officier de marine fait figure de héros pour tous.
6À titre d’exemple, voir le
reportage deQuatre et
Trois. Les 7 jours de l’actualité mondiale,1era(...)
7« Ce héros, qui est un
modeste, parle beaucoup de l’héroïsme de ses compagnons, jamais du
sien »,L(...)
6Dans ces
conditions, très rapidement, Lherminier et leCasabiancadeviennent
un symbole et une icône dont la diffusion dépasse largement la presse
institutionnelle. Au moins quatre facettes du héros sont mises en avant
à cette époque : un exemple du refus de la Collaboration, un
héraut de la marine au combat, un emblème de la sensibilité giraudiste
(même si cette dimension n’est jamais revendiquée expressément sauf
exception) et, enfin, l’homme gravement malade au courage physique
exceptionnel qui, de plus, a juré qu’il n’abandonnerait pas son poste
avant la libération de la Corse (on pense au serment de Koufra). La
photo d’un Lherminier alité et livide décoré par de Gaulle après sa
double amputation est ainsi très largement reprise dans la presse.
Au-delà des aspects militaires, chacun est invité à s’identifier au
combat contre la maladie et la souffrance (cette dimension est
ressassée jusqu’à la complaisance la plus morbide par les médias avec
un paroxysme lors du retour de Lherminier des États-Unis à l’été 1946)6.
Apparaît en filigrane le schéma christique récurrent de la mise en
récit dans une société encore profondément imprégnée par la culture
catholique : à sa façon, le héros offert à l’admiration de ses
concitoyens vit son calvaire, affrontant la souffrance et acceptant
stoïquement par foi patriotique la perspective du sacrifice suprême
pour le salut de tous. Dans la même veine, son abnégation n’a d’égale
que son désintéressement et on loue à longueur d’article sa
modestie et sa propension jamais démentie à s’effacer derrière ses
subordonnés7.
8Lettres du vice-amiral
Leclerc au vice-amiral d’escadre Moreau des 6 et 12 janvier 1943 et du
28 fé(...)
9Les ordres du jour et
comptes-rendus d’opérations conservés au SHD-M et les témoignages de
ses pair(...)
7Cette
image consensuelle et médiatique tranche avec une réputation beaucoup
plus ambivalente auprès de ses pairs et de certains de ses chefs. Si
tous louent son sens tactique, son allant et ses résultats, des
supérieurs émettent des critiques parfois sévères et réitérées. On
reproche à Lherminier son côté franc-tireur et d’effectuer ses missions
en partie en marge de la chaîne hiérarchique navale8.
Sont aussi pointés une volonté systématique et jugée complaisante de se
mettre en scène et un escamotage pour le moins opportuniste de ses
convictions et hésitations de juin 1940 à mi-novembre 1942.
Ces griefs, où une jalousie à peine voilée affleure souvent, seront
aussi exprimés par des membres de l’état-major de l’officier mais, de
façon feutrée, sans jamais devenir objet de débat public9.
La médiatisation de son évasion spectaculaire de novembre 1942
irrite aussi une partie des cadres qui y voient à juste titre un
désaveu de la conduite de la majorité et un manque d’équité envers ceux
qui servant sur des bâtiments de surface en sous-ordre, n’avaient pas
sa liberté d’action. D’autant que jusqu’en 1942, l’officier a eu une
carrière sans relief finissant par rejoindre sur le tard une arme
sous-marine alors peu reconnue par l’aristocratie des
« surfaciers ». Dans un autre registre, la personnalisation
poussée à l’extrême et la focalisation de l’attention sur les missions
duCasabiancasous
le commandement de Lherminier sont enfin mal vécues par une partie de
ceux qui ont combattu, souvent dans l’anonymat, dans les Forces navales
françaises libres (FNFL) depuis de longues années ou qui ont réalisé
des opérations similaires sans accéder à la reconnaissance publique.
Aujourd’hui encore, ces aspects ne sont connus que de quelques initiés
et ce silence mérite d’être interrogé par l’historien. En fait, en
interne, Lherminier demeure longtemps un marginal. Et son abandon forcé
et rapide du service actif ne vient que renforcer une distance
préexistante même si Lherminier reçoit après-guerre le soutien de la
Marine dans la mise en scène de son action, une mise en scène dont il
est, à partir de 1945, le premier acteur.
10Selon l’expression de sa
sœur Jeannette Lherminier.
11Lettres au ministre de la
Marine, 5 avril et 26 septembre 1946. Lettre au CEMGM du 4 avril 1946.
SH(...)
8Dès 1946, leCasabiancaest
honoré par les diverses autorités. Il reçoit la fourragère rouge pour
ses six citations à l’ordre de l’armée en septembre. Lherminier en
personne y a veillé : en avril, il s’adresse directement au
ministre pour plaider la cause de son bâtiment depuis son lit de
douleur à Philadelphie. De nouveau, en septembre, il plaide pour que
soit accordé le port individuel de la fourragère à l’ensemble de
l’équipage. Ces courriers sont doublés par des plis adressés au
vice-amiral Lemonnier, chef d’état-major général de la Marine
(désormais CEMGM), fidèle soutien du commandant duCasabiancaau sein de la marine
nationale11.
9Rapidement
cependant, une inflexion se fait jour dans les honneurs rendus au
bâtiment et à son commandant. Jusqu’ici, ils s’effectuaient dans un
cadre militaire et national, la marine nationale étant à la manœuvre
pour mettre en avant des opérations d’ordre militaire. Sans que cette
veine ne se tarisse, désormais, c’est davantage la contribution à la
Résistance qui est honorée, aussi bien par le gouvernement et les
autorités navales que par les acteurs corses.
10Le
sous-marin fait d’abord partie du cercle très restreint des
vingt-et-une unités militaires décorées de la médaille de la
Résistance. Instituée à Londres par ordonnance du 9 février 1943
par le général de Gaulle « chef de la France combattante »,
elle vise à « reconnaître les actes remarquables de foi et de
courage qui, en France, dans l’Empire et à l’étranger auront contribué
à la résistance du peuple français contre l’ennemi et contre ses
complices depuis le 18 juin 1940 ». Sont honorés des unités
militaires, des villes, des hôpitaux, des couvents… Par ce biais,
l’action de Lherminier est intégrée symboliquement à la France
combattante, au plus près de l’épopée gaullienne sans être confondue
avec elle. Elle devient un vecteur privilégié du mythe résistancialiste
savamment orchestré par le gaullisme avec l’assentiment de la majorité
des Français. Avec leGlorieux, laVénuset leMarsouin(les autres sous-marins qui
se sont échappés de la nasse toulonnaise le 27 novembre 1942), leCasabiancaest
une des seules unités non FFL distinguées (avec les écoles de
gendarmerie de Tulle et d’Autun et la Brigade de gendarmerie de
Lans-en-Vercors). C’est donc la sortie de Toulon qui est considérée
comme un acte de résistance. Il serait d’ailleurs vain de chercher dans
les faits d’armes duCasabiancaet
dans l’itinéraire de Lherminier un quelconque fait de résistance avant
le 27 novembre 1942. La décision n’est pas neutre : c’est
aussi un message adressé à la Marine et aux armées. Les seules unités
distinguées appartiennent en effet à l’infime minorité dont les
commandants ont désobéi.
12Copie de la lettre du maire
d’Ajaccio à Martine Baretti, 28 décembre 1945 relative à la décision du(...)
13« Je voudrais aussi en
terminant associer à la gloire des vivants celle des morts, le courage
heure(...)
14« Ce fameuxCasabianca, nom qui
déjà pour les Corses rappelle le souvenir d’un grand soldat. Un sou(...)
15Lettre du 28 août 1947 à
Ajaccio au capitaine de vaisseau Lherminier, directeur du SHM, SHD-T 28
S (...)
11À
ces honneurs décernés dans un cadre national et qui privilégient le
bâtiment plus que l’homme viennent dorénavant s’ajouter des hommages
rendus en Corse à l’instigation des autorités locales. La marine
nationale y est associée via son commandement local. Un double
glissement s’opère : c’est davantage la contribution à la
libération de la Corse qui est mise en avant que l’évasion de Toulon et
les cérémonies honorent autant le sous-marin que son commandant. Le
23 septembre 1946, à l’instigation des autorités municipales, une
stèle est inaugurée sur le port d’Ajaccio commémorant les sept
opérations de débarquement d’armes et d’agents de 1942-1943. Le
discours est prononcé par le Commandement de la marine (COMAR) Corse en
présence des élèves de laJeanne d’Arc.
Il mentionne à peine l’évasion de Toulon et insiste sur l’impossibilité
de dissocier le commandant et son bâtiment dans les hommages rendus,
particulièrement dans le cas d’un sous-marin. En mars 1947, toujours à
l’instigation de la municipalité ajaccienne pour qui « son nom est
désormais inséparable de la libération de la Corse »12,
un quai Lherminier est inauguré. Le héros assiste à son inauguration
dans un fauteuil roulant poussé par un matelot sur les lieux mêmes du
fait d’armes de septembre 1943. Lors de chacune des cérémonies, il est
fait mention du mimétisme entre la conduite de Lherminier et celle du
capitaine de vaisseau Luce de Casabianca, héros de la bataille
d’Aboukir en 1798. Ce natif de la région de Bastia a continué de
commanderL’Orientaprès
avoir perdu ses deux jambes arrachées par un boulet. Il a préféré
prendre le risque de disparaître avec son vaisseau désemparé en
compagnie de son fils plutôt que de cesser le combat. La double
insistance sur ce précédent glorieux recouvre deux logiques différentes
qui viennent se conjuguer. Pour le COMAR, c’est une occasion d’insister
sur la continuité de l’action de la Marine et des marins au service de
la France par-delà la succession des régimes dans une longue chaîne
d’exploits héroïques tantôt malheureux tantôt victorieux13. En creux,
on voit bien en quoi le coupleCasabianca-Lherminier
permet de dépasser le traumatisme de la séquence 1940-1942. Pour les
autorités et la presse corses, il s’agit d’abord d’inscrire la petite
patrie au cœur de l’histoire nationale et ce, dans la durée, tout en
célébrant l’unité retrouvée14.
On retrouve cette thématique quand, en septembre 1947, Lherminier est
de nouveau invité par les autorités locales pour faire partie du
« comité d’honneur départemental » qui organise les
commémorations de la Libération de la Corse « célébrées dans
l’union et la concorde ». Le commandant est convié à la fois comme
organisateur et comme participant, l’invitation étant adressée par le
préfet qui n’est autre que Maurice Papon15.
L’officier se rend aux cérémonies avec un ordre de mission signé par le
chef de cabinet du ministre de la Marine. Les stratégies mémorielles
des institutions locales et navales se conjuguent donc pour propulser
le héros Lherminier sur le devant de la scène. Ce dernier est
pleinement acteur de cette héroïsation, adhérant sans réserve à la
lecture unanimiste de la Libération qui est offerte à l’admiration des
Français.
16Lettres du 4 avril 1946 au
CEMGM et du 5 avril 1946 au ministre de la Marine, SHD-T 28 S 2.
17Casabianca, Paris,
France Empire, 1949, 315 p., réédité en 1955 chez le même éditeur
puis chez Pres(...)
18Voir les très nombreuses
photographies et coupures de presse conservées en SHD-T 28 S 1.
12Dès
son retour sur le continent, il multiplie les conférences relatant la
séquence 1942-1944. Et, fin 1948, il publie ses souvenirs, un projet
évoqué dès le début 194616,
officiellement « à la demande de son équipage », mais non
sans avoir demandé le feu vert de la rue Royale17.
Faisant preuve d’une résistance physique peu commune, il effectue
ensuite une véritable tour de France des librairies pour des séances de
dédicaces. Il se positionne sur le créneau des « écrivains
combattants »
en accord avec France-Empire, son éditeur qui a publié nombre des
souvenirs d’anciens amiraux de Vichy. Le président Vincent Auriol lui
rend d’ailleurs hommage lors de leur salon de 1949. Dans son
entreprise, Lherminier reçoit l’appui résolu des plus hautes instances
de la marine nationale. La rue Royale met à sa disposition un matelot
pour l’aider dans certains de ses déplacements et lui prête à
l’occasion un véhicule. L’officier se considère toujours en mission de
rayonnement au profit de la Marine. La plupart de ses apparitions
publiques sont effectuées en uniforme. En novembre 1948, l’amiral
Lemonnier, chef d’état-major général, se rend à son domicile à
l’occasion d’une réception donnée en l’honneur de la publication de son
ouvrage. L’événement mondain est co-organisé par le chef du Service de
presse de la marine nationale, le commandant Jean Raynaud et l’éditeur
France-Empire18.
19MartinMotteet Jean dePréneuf,
« l’écriture de l’histoire navale française à l’époque contemporai(...)
20« Mon livre n’est
qu’un rapport de mer écrit avec un style sobre. Pas de littérature.
J’ai voulu qu(...)
13En
multipliant les conférences et en relatant dans un style accessible au
plus grand nombre les opérations navales, Lherminier s’inscrit dans la
lignée d’un Paul Chack après la Grande Guerre. Même s’il n’y effectue
qu’un passage furtif ne conservant qu’une direction plus apparente que
réelle, il est son lointain successeur à la tête du Service historique
de la Marine en 1945, ce qui n’est sans doute pas un hasard quand on
connaît la place prise par le SHM dans la politique de rayonnement de
la Marine dans l’entre-deux-guerres19.
En même temps, contrairement à son aîné, il se défend d’avoir cherché à
enjoliver ou romancer les opérations menées sur mer. De même, il
revendique son apolitisme, affirmant avoir écrit en officier plutôt
qu’en écrivain, se positionnant en commandant et homme de mer redevable
envers son équipage20.
21Lettre au secrétaire d’État
à la Marine, Paris, le 6 avril 1949, SHD-T 28 S 3.
22Voir les nombreuses
coupures de presse rassemblées dans le fonds Lherminier, SHD-T 28 S 3.
23L’officier a demandé que
l’ensemble de ses droits d’auteursoient versés à l’ONAC au
profit des gra(...)
24Liste des
conférences effectuées à ce jour, 17
novembre 1949 etConférences
aux mois de mars, avril(...)
14Toujours
soucieux d’inscrire son action dans un cadre officiel, l’officier rend
scrupuleusement compte de ses activités au secrétaire d’État à la
Marine. Ainsi, il a donné dix-huit conférences entre le 29 février 1947
et le 31 mars 1949. Elles couvrent l’évasion de Toulon et les missions
devant la Corse. Lherminier a bien conscience que, dès 1942, cette
évasion a pris valeur de « symbole » et se donne pour mission
d’offrir au public l’image de « l’ardeur acharnée des marins
français à se battre et leur grande valeur ». Il dresse un bilan
très élogieux de ses interventions (il calcule qu’il a parlé au total
devant plus de 18 000 personnes) et plaide pour que le département
organise de nouvelles « causeries » car « elles feraient
à la Marine une propagande remarquable », tout en avouant, fidèle
à sa réputation, qu’il a déjà accepté de donner d’autres conférences.
Enfin, il rappelle que son livre a été écrit avec accord de sa
hiérarchie, suggérant que ce support permettra de continuer sur cette
veine quand il aura disparu21.
Toute l’ambivalence du personnage se révèle dans ce courrier :
souci de respecter la discipline contrebalancé par une tendance
récurrente à placer devant le fait accompli sa hiérarchie, volonté de
s’inscrire dans l’institution tout en restant à sa marge, ambition
d’instrumentaliser sa popularité au service de la marine nationale qui
se conjugue avec une indéniable propension à se mettre en avant. Plus
que jamais, Lherminier est le premier metteur en scène de sa geste et
de son héroïsation. Fort du soutien renouvelé de la rue Royale,
Lherminier a prononcé trente-sept conférences à la mi-novembre 49. Il
en prévoit quinze supplémentaires entre mars et mai 1950, l’habitude
étant prise de demander à l’avance les jours où il aura besoin de la
voiture officielle. Parallèlement à cette aide précieuse, les
témoignages officiels de reconnaissance de la nation orchestrés par la
Marine continuent d’être décernés à l’officier comme par exemple lors
de la remise de la plaque de grand officier de la Légion d’honneur en
le 24 mai 1950 qui se déroule dans la cour d’honneur de l’Hôtel de la
Marine. Désormais, pas un article, pas un discours qui n’associe le nom
du marin à celui de l’héroïsme22.
L’appui officiel conjugué à d’indéniables talents d’orateur, mais aussi
l’adéquation entre son message et les attentes du public et, enfin, un
désintéressement sincère23expliquent le remarquable
succès de librairie avec plus de 200 000 exemplaires vendus fin
194924.
15Le succès du
livre donne des idées à des producteurs. Le filmCasabiancade
Georges Péclet vient le prolonger et lui donner une autre ampleur,
accroissant d’autant l’aura du héros Lherminier. Mobilisant de gros
moyens et pouvant compter sur l’appui du ministère des forces armées
qui a fourni gracieusement matériels et figurants, il sort en salles en
mai 1951. On retrouve la même approche unanimiste de la Libération, le
souci de l’exactitude documentaire se mêlant à l’ambition édifiante. Le
film joue sur un double mimétisme : la ressemblance de Jean Vilar
avec Lherminier est saisissante tandis que, signe du destin, c’est leGlorieuxqui tient le
« rôle » duCasabianca. Fin 1950,Point du
jour-Images du mondetitre d’ailleurs l’article
qui accompagne la photo de l’acteur et de l’officier devant le kiosque
du fauxCasabianca :
« Le héros du
Casabianca aura son double ».
C’est la société de production « La Croix du Sud » qui aurait
contacté l’éditeur, Lherminier donnant sa bénédiction et s’engageant à
fond dans l’aventure : « J’ai donné mon accord car la
popularité plus grande du cinéma permettra d’atteindre le grand public
et lui fera connaître l’héroïsme des combattants de la dernière
guerre ». Lherminier explique avoir exigé qu’aucun personnage réel
n’apparaisse, le film devant « exalter tous les Français
combattants, avec ou sans uniforme. La Résistance en Corse aura été un
modèle du genre ». Ayant contribué à l’écriture du scénario qui
sera mis en dialogue par des professionnels, l’officier est aussi
étroitement associé à la promotion du film via des reportages photos le
suivant sur le tournage et sa participation aux avant-premières
médiatisées. Il présente lui-même le film au public parisien lors d’un
gala le 18 mai 1951 tenu en présence de Vincent Auriol. La figure du
commandant porté par d’anciens membres de son équipage lors de ses
apparitions publiques devient récurrente.
16Le
film, qui est un succès public, contribue par la mécanique de l’image
et de la publicité à focaliser l’attention sur certains des éléments duCasabianca.
Son ancien commandant a expressément souhaité que le bâtiment soit le
véritable héros du film aux côtés des résistants (les affiches portent
d’ailleurs ce sous-titre : « La prodigieuse aventure du
sous-marin fantôme »). Sont ainsi mis en avant d’une part le
pavillon à tête de mort, leJolly Rogerqui
commémore les faits d’arme du bâtiment sur fond de carte de la Corse
et, d’autre part, le kiosque qui apparaît sur l’affiche du film. Ces
éléments deviennent de véritables signes de reconnaissance, des marques
de fabrique promises à un bel avenir.
25« Casabiancaillustre l’union, dans une
même lutte, des combattants en uniforme et sans uniforme. J(...)
17Ce film
constitue une sorte d’apothéose, d’aboutissement et de testament que
Lherminier revendique sans ambiguïté25. Avec lui,
il achève de devenir de son vivant un héros emblématique de la mystique
résistancialiste dans la France de la IVeRépublique.
Comme l’avait souhaité le marin, l’œuvre de Péclet exalte une opération
amphibie, menée par la France du général Giraud, associant les armées à
la résistance intérieure dont la diversité et l’union est mise en
avant. Les forces gaullistes en sont les grandes absentes.
26LaurentDouzou,La
Résistance française : une histoire périlleuse. Essai
d’historiographie, Paris,(...)
27MartinMotteet Jean dePréneuf,art.cit.
28Lherminier ne manque jamais
d’évoquer « cette arme
en plein développement » dans
ses interventions(...)
18Dès la fin
de la guerre, comme c’est le cas de tant de Résistants à l’époque26,
Lherminier écrit donc lui-même sa geste et joue un rôle central dans sa
mise en forme pour l’Histoire. Il met sciemment son héroïsation au
service de l’image de la marine nationale et d’une vision du mythe
résistancialiste distincte de celle portée par le général de Gaulle. Se
considérant en service commandé, l’homme n’est pas insensible, quoi
qu’il en dise, aux sirènes de la renommée et aux honneurs. Il trouve
sans surprise un appui auprès de l’institution navale. D’abord parce
que la Marine cherche alors elle aussi, notamment via le SHM, à
favoriser une écriture consensuelle de l’histoire navale de la seconde
guerre mondiale. Centrée sur les opérations, toute une historiographie
officielle tend à négliger à dessein la dimension politique du conflit
et à minimiser les divisions au sein de la Marine27. L’aide
apportée par la rue Royale s’explique ensuite parce que l’engouement
autour des faits d’armes de Lherminier et duCasabiancaest tout à fait bienvenu
alors qu’un ambitieux programme de développement de l’arme sous-marine
est en passe d’être lancé28.
Enfin, dans cette première phase de l’héroïsation de Lherminier, une
impulsion locale venue de Corse - ou plus précisément d’Ajaccio - se
greffe à cette ambition à la fois personnelle et institutionnelle. La
mort du héros comme l’avènement de la république gaullienne viennent
logiquement en modifier les contours sans pour autant les bouleverser.
29On trouve le même thème
inversé, le sous-marin suivant ici son ancien pacha « dans la mort
et dans(...)
19Lherminier
décède au fait de sa gloire médiatique en juin 1953 dans la lancée du
double succès de son livre et du film relatant les faits d’armes duCasabianca.
C’est donc sans surprise que l’on relève un concert de louanges et une
utilisation systématique du vocabulaire héroïque dans la presse. Le
fait même le plus anodin, la moindre coïncidence deviennent signifiants
et déterminants à l’heure d’évoquer une disparition qui prend des
allures d’apothéose dramatique. Jusque dans la mort, la presse
s’efforce d’associer Lherminier et son sous-marin qui a été désarmé
l’année précédente. De là à écrire que le marin n’a pas survécu à la
disparition de son fidèle compagnon, il n’y a qu’un pas que plusieurs
journaux franchissent allègrement, sans que pourtant Lherminier ne se
soit jamais exprimé dans ce sens29.
31« Mes compatriotes
corses n’oublieront jamais […] Il ressentiront tout spécialement que ce
soit à l(...)
20Un
hommage national lui est rendu dans la cour des Invalides. La cérémonie
est de nouveau l’occasion de célébrer à la fois la Marine et la Corse
présentes au cœur de la nation.Cols Bleus,
la revue interne de la rue Royale est cependant le seul journal a
utiliser l’expression de « héros national ». Cette
conjonction des cultes patriotique, corse et naval s’incarne, nouveau
signe du destin, en la personne de Jacques Gavini, secrétaire d’État à
la Marine du 11 août 1951 au 19 juin 1954. Ce natif de Bastia,
inamovible député de la Corse de 1946 à 195830, ne manque
pas de saisir l’occasion de s’adresser directement à ses compatriotes
qui sont autant d’électeurs potentiels31.
21Si
la presse est unanime pour louer les qualités d’exception du défunt,
quelques nuances apparaissent cependant dans le concert de louanges qui
révèlent plusieurs visions du mythe résistancialiste. De façon
significative, la plupart des articles honorent le héros de la
libération de la Corse, la décision de ne pas se saborder n’est, sauf
exception, mentionnée que brièvement et avec des lectures parfois
divergentes.
32Cf. photos du kiosque.
SHD-T 28 S 1.
33HélèneRomani, « Le
Casabianca, tout un symbole »,Nice Matin, 6 octobre
2003.
22Surfant
sur l’émotion provoquée par la disparition de Lherminier, France-Empire
publie, dès 1955, une biographie écrite par le capitaine de frégate
Jean Blanchard, rééditée en 1960. La marine nationale n’est pas en
reste. Mis sur cale en octobre 1953, un escorteur d’escadre est
rebaptiséCasabiancaavec pour ville marraine
Bastia tandis que le kiosque du sous-marin est exposé sur les quais de
Seine lors du XIXeSalon nautique qui se tient
en septembre32.
Ce qui est désormais devenu une relique ne tarde pas à être récupéré
par la ville de Bastia dès décembre 1955. La municipalité est soucieuse
de prendre toute sa place dans la commémoration de la libération de
l’île de Beauté. Désormais, les deux grandes métropoles corses se
partagent la mémoire de l’épopée de Lherminier et duCasabianca,
Ajaccio se concentrant sur la figure du commandant quand Bastia se
focalise sans surprise sur le bâtiment. Le kiosque porte alors deux
plaques dont l’une rappelle l’ascendance avec Luce de Casabianca et
l’autre porte la dédicace : « Comité de résistance de la
Corse : À tous ceux qui ont communié dans la périlleuse aventure
pour la libération de la Corse. Aux patriotes, aux marins duCasabianca ».
C’est donc toujours la fibre patriotique locale qui s’exprime et nous
n’avons pas retrouvé trace dans les documents consultés d’association
de la marine nationale aux cérémonies. Cependant il y a un pas entre
les projets de la municipalité et la réalité. Le kiosque est d’abord
entreposé à l’entrée du vieux port mais « la glorieuse relique ne
tarde pas à devenir un dépotoir ». Il est bientôt déplacé dans la
cours du Lycée Marbeuf puis du Musée au palais des gouverneurs33.
23Ce relatif
désintérêt tranche avec la réintégration duCasabiancadans la vision gaullienne
du résistancialisme qui s’impose avec l’avènement de la VeRépublique.
Celle-ci replace la France libre au cœur de la lutte contre l’occupant.
On peut douter que cette récupération ait été du goût de son ancien
pacha. Cette mutation est symbolisée par le nouveau mémorial national
de la France combattante au Mont Valérien. L’inauguration a lieu en
novembre 1960 lors d’une cérémonie grandiose au cours de laquelle est
lu l’appel du 18 juin. Faisant face à une vaste esplanade, un mur de
150 mètres de long en grès rose est accolé à l’enceinte. Au milieu de
ce mur est encastré une grande croix de Lorraine devant laquelle brûle
en permanence une flamme. LeCasabiancaest
représenté sur l’un des seize hauts reliefs en bronze qui ornent le
mur. Sur chacun, une allégorie symbolise les différentes formes de
combat menées contre l’occupant entre 1940 et 1945. Celui du
submersible représente « l’homme en lutte contre l’étreinte d’une
pieuvre, à l’image du sous-marin Casabianca qui le 27 novembre
1942 s’échappe du port de Toulon investi par les Allemands et rejoint
les forces françaises d’Afrique du nord ». Chaque année, le 18
juin, le président de la République vient rallumer la flamme placée
devant une crypte rassemblant les caveaux qui abritent les corps de
seize résistants. Le 17edevant être
occupé par la dépouille du dernier compagnon de l’Ordre de la Libération34.
Si la Résistance sous toutes ses formes est mise à l’honneur, la
primauté du gaullisme apparaît sans ambiguïté. Tout le combat des
résistants passe symboliquement sous pavillon gaullien,Casabiancacompris.
35Paris, Hachette, 1964,
221 p. Un rapide survol du catalogue révèle que seuls deux
marins français p(...)
36« Casabianca », Le
Goff et Pelaprat,Tintin,n°34, 17
août 1976.
24Centrée
sur le sous-marin, cette mise en avant au plus haut sommet de l’État
permet par ricochet à la figure du héros Lherminier de se perpétuer et
vient relancer l’intérêt du début des années 1950. L’odyssée duCasabiancafait
désormais partie de ces lieux de mémoire largement partagés par la
plupart des Français. Lherminier et son sous-marin sont devenus dès les
années 1960 des sortes d’images d’Épinal modernes comme en témoignent
la publication de de son livre en 1964 dansLa
Bibliothèque verte(avec
une réédition en 1976)35et l’adaptation en bande
dessinée de l’aventure duCasabiancaparue dansTintinen 197636et reprise ensuite sur des
vignettes insérées dans les fameuses boites de laVache qui rit.
25Les
années 1970 semblent toutefois en retrait par rapport à l’intensité des
deux décennies précédentes. L’époque porte l’empreinte de la volonté de
tourner la page de l’approche gaullienne de la séquence 1940-1944.
Cette posture est mise en œuvre, chacun dans leur style et avec des
motivations diverses, par Georges Pompidou puis Valéry Giscard
d’Estaing. La nouvelle politique mémorielle est aussi concomitante
d’une relecture décapante, par des historiens comme Robert Paxton, de
la vision classique de l’État français diffusée jusque-là dans les
ouvrages Robert Aron. Dans ces conditions, le culte du héros Lherminier
se recentre sur la marine nationale et les enjeux locaux.
26Une
approche plus consensuelle de la participation des armées à la
Résistance apparaît dans les noms de baptême choisis pour les dix-sept
avisos type A69. Ils portent ceux de marins qui ont combattu dans la
clandestinité. Nombre d’entre eux, comme Lherminier, Lavallée ou Le
Henaff, se sont illustrés dans des opérations organisées hors des
circuits gaullistes par les services du colonel Paillole en lien avec
le capitaine de vaisseau Trautmann, chef du 2eBureau de la marine à
Alger. L’avisoLherminiermis
sur cale en 1979 est parrainé par la ville d’Ajaccio. L’attachement des
Ajacciens ne se dément pas puisqu’en 1976, un buste représentant
l’officier et portant l’inscription « À Lherminier, commandant du
Casabianca, la ville d’Ajaccio reconnaissante » est inauguré sur
le quai portant son nom. Il s’agit d’une initiative locale dont les
prémisses datent de 1967. Elle rassemble l’ensemble des notabilités de
la ville auxquelles se joignent des anciens. La lenteur de la
réalisation du projet est un signe du relatif désintérêt local,
désintérêt déjà observé à Bastia dans le cas du kiosque. Contrairement
à ce qui prévalait au lendemain de la Libération, cette démarche ne
reçoit qu’un soutiena minimade la marine nationale.
L’amiral Lasserre, ancien duCasabiancadevenu
amiral commandant la force océanique stratégique (ALFOST), doit même
relancer à plusieurs reprises le cabinet du ministre pour que la
Défense soit convenablement représentée lors de l’inauguration. .
27La
modestie de ces cérémonies tranche avec l’ampleur des commémorations
nationales marquant en 1983 le quarantième anniversaire de la
libération de l’île. Elle est à la fois le produit d’une politique
mémorielle gouvernementale plus ambitieuse visant à mettre en avant les
valeurs de la Résistance et d’une demande sociale renouvelée par les
débats des années 1970 et l’engouement pour l’histoire. Les pouvoirs
publics y voient aussi l’opportunité de célébrer l’insertion de la
Corse dans la communauté nationale au lendemain des lois de
décentralisation et en période de tension avec la mouvance
indépendantiste. Avec les soixante membres de l’Amicale des anciens
transportés par l’armée de l’Air, un nouvel acteur, davantage structuré
que par le passé, apparaît dans les commémorations. Celles-ci se
déroulent à Ajaccio puis à la base aéronavale d’Aspretto où est
transférée la stèle en l’honneur de Lherminier tandis qu’un déjeuner
associant les anciens et des membres de l’équipage de l’escorteurCasabiancaet de l’avisoLherminiery est organisé. Enfin, à
Arone, lieu du 1erdébarquement
d’armes le 6 février 1943, plusieurs bâtiments et des commandos de la
Marine simulent l’opération. À l’issue de cette démonstration, le
secrétaire d’État aux anciens combattants, M. Laurain, inaugure
une nouvelle stèle. Cette cérémonie marque une étape supplémentaire
dans la diffusion, à partir d’Ajaccio, du souvenir duCasabianca.
Petit à petit, au fil des années, l’ensemble de la Corse se couvre de
monuments commémoratifs. En dehors du périmètre ajaccien et de la
marine nationale, la célébration de l’odyssée duCasabiancasemble
alors l’emporter nettement sur la mise en avant de la figure de
Lherminier. On continue de davantage célébrer les missions spéciales au
large de la Corse plutôt que la sortie de Toulon qui reste un sujet
sensible dans la France du début des années 1990. Dans ce contexte,
suite au désarmement de l’escorteur d’escadre, le SNACasabiancamis
sur cale en 1981 est admis au service actif en 1987. Ironie du sort, ce
troisième sous-marin de la classe RUBIS sert aux côtés de l’unité
portant le nom du sous-marin des Forces navales françaises libres le
plus décoré. Alors qu’ils ont effectué des missions similaires pendant
la seconde guerre mondiale, l’un en Corse, l’autre en Norvège, le nom duCasabiancareste incomparablement plus
connu que celui duRubis. Pour
autant, la marine nationale n’utilise pas alors de façon significative
leur aura à des fins de rayonnement.
37Témoignage oral de M. Louis
Gicquel, recueilli en mai 2008.
28Le
renouveau observé au cours des années 1980 demeure en fait fragile
comme le montre le cinquantenaire de la séquence 1942-1944. Fin 1992,
le préfet maritime de Toulon donne son accord à l’initiative des
anciens qui souhaitent qu’une plaque commémorative soit apposée sur
l’ancienne baraque des sous-mariniers dans la darse du Mourillon mais…
à la condition que la cérémonie se déroule un mois avant la date
fatidique du 27 novembre. L’inauguration a lieu avec le soutien de la
mairie et en présence d’une garde d’honneur de l’équipage
« bleu » du SNA et du commandant de l’escadrille des
sous-marins de la Méditerranée37.
En 1993-1994, avec pas moins de trois accidents survenus en l’espace de
deux ans, le contexte n’est guère favorable à des cérémonies d’ampleur
impliquant les SNA. D’autre part, le gros des célébrations
internationales se concentre sur le débarquement de Normandie. Au
final, on peut parler d’un relatif déclin de la mémoire de l’action de
Lherminier et de son sous-marin au cours de cette période en Corse et
au sein de l’institution alors que les commémorations nationales de la
seconde guerre mondiale se concentrent sur d’autres objets.
29Le héros
Lherminier effectue uncome backinattendu
à la faveur des années 2000. Ce retour en grâce est dû d’abord à un
concours de circonstances à partir de l’initiative d’un homme, le
commandant de l’équipage « bleu » du SNA, le capitaine de
frégate Arnaud d’Alès de Corbet, assisté de son second le capitaine de
corvette de Saint-Exupéry. Leurs initiatives et leurs motivations vont
rencontrer un écho inattendu auprès de l’équipage, des anciens,
d’ALFOST et des collectivités locales corses.
38Inspection périodique
d’entretien et de réparation.
30En
2001-2002, le SNA est en période d’IPER38et
les deux officiers férus d’histoire cherchent des activités originales
susceptibles d’occuper l’équipage tout en renforçant la cohésion. Tous
deux ont lu les souvenirs de Lherminier. À la suite de l’amiral
Storelli, commandant les forces sous-marines en 1967, ils voient en lui
un modèle de commandement, un exemple à suivre, une source
d’inspiration en matière de discernement quant à la discipline. Ils se
retrouvent dans sa lecture de la Libération et sa vision du destin de
la Marine pendant la guerre. L’idée est d’utiliser la figure de
Lherminier comme un levier au service du commandement. Ils contactent
MM. Gicquel et Cardot, chevilles ouvrières de l’Amicale des anciens. Le
contact passe bien entre les sous-mariniers d’hier et d’aujourd’hui.
L’idée germe d’organiser une rencontre avec l’équipage et de commémorer
l’action duCasabianca.
Un compromis est trouvé entre les anciens qui mettent l’accent sur les
livraisons d’armes et les officiers, davantage focalisés sur l’évasion
de Toulon. Une cérémonie commémorative du 59eanniversaire
est organisée le 27 novembre 2001 à l’escadrille des SNA. Elle coïncide
avec le départ d’un raid à la voile armé par des personnels volontaires
partant de Toulon vers Ajaccio avec un bateau arborant leJolly Roger.
L’opération comporte également un volet rayonnement au profit de la
Marine et des forces sous-marines. Le 28 novembre, le capitaine de
corvette de Saint-Exupéry prononce une allocution sur les forces
sous-marines à Ajaccio et les deux officiers supérieurs sont heureux de
constater à la fois l’intérêt de l’équipage et l’écho donné par la
presse à leur initiative.
39Nice Matin, 28
novembre 2002.
40Cols Bleus, 13
décembre 2003, n°2684 (célébré en même temps que la commémoration de la
libération d(...)
31Face
à ce succès, fin 2002, une nouvelle opération
« cohésion-mémoire-rayonnement » est décidée en l’honneur du
soixantième anniversaire du 27 novembre 1942. Elle consiste en une
plongée du SNA de nouveau opérationnel avec cinq anciens du sous-marin
de Lherminier. La presse locale en rend compte parlant de
« l’illustre commandant Lherminier » et mentionne les
« cinq héros »39.
Défendue avec persuasion par les deux officiers, la démarche séduit
leur hiérarchie à la recherche d’une initiative originale et médiatique
susceptible de donner une image attractive à l’arme sous-marine pour
qui recruter et fidéliser des personnels suffisants en quantité et en
qualité est un défi permanent. Par ailleurs, la « maison
ALFOST » doit convaincre au sein de la Marine et en dehors des
murs de la rue Royale de la pertinence du programme de SNA de nouvelle
génération typeBarracuda.
L’amiral Thierry d’Arbonneau, ALFOST, fait alors valider en 2003 par le
chef d’état major de la Marine que le 27 novembre sera le jour de la
sous-marinade. Il est également décidé que la discrète Association des
anciens des services spéciaux de la Défense nationale, lointaine
héritière des associations d’anciens des services de renseignement et
de contre-espionnage vichyssois et « barbaresques »,
patronnera le SNA à compter d’octobre 200340.
41Dans une tribune parue en
2006, le capitaine de frégate Arnaud d’Ales de Corbet en cherchant à
repl(...)
32La
décision de fixer la date de la journée nationale des forces
sous-marines le 27 novembre n’a guère soulevé de questionnements à
l’époque. Pourtant, elle ne peut manquer d’interpeller l’historien au
regard du destin de la figure de Lherminier et duCasabiancadepuis
1945 que nous avons essayé d’esquisser. Avec ce choix revendiqué de
privilégier la sortie du 27 novembre 1942 plutôt que, par exemple,
le tout aussi héroïque débarquement du bataillon de choc à Ajaccio le
13 septembre 1943, la boucle est bouclée.De facto, cette
décision aux airs delapsuspermet à la tradition des
années 50 de s’exprimer de nouveau au sein de la marine nationale.
L’arbre héroïque de l’évasion duCasabiancamasque
de nouveau d’un voile pudique la forêt désastreuse du sabordage, la
figure de Lherminier achevant de le reléguer au secondplan.
Officiellement et, sans aucun doute, de bonne foi, l’« exemple de
portée universelle à méditer pour le commandement » est mis en
avant, tout comme le tour de force tactique de la sortie de Toulon.
Reste que c’est une occasion unique pour une sensibilité proche de
l’idéal résistancialiste dans sa déclinaison giraudiste de s’exprimer,
venantin finejustifier
l’attitude de la majeure partie de la marine française jusqu’en
novembre 1942. Dans cette perspective, l’armistice jugé plutôt
clément a permis de sauvegarder l’ « essentiel »,
c’est-à-dire la Marine et l’empire. Mieux encore, en prétendant
replacer dans son contexte l’itinéraire de Lherminier, la célébration
donne l’occasion à la rhétorique de la Révolution nationale de
s’exprimer au sein de la Marine41.
42Hélène ROMANI, « Le
Casabianca, tout un symbole »,Nice Matin, 6 octobre
2003.
43Cols Bleus, 13
décembre 2003, n°2684 « Il y a soixante ans, la Corse était
libérée ».
44« Le kiosque exposé
devant l’hôtel de vielle de Bastia. Photos communiquées par le MP
Lauduique »,(...)
45BarthélémyCannebotin,
« Casabianca, la fin du voyage »,Corse matin, 30
septembre 2004.
46« Du Casabianca »,Cols Bleus, 27
novembre 2004.
33Même
si un positionnement idéologique semblable n’a pas été observé, le
retournement complet de l’intérêt pour Lherminier qui se manifeste à
l’intérieur de l’institution affecte également les bastions corses de
la mémoire du héros. Ce regain d’intérêt impulsé par d’anciens
combattants motivés et une municipalité active tend à se focaliser
davantage autour duCasabiancaà
Bastia. Le kiosque du sous-marin s’était tellement dégradé qu’il avait
dû être découpé, les pièces étant stockées sur la base aérienne de
Solenzara42.
Aiguillonnés par la perspective du cinquantenaire de la Libération, des
anciens combattants emmenés par le major Guy Limongi conduisent la
ville de Bastia à décider en 2002 de le reforger à l’identique. En
octobre 2003, le nouveau kiosque est inauguré lors de la cérémonie du 60eanniversaire
de la libération de la ville, en présence du ministre de la Défense.
Michèle Alliot-Marie, des anciens du « Casa », MM. Gicquel et
Cardot, et d’une délégation de l’équipage « bleu » du SNA43. Pour
l’occasion, il arbore le drapeau tricolore et le fameuxJolly Roger44.
Mais il se trouve alors à un emplacement provisoire devant l’hôtel de
ville. Ce n’est seulement que quelques mois plus tard en juillet 2004
qu’il trouve sa place définitive, face au monument des martyrs de la
Libération sur un socle au niveau du port de commerce. Pour
Jean-Baptiste Rafaelli, délégué au patrimoine de la ville de Bastia,
« un lien est ainsi établi entre l’armée régulière et les
résistants » tandis que le sculpteur George Sorlier déclare que le
kiosque « fait partie du patrimoine insulaire »45. On voit
que l’attachement et l’enracinement au mythe duCasabiancajustifient
désormais la création d’un « postiche » afin d’en perpétuer
le souvenir. Une nouvelle inauguration du kiosque a donc lieu en
octobre 2004 à l’occasion du 61eanniversaire,
sous la présidence du capitaine de frégate Marc Véran, commandant du
SNA en présence du préfet et du maire avec la pose d’une plaque
commémorant les missions duCasabiancaen Corse, ainsi qu’un
panneau d’informationssur
le SNA. Enfin des contacts sont noués avec le lycée Casabianca, des
conférences sur les forces sous-marines et sur les perspectives de
carrière dans la marine nationale étant dispensées aux élèves46.
34Par
un singulier retournement de situation, on revient donc, au milieu des
années 2000, à la situation qui prévalait dans les années 40 et 50
quand la marine nationale célébrait la mémoire de Lherminier et de son
sous-marin, en faisant un vecteur de rayonnement à des fins de
recrutement et de lobbying en faveur du tandem sous-marin-opérations
spéciales. Dans le même temps, l’action de Lherminier retrouve une
place plus importante au sein de ces manifestations en tant qu’exemple
de leadership et de commandement. Cela n’explique qu’en partie pourquoi
l’évasion de Toulon est dorénavant et de nouveau autant célébrée que
les missions clandestines. Le mouvement observé dans les années 2000
révèle aussi, selon nous, la persistance au long cours d’une lecture de
Vichy et du destin de sa marine de 1940 à 1944 inspirée des thèses de
Robert Aron.
35Au
final, que célèbre-t-on avec Lherminier ? Un héros militaire
« classique » à la fois homme exceptionnel et chef
remarquable, combattant hors de pair et patriote intraitable. Un type
de héros militaire particulier aussi, présenté comme un loup de mer,
inscrivant ses pas dans ceux des corsaires et autres pirates. Dans le
culte du héros militaire, pacha et bateau sont associés,
immanquablement présentés comme un couple inséparable dans la vie comme
dans la mort. À l’issue de cette traversée de longue durée à ses côtés,
que révèlent cette association et ses modalités ? Apparaît tout
d’abord ici l’archétype du marin héroïque qui appartient autant aux
cultures navale que maritime. La mise en avant du bateau s’accompagne
d’une mise en scène duCasabiancadoté
d’une personnalité propre, véritable organisme vivant auquel le destin
du commandant est lié pour le meilleur et pour le pire. Se manifeste
ici l’empreinte durable d’une culture maritime ante-chrétienne teintée
de paganisme, reflet d’une structure anthropologique profondément
ancrée.
36Mais,
l’association de Lherminier à son sous-marin et les qualités
extraordinaires qui sont prêtées à chacun expriment aussi un élément
récurrent du discours sur les héros militaires par-delà les âges, les
pays et les armées. Si le héros est celui qui est capable de repousser
les limites de la condition humaine, alors les outils qui lui
permettent de réaliser ses exploits sont, par capillarité, dotés de
caractéristiques sortant de l’ordinaire. Au charisme exceptionnel de
l’un répondent les qualités hors du commun de l’autre. Au-delà du marin
Nelson et de son cherHMS Victory,
il ne manque pas de gestes exaltant dans le champ militaire des
« couples héroïques », d’Alexandre et Bucéphale à Roland et
Durandal…
37Si
l’on touche ici à un substrat culturel et à des structures
mythologiques renvoyant à l’anthropologique, l’historien ne peut
manquer de relever que cette association et ses modalités n’échappent
pas à la contingence des circonstances de la mise en récit. Très
prosaïquement, et en grande partie inconsciemment, les impératifs de la
société de consommation et des médias de masse viennent renouveler un
schéma narratif éprouvé associant le héros militaire à son arme. Il est
en effet aussi un produit sur un marché concurrentiel de la mémoire.
Les enjeux et les procédés sont à la fois politiques et commerciaux. À
l’arrivée, la célébration du sous-marin à côté de Lherminier permet de
rejoindre un public plus large. Dans cette optique, la mise en avant
récurrente de certaines parties du sous-marin et de l’itinéraire de
Lherminier (sa double amputation, leJolly Roger, le
kiosque…) procède d’une configuration où la grammaire intemporelle de
la geste héroïque rencontre les règles dumarketingcommémoratif et culturel.
La célébration de ce héros militaire dans la France de la seconde
moitié du XXesiècle ne fait que se
greffer sur une structure mythique préexistante.
47Cf. DanièleHervieu-Leger,La religion
pour mémoire, Paris, Cerf, coll. « Sciences
humaines et reli(...)
48FrançoisHartog,Régime
d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris,
Seuil, coll. « L(...)
38On
retrouve une mécanique similaire dans les fonctions politiques et
sociales assignées par les différents acteurs au culte du héros
militaire. Le jeu des mémoires particulières célébrant la geste du
tandem Lherminier-Casabiancase
structure autour de véritables « religions » séculières –
patriotique, locale ou institutionnelle – dans la mesure où le culte du
héros permet, par la métaphore et l’identification, de forger et
célébrer une vision partagée du passé. Cette mémoire – et Lherminier
apparaît ainsi pleinement comme un lieu de mémoire tel que défini par
Pierre Nora – inscrit les contemporains dans « une lignée
croyante » par-delà la diversité des choix individuels et les
époques47.
Cette configuration héroïque renvoie à un rapport au temps encore très
présent dans la France de l’après-guerre et, au-delà, sans doute
consubstantiel à la culture militaire. L’expérience du temps qui
s’exprime à travers le culte du héros – ici un officier de
marine – relie et articule très étroitement passé, présent et
futur en perpétuant au cœur des ruptures de l’époque « un régime
ancien d’historicité » fondé sur l’idéal de continuité et les
mécanismes hérités del’Historia
magistra48.
Dans ce cas, célébrer Lherminier – quitte à éluder sur sa carrière
quelconque et ses convictions anti-gaullistes d’avant
novembre 1942 – permet d’établir uncontinuumdans
le temps et dans l’espace entre résistances intérieure et extérieure,
entre métropole, Afrique du nord et Corse, entre Vichy, l’intermède
Darlan, le CFLN et le GPRF.
39Lherminier
offre un type de héros militaire qui, autant par ses faits d’armes que
par un parcours, rassemble, unifie et réconcilie quel que soit le
« lieu » d’où l’on considère son itinéraire. C’est sans doute
là que réside la raison principale de la pérennité de son héroïsation
consensuelle par-delà les mutations et les reclassements du culte que
l’on a pu observer. Célébrer Lherminier permet d’abord de gérer au
mieux le syndrome de Vichy qui affecte au long cours l’ensemble de la
société française. C’est aussi un formidable levier pour vendre la
marine nationale à l’extérieur de l’institution, tout en magnifiant en
son sein l’unité du corps, la cohésion des équipages et l’éthique
traditionnelle du commandement autour d’une arme sous-marine
structurellement en quête de reconnaissance. Vu de Bastia ou Ajaccio,
c’est enfin un vecteur précieux pour exalter et replacer la Corse au
cœur de la geste nationale. L’Herminier est donc bien, à cet égard, un
héros pour tous.
1Paulgerbod,
« L’éthique héroïque en France (1870-1914) », dansRevue
historique, n° 544, octobre-décembre
1982, p. 409-429 et Jean-FrançoisChanet, « La
Fabrique des héros. Pédagogie républicaine et culte des grands hommes
de Sedan à Vichy »,Vingtième
siècle, revue d’histoire,n°65,
janvier-mars 2000, p. 13-34.
2HenriRousso,Le syndrome
de Vichy, Paris, Seuil, coll. « Points
histoire », 1990, 414 p.
3Nous
tenons à remercier tous ceux qui ont bien voulu nous recevoir et
répondre avec franchise à nos questions, même les plus iconoclastes.
Notre gratitude va en particulier au capitaine de vaisseau Sciard,
commandant l’escadrille des SNA et aux membres de son état-major, à M.
Louis Gicquel ancien duCasabiancaet
cheville ouvrière de l’amicale des anciens et son épouse, et, enfin, au
personnel du SHD-marine de Toulon notamment à Mme Corine Babeix qui n’a
ménagé ni son temps ni sa peine pour faciliter notre raid toulonnais
effectué au printemps 2008. Nous avons également trouvé le meilleuraccueilauprès de M. Vladimir
Trouplin, conservateur du Musée de l’Ordre de la Libération aux
Invalides.
4Lettre au ministre de la
Marine, 26 septembre 1946, SHD-T 28 S 2.
5C’est
ainsi que l’on nomme, dans le milieu de la Marine, les forces maritimes
de Vichy, stationnées en Afrique du Nord avant novembre 1942 et qui ont
repris le combat aux côtés des Alliés.
6À titre d’exemple, voir le
reportage deQuatre et
Trois. Les 7 jours de l’actualité mondiale,1eraoût 1946, n°33 consacré à
« ce marin qui a donné la moitié de son corps à son pays ».
7« Ce héros, qui est un
modeste, parle beaucoup de l’héroïsme de ses compagnons, jamais du
sien »,L’Aube, 24
mai 1950.
8Lettres
du vice-amiral Leclerc au vice-amiral d’escadre Moreau des 6 et 12
janvier 1943 et du 28 février 1943 au sujet de la façon dont est
utilisé leCasabiancaet
aussi sur les « facilités » que prend son commandement par
rapport à la chaîne hiérarchique de la Marine. Voir aussi le courrier
du 10 août 1943 du vice-amiral d’escadre Moreau au contre-amiral
Lemonnier. SHD-M Vincennes TT Y 106. Le colonel Paul Paillole, qui
dirige les missions effectuées par leCasabiancaau
sein des services spéciaux giraudistes, y fait allusion dans ses
mémoires. Cet aspect est en revanche gommé dans les souvenirs de
Lherminier.
9Les
ordres du jour et comptes-rendus d’opérations conservés au SHD-M et les
témoignages de ses pairs et subordonnés montrent que Lherminier a,
comme la majorité de ses camarades, servi fidèlement l’État français,
manifestant une sensibilité antigaulliste affirmée. De même, il se
montre hostile envers l’attitude de Darlan qui signe un armistice avec
les Alliés après l’opérationTorch,et
ce jusqu’au sabordage (SHD-M TT Y 106, témoignages oraux du vice-amiral
d’escadre Jean Guillou et de Louis Gicquel recueillis par l’auteur en
juin 2007 et mai 2008. On peut aussi se reporter aux échanges de
courriers sibyllins et bien peu chaleureux entre Lherminier et le
lieutenant de vaisseau Henri Bellet, son second puis successeur en
1949-1950, SHD-T 28 S 1). Lherminier élude par exemple pudiquement dansCasabianca,
son livre de souvenirs publié en 1948, - comme dans le manuscrit
conservé en 28 S 3 – le fait que la décision de rejoindre l’AFN lui a
été en partie imposée par son état-major beaucoup moins réticent que
lui à l’idée de rallier les autorités d’Alger. Le capitaine de vaisseau
Henri Bellet achève sa carrière comme commandant de l’École des
applications militaires de l’énergie atomique (EAMEA) dont il
démissionne avec pertes et fracas. Le fait qu’il ne laisse pas de
souvenirs publiés concourt par défaut à ce que Lherminier occupe tout
le champ mémoriel. Signe des tensions qui traversent l’état-major duCasabiancaet l’institution, peu de
marins assistent aux funérailles du capitaine de vaisseau Bellet en
1987.
10Selon l’expression de sa
sœur Jeannette Lherminier.
11Lettres au ministre de la
Marine, 5 avril et 26 septembre 1946. Lettre au CEMGM du 4 avril 1946.
SHD-T 28 S 2.
12Copie
de la lettre du maire d’Ajaccio à Martine Baretti, 28 décembre 1945
relative à la décision du 24 octobre 1945 du conseil municipal. En
fait, cette décision ne fait que reprendre celle prise en mars 1944 par
la délégation spéciale d’Ajaccio. COMAR Corse Lettre n°19 du 23 mars
1944. SHD-T 28 S 2.
13« Je
voudrais aussi en terminant associer à la gloire des vivants celle des
morts, le courage heureux au courage malheureux, et rendre d’abord
hommage à la mémoire même de Louis de Casabianca, marin et
conventionnel, fils de la Corse, qui, en 1798, périt avec son jeune
fils à la bataille d’Aboukir », discours de COMAR Corse, 1ermars 1947, SHD-T 28 S 1.
14« Ce fameuxCasabianca,
nom qui déjà pour les Corses rappelle le souvenir d’un grand soldat. Un
sous-marin, portant un tel nom, ne pouvait pour notre petite patrie, ne
faire que des prouesses », En l’honneur de la Résistance et de la
marine française »,tract
diffusé en mars 1947 à Ajaccio, SHD-M T 28 S 1.
15Lettre du 28 août 1947 à
Ajaccio au capitaine de vaisseau Lherminier, directeur du SHM, SHD-T 28
S 2.
16Lettres du 4 avril 1946 au
CEMGM et du 5 avril 1946 au ministre de la Marine, SHD-T 28 S 2.
17Casabianca,
Paris, France Empire, 1949, 315 p., réédité en 1955 chez le même
éditeur puis chez Presse Pocket en 1963, n°65, 247 p., avec cette
fois-ci une photo de Jean Lherminier à son périscope, et, enfin, en
1972, avec ce sous-titre : « le plus moderne des
corsaires », 250 p.
18Voir les très nombreuses
photographies et coupures de presse conservées en SHD-T 28 S 1.
19MartinMotteet Jean dePréneuf,
« l’écriture de l’histoire navale française à l’époque
contemporaine : un modèle national » inLa recherche
internationale en histoire maritime :
un essai d’évaluation, actes du colloque international organisé par le
groupement d’intérêt scientifique « histoire maritime », tenu
les 15-17 novembre 2007 à l’Université de Bretagne Sud (Lorient), à
paraître dans laRevue
d’histoire maritime, n°2/2009
(PUPS).
20« Mon
livre n’est qu’un rapport de mer écrit avec un style sobre. Pas de
littérature. J’ai voulu qu’il soit pour mes anciens compagnons leur
livre d’or »,Le Provençal
du Var,20 février
1952.
21Lettre au secrétaire d’État
à la Marine, Paris, le 6 avril 1949, SHD-T 28 S 3.
22Voir les nombreuses
coupures de presse rassemblées dans le fonds Lherminier, SHD-T 28 S 3.
23L’officier a demandé que
l’ensemble de ses droits d’auteur soient versés à l’ONAC au profit des
grands invalides de guerre.
24Liste des
conférences effectuées à ce jour, 17
novembre 1949 etConférences
aux mois de mars, avril, mai, SHD-T 28 S
3. Devant ce succès de librairie, Lherminier récidive en 1952 en
publiant chez le même éditeur avecEntre ciel
et mer.
25« Casabiancaillustre
l’union, dans une même lutte, des combattants en uniforme et sans
uniforme. J’insiste la-dessus. Tout est vrai, il n’y a aucune fiction.
[…] En même temps qu’il exalte le courage français,Casabiancaest
un grand film de propagande pour la marine française. Il fera œuvre
utile car trop de personnes ignorent le rôle qu’elle a joué pendant la
guerre »,Le Provençal du Var, 20 février
1952.
26LaurentDouzou,La
Résistance française : une histoire périlleuse. Essai
d’historiographie, Paris, seuil, Coll. « Points.
L’histoire en débats », 2005, 365 p., voir en particulier
chapitre 3.
28Lherminier ne manque jamais
d’évoquer « cette arme
en plein développement » dans
ses interventions publiques. Voir par exemplePoints de
vue et image du monde, n° 78, 1erdécembre 1949.
29On
trouve le même thème inversé, le sous-marin suivant ici son ancien
pacha « dans la mort et dans l’histoire » son ancien pacha
lors de la vente de la coque aux ferrailleurs à l’été 1953. « Un
marin, un Français, un homme »Bulletin
trimestriel de l’ACORAM, n°70,
juillet 1953.
31« Mes
compatriotes corses n’oublieront jamais […] Il ressentiront tout
spécialement que ce soit à l’un des leurs de vous dire à quel point
votre deuil est en réalité le deuil de la nation toute entière, groupée
une fois de plus autour de sa Marine qui pleure aujourd’hui la
disparition d’un des plus illustres des siens »,Cols Bleus, 13 juin
1953.
35Paris,
Hachette, 1964, 221 p. Un rapide survol du catalogue révèle
que seuls deux marins français partagent avec Lherminier l’honneur
d’une adaptation dans la collection enfantine. Les deux sont des
gaullistes emblématiques, les futurs amiraux Philippon et Jubelin.
36« Casabianca », Le
Goff et Pelaprat,Tintin,n°34, 17
août 1976.
37Témoignage oral de M. Louis
Gicquel, recueilli en mai 2008.
38Inspection périodique
d’entretien et de réparation.
40Cols Bleus, 13
décembre 2003, n°2684 (célébré en même temps que la commémoration de la
libération devant le kiosque à Bastia).
41Dans
une tribune parue en 2006, le capitaine de frégate Arnaud d’Ales de
Corbet en cherchant à replacer l’itinéraire de Lherminier dans son
contexte évoque « l’esprit de jouissance et de facilité » et
la « vague de matérialisme qui a envahi la période de
l’entre-deux-guerres », pointe un régime parlementaire qui rend
les dirigeants « incapables d’agir » face à « une
population livrée à elle-même et sans guide » et à « des
masses ouvrières [repliées] dans un corporatisme aveugle et contraire à
l’intérêt commun ». Enfin, il rappelle les mérites de Pétain
« en rien mêlé aux compromissions et autres faiblesses reprochées
aux gouvernements de l’époque ». « Le Commandant Lherminier,
figure emblématique des forces sous-marines et exemple de
commandement »,Bulletin du
CESM, n°35, novembre
2006, p. 73-77, p. 73.
42Hélène ROMANI, « Le
Casabianca, tout un symbole »,Nice Matin, 6 octobre
2003.
43Cols Bleus, 13
décembre 2003, n°2684 « Il y a soixante ans, la Corse était
libérée ».
47Cf. DanièleHervieu-Leger,La religion
pour mémoire, Paris, Cerf, coll. « Sciences
humaines et religion », 2008 (1reéd. 1993),
273 p., p. 119.
48FrançoisHartog,Régime
d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris,
Seuil, coll. « La librairie du XXIesiècle », 2003,
259 p., p. 116-119.
JeanMartinant de Préneuf, « Un héros pour tous : Jean Lherminier
et le Casabianca, figures emblématiques du mythe résistancialiste de
1942 à nos jours », in Claude d'Abzac-Épezy et Jean
Martinant de Préneuf (dir.),Héros
militaire, culture et société (XIXe-XXe siècles),
Villeneuve d'Ascq, IRHiS-Institut de Recherches Historiques du
Septentrion (« Histoire et littérature de l'Europe du
Nord-Ouest », no 52),
2012.
Référence
électronique
JeanMartinant de Préneuf, « Un héros pour tous : Jean Lherminier
et le Casabianca, figures emblématiques du mythe résistancialiste de
1942 à nos jours », in Claude d'Abzac-Épezy et Jean
Martinant de Préneuf (dir.),Héros
militaire, culture et société (XIXe-XXe siècles),
Villeneuve d'Ascq, IRHiS-Institut de Recherches Historiques du
Septentrion (« Histoire et littérature de l'Europe du
Nord-Ouest », no 52),
2012 [En ligne], mis en ligne le 04 octobre 2012, consulté le 05
septembre 2014. URL : http://hleno.revues.org/111
Maître de
Conférences à l'Université de Lille 3 et membre du laboratoire UMR CNRS
8529 IRHiS
Articles du
même auteur
DE MARCO CASTEL
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Le
27 novembre 2016
l'AGASM rendra hommage aux sous-mariniers des sous-marins Iris, Glorieux,
Marsouin, Vénus et Casabianca qui ont quittés Toulon le 27
novembre 1942 pour ne pas tomber aux mains des allemands.
Une gerbe sera déposée au monument national des
sous-mariniers de Toulon, l'amicale déposante est l'amicale CASABIANCA.
Le président de l'amicale RUBIS lira le texte que
vous trouverez en attaché.
Le
27 novembre 1942 à TOULON
Nous
sommes réunis au Monument National des Sous-Mariniers, pour rappeler
les heures
sombres de cette journée, qui a vu le sabordage de la Flotte, mais
surtout
l’espoir avec l’évasion de cinq sous-marins : Iris, Glorieux,
Marsouin,
Vénus et Casabianca dont trois reprendront
le
combat
avec les Alliés.
A
5 h le 27 novembre 1942, un long coup de klaxon donné par le veilleur
de
passerelle du Casabianca, a averti l’équipage du rappel au poste de
manœuvre.
Cinq
sous marins ont décidé de tenter la sortie de TOULON dès l’approche des
troupes
Allemandes. Ces 5 unités sont amarrées dans la darse des sous-marins au
Mourillon, cap à l’ouest
La
Vénus manœuvre en premier et ouvre le passage en abordant la panne qui
ferme la
passe de la darse. Le Casabiancamet en
avant 4 et double la Vénus. Il se dirige à bonne allure vers la sortie
de la
rade pour faire ouvrir les barrages.
De
nombreux avion survolent le plan d’eau et larguent des mines
magnétiques et des
bombes sur la route des sous-marins.
Le
lieutenant de vaisseau BELLET, Officier en second, révolver au poing,
intime au
patron du remorqueur d’ouvrir le barrage. Une bombe tombe à une
centaine
mètres, et a pour effet de finir de convaincre le patron du remorqueur
de
s’exécuter.
Le
Casabianca plonge à quelques mètres de la jetée.
Il
ralliera Alger le 30 novembre 1942 à 07
h et reprendra le combat avec les alliés.
La
Vénus, avec sept hommes à bord, dans l’incapacité de plonger, se
sabordera à
hauteur de Cépet.
L’Iris,
sous le commandement de l’officier en second, ralliera l’Espagne et
sera
interné à Barcelone pour la durée du conflit.
Le
Marsouin ralliera Alger et reprendra le combat avec les Alliés.
Le
Glorieux, après une courte escale à Valence, ralliera Oran et reprendra
le
combat avec les Alliés.
Les
cendres du dernier membre de l’équipage du Casabianca, Pierre Favreau,
ont été
dispersées au large de Cépet par le SNA Casabianca le 8 février 2015
L'unique
vestige du fameux submersible sera mis aux
enchères le 29 juin
Sauvé
du ferraillage, le kiosque du
"Casabianca" avait été exposé au public en septembre 1953, sur
les quais de Seine, à l'occasion du salon nautique de Paris.PHOTO
ARCHIVES
LP
Spécialisée
dans la vente d'objets
historiques, la maison marseillaise Leclere réserve une bien belle
surprise à
tous les passionnés d'aventures maritimes en mettant aux enchères, le
29 juin, la cloche de bord du sous-marin Casabianca.
Cet objet
exceptionnel est en effet l'unique vestige du fameux submersible qui
s'était
illustré durant la dernière guerre, participant activement à la
libération de
la Corse (lire ci-dessous) ; des missions à haut risque menées avec
succès, de
nuit et au plus près du littoral insulaire, par le capitaine de frégate
Jean
L'Herminier et son équipage.
Après
la sortie de flotte du sous-marin
en 1956, au terme de deux décennies de bons et loyaux services,
puis son
démantèlement, seul son kiosque avait pu être préservé et exposé à
Bastia. Mais
l'imposante superstructure avait fini par se désagréger en raison de
conditions
de stockage inadaptées. Un nouveau kiosque fut alors reconstruit à
l'identique
et installé à la même place. Comme le souligne Pierre Porcher,
antiquaire
à Marseille et
conseiller de la maison Leclere pour cette opération, la cloche est
donc le
seul objet authentique connu ayant survécu au Casabianca ;
sa
valeur dépassant dès lors largement celle de sa seule masse de bronze.
Les
experts lui accordent en effet une triple dimension historique,
sentimentale et
patrimoniale.
Le
parcours de cette cloche est d'ailleurs étonnant.
Sauvée de la destruction, elle fut remise par la Marine au commandant
L'Herminier en hommage à son action décisive. Mais ce dernier, alors
très
malade, l'offrit à Amédée Aufray qui présidait à l'époque l'Association
nationale des anciens sous-mariniers. La cloche fut ensuite remisée
dans un
placard et l'on finit par en oublier l'existence. Jusqu'à ce que les
actuels
propriétaires la redécouvrent à l'occasion d'une succession et décident
de la
mettre aux enchères.
Quant
à la mise à prix de l'objet, elle a été fixée
à 4000€ ; une somme relativement peu élevée que justifie Guillaume
Raoux,
responsable de la vente. Selon lui, en effet, elle traduit une volonté
de la
famille qui détient la cloche, de permettre au public le plus large de
revivre
cette période glorieuse de notre Histoire et d'enchérir afin de tenter
d'en
acquérir le dernier et sans doute le plus emblématique des témoignages.
Le
"sous-marin fantôme"
redonne espoir à la Corse
Surnommé
"le sous-marin
fantôme" par les Allemands, le Casabianca fut
effectivement un modèle de discrétion et de furtivité durant le second
conflit
mondial, réussissant à chacune de ses missions à échapper à l'ennemi,
soit en
s'évanouissant dans la nuit et les profondeurs de la Méditerranée, soit
en
manoeuvrant habilement pour déjouer les tirs adverses. Ce sous-marin
de 1500 tonnes, mis en service en 1936, se fait remarquer
dès 1940 en mer du Nord, mais son premier fait de gloire est de
parvenir à
quitter Toulon à la barbe de l'occupant, appareillant en un temps
record grâce
notamment à des réserves de fioul secrètement reconstituées. Il rejoint
alors
les Forces navales françaises libres (FNFL) à Alger. Très respecté de
son
équipage, le commandant L'Herminier bénéficie en retour de l'extrême
détermination et de la cohésion exceptionnelle de ses 85 marins. Rien
ne les
arrêtera plus ; ni les salves ininterrompues de 60 grenades, ni les
immersions
à plus de 80 m (il n'était conçu pour descendre si bas), ni les
navigations en plongée, à l'aveugle, sur des fonds de moins de
35 m. Le Casabianca est
alors désigné pour remplir l'une des missions les plus périlleuses de
la guerre
: portant le nom de code Pearl Harbour, elle consiste à alimenter en
armes et
en munitions les maquis corses afin de faciliter la libération de l'Île
de
Beauté. Le sous-marin réussira à débarquer près de 35 tonnes de
matériel sur
les plages d'Arone, de Chjuni, de Saleccia, de Porto. Plus fort encore,
il
parvient à déposer dans le golfe d'Ajaccio les 109 hommes du bataillon
de choc Gambiez.
Cité à de multiples reprises à l'ordre de la Marine, le Casabianca était
l'un des rares bâtiments alliés autorisés par l'amirauté britannique à
arborer
le pavillon noir des pirates, le fameux "Jolly Roger", qui
distinguait les navires de combat les plus audacieux.
Philippe
Gallini
photos internet fassebouck ou ??? JE PENSE PAS LE CASABIANCA
Belle
réception ce jour dans le salon napoléonien de la Capitaine de Corvette
Audrey Boutteville, commandantl'Aviso"CommandantL'Herminier"
dont la ville d'Ajaccio est la marraine. Ce navire porte le nom du
Commandant JeanL'Herminier,
qui dirigeait le sous - marin Casabianca. Ils arborent le Jolly Roger,
drapeau des pirates.
L’Aviso
Commandant l’Herminier en escale à Ajaccio : L’équipage reçu à l’hôtel
de ville
Rédigé
par Jean-François Vinciguerra le Mardi 13 Décembre 2016 à 15:21 |
Modifié le Mardi 13 Décembre 2016 - 18:54
Il
est des bâtiments de la Marine Nationale qui ne passent pas inaperçus.
C’était le cas lundi soir dans le port d’Ajaccio, avec la visite de
l’Aviso Commandant l’Herminier, venu relâcher quelques heures avant sa
toute dernière mission. Le navire et son équipage, commandé par le
capitaine de vaisseau Audrey Boutteville, ont été accueillis dans les
Salons Napoléoniens par Marie-Ange Biancamaria, adjoint délégué au port
Le
Commandant l’Herminier est un personnage de la deuxième guerre mondiale
fort connu en Corse. Il a été le valeureux commandant du Casabianca, ce
sous-marin, dit « de grande patrouille » entré en service en
1936. Il est resté célèbre pour s'être échappé de Toulon lors du
sabordage de la flotte le 27 novembre 1942, afin de reprendre le combat
contre les Allemands et les Italiens. Il s'illustra en participant à la
libération de la Corse sous les ordres du capitaine de frégate Jean
L'Herminier et assura la liaison entre la France occupée et l'état
major de la France combattante basé à Alger.
Ce
n’est pas la première fois que le célèbre navire touche la cité
Impériale. Il avait déjà jeté l’ancre un jour de 1987 pour une
émouvante cérémonie de parrainage : « Lorsque nous
voyons entrer l’Aviso Commandant l’Herminier dans le golfe d’Ajaccio,
nous pensons à ce jour de septembre 1943 où notre ville accueillit en
libérateur le sous-marin Casabianca, dont les livraisons d’armes à la
résistance avaient contribué au succès de l’insurrection » a
rappelé Marie-Ange Biancamaria.
Rappelons
que l’Aviso Commandant l’Herminier navigue depuis plus de 35 ans dans
toutes les mers du globe et son commandant, Audrey Boutteville est
fière d’occuper le poste de « pacha » sur un navire qui
représente beaucoup aux yeux des insulaires. Le navire reprendra
aussitôt la mer pour sa toute dernière mission dans le golfe de
Guinée :
« Cette
escale était particulièrement importante pour nous car j’espère qu’un
autre bateau prendra le nom de Jean l’Herminier. Terminer un chapitre
de l’histoire entre un bateau de la Marine nationale et le Commandant
l’Herminier, permet de finaliser et de voir à quel point les liens
entre ce bateau et la ville sont forts. Ce « jolly Roger »
qui a fait couler beaucoup d’encre dans la presse nationale est le seul
qui intègre l’image de la Corse en haut à droite que l’on peut voir
flotter fièrement. C’est quelque chose dont nous sommes tous très fiers. » J.-F. V.
SUR LE MEME SUJET
21/03/2108
AJACCIO
DERNIERE
ESCALE DE L'AVISO COMMANDANT L'HERMINIER
ALLOCUTION DU MAIRE D'AJACCIO
Le capitaine de
corvette, Matthias Canonne, commandant l Aviso « commandant L Herminier
», le capitaire de corvette, Xavier Lhernould, commandant en second et
monsieur Jacques Vergellati, directeur de l ONACVG2a.
Le "Commandant l'Herminier" ne reviendra plus en Corse
Il
a pris la mer il y a 32 ans, sous le nom du célèbre commandant qui
dirigeait le sous-marin Casabianca, artisan de libération de la Corse
en 1943. Ce chasseur de sous-marins de la marine nationale française
est revenu une dernière fois en Corse. Il partira cet été pour Brest
pour y être démantelé.
Ajaccio,
France
Le
patrouilleur et chasseur de sous-marins "Commandant l'Herminier"
effectuait ces quelques jours sa dernière escale en Corse, avant son
désarmement. Baptisé "Commandant l'Herminier" en hommage au
commandant du Sous-Marin Casabianca, qui a grandement participé à
libérer la Corse en 1943, le navire est en fin de vie. Il sera
démantelé en juillet prochain à Brest, son port d'attache. Après
32 ans de bons et loyaux services, comme on dit, dans la marine
française, le bâtiment s'est amarré une dernière fois dans sa ville
Marraine. Un petit pincement au cœur pour son équipage et leur
commandant, le capitaine de corvette Mathias Cannone :
Capitaine de
Corvette Mathias Cannone, Commandant du "Commandant l'Herminier" depuis
1 an
"L'ambiance l'hermininer" : des
moments "inoubliables"
Construit
il y a 38 ans, le navire rend fier ses 80 hommes et femmes d'équipage.
Plus de lance torpilles depuis une dizaine d'année, mais des sonars et
du matériel moderne qui lui permettent encore à ce jouer d'effectuer
n'importe quelle mission, y compris celles de l'O.T.A.N.
Au
delà de la symbolique du nom, le Bateau baigne dans son histoire. Les
murs blancs des couloirs sont décorés de portraits du Commandant
l'Herminier, et de nombreux souvenirs de mission. Emmanuel Cecco, jeune
matelot de 24 ans, sera bientôt affecté ailleurs, après deux ans sur le
patrouilleur, et il est déjà très nostalgique, voir frustré :
Emmanuel
Cecco, matelot
Dernier baroud d'honneur
Cette
sentinelle des mers a un bon palmarès. Soutien français après le 11
septembre, au large de l'Afghanistan, lutte contre la piraterie dans
l'Océan Indien, ou encore contre le trafic de migrants en Méditerranée,
près de côtes Lybiennes et Siciliennes...La liste est longue (voirWikipédia).
Avant
de rejoindre sa dernière demeure à Brest, en juillet prochain, le
navire participera à un dernier exercice de l'O.T.A.N. en Atlantique
nord.
L'équipement
Doté
d'un système de radars et sonars permettant de guetter des présences
ennemies dans les bas fonds, le Commandant l'Herminier est aussi équipé
de plusieurs mitrailleuses 12-7 et de mitrailleuses de 20mm, destinées
aux combats rapprochés, et aussi à l'anti-aérien. La tourelle
principale étant elle dotée d'un canon de 100mm, capable de tirer
jusqu'à 13km de distance. Depuis 2009, le lance-roquettes a été
débarqué, ce qui ne l'a pas empêché de poursuivre ses missions.
Spécificité, il est le premier navire de la marine a avoir été équipé
de deux
moteurs 12
cylindres diesel à bas taux de compression,
permettant une meilleure accélération, avec ses 6000cv.
Dernière
escale à Ajaccio du patrouilleur de haute mer « Commandant l’Herminier »
Rédigé
par Marie MAURIZI le Mardi 27 Mars 2018 à 17:29 | Modifié le Mardi 27
Mars 2018 - 23:06
La
ville marraine du bâtiment « commandant l’Herminier » a reçu les
membres d’équipage du patrouilleur récemmentdans le salon Napoléonien
de la mairie d’Ajaccio, en présence d’anciens combattants, des
associations et de Jacques Vergellati directeur de l'ONAC de la
Corse-du-Sud et du Capitaine de corvette Mathias Canonne. Une dernière
escale dans la ville impériale saluée par Laurent Marcangeli son maire,
avant que le navire ne soit désarmé le 3 juillet prochain à Brest.
Auparavant une gerbe a été déposée devant le monument aux morts à la
mémoire du Commandant l’Herminier.
Photo
Cita d'Aiacciu
Ajaccio
à un quai qui porte le nom de l’Herminier, pour se rappeler le
commandant Jean L'Herminier l'un des grands artisans de la libération
de la Corse et valeureux commandant du Casabianca, ce sous-marin, dit «
de grande patrouille » entré en service en 1936.
Promu
commandant du sous-marin Casabianca en 1942, Jean L'Herminier,qui a
refusé en 1943, malgré la grave thrombose dont il était atteint, de
débarquer avant la libération de la Corse, doit alors subir
l'amputation des deux jambes.
À
Alger, le Casabianca est affecté aux Services spéciaux de la Défense
nationale. Il est placé en appui de la mission secrète Pearl Harbour,
chargée de coordonner les premiers réseaux de résistance en Corse en
vue d'un débarquement de troupes françaises. Il assure le soutien
logistique permanent de ses quatre premiers agents (Toussaint et Pierre
Griffi, Laurent Preziosi et Roger de Saule), notamment le
ravitaillement des maquis en armes, puis du commandant Paulin Colonna
d'Istria, chargé de la coordination militaire de la résistance pour le
débarquement des forces spéciales.
Le
13 septembre 1943, le Casabianca débarque les premiers soldats
français, 109 hommes du bataillon de choc, à Ajaccio, première
ville libérée de France métropolitaine. Il assura aussi la liaison
entre la France occupée et l'état-major de la France combattante basé à
Alger. La libération de la Corse s'achève le 4 octobre 1943 par la
libération de Bastia.
L’Aviso
Commandant l’Herminier navigue depuis plus de 35 ans dans toutes les
mers du globe. Ce patrouilleur de quatre-vingts mètres de long,
composante de la Force d'Action Navale, il est spécialisé dans la lutte
anti-sous-marine côtière. Sa polyvalence lui permet de remplir des
missions de défense des approches maritimes, de surveillance et
d'escorte en haute mer ainsi que de présence outre-mer.
Matthias
Canonne,
Angélica Catellaggi, CMC de Corse, Xavier Lhernould, Jacques
Vergellati,
directeur départemental
Baptisé
du nom de celui qui commandait
le sous-marin Casabianca, le commandant Jean L’Herminier, l’Aviso
« commandant Jean l’Herminier » est mis à flot en 1981. Après
plus de
30 ans de service, il sera démantelé à Brest cet été.
Mais
qui était Jean L’Herminier ?
Né en janvier 1902 à Fort-de-France, il s’inscrit quelques années plus
tard à
l’École Navale. Remarquable manœuvrier qui préfèrera la désobéissance
au
déshonneur, il sauve le Casabianca le 27 novembre 1942 en s’échappant
de la
rade de Toulon sous les feux adverses alors que la flotte française se
sabordait. Il effectuera diverses missions en Corse, notamment la plus
célèbre
« Pearl Harbour ». Jean L’Herminier est donc un des artisans
de la
Libération de la Corse puisque le 13 septembre 1943, quelques jours
après
l’insurrection ajaccienne du 9, il débarque à Ajaccio le 1er bataillon
de Choc dans le cadre de l’opération Vésuve déclanchée d’Alger par le
Général
Giraud. Grand invalide, il décèdera en juin 1953.
Ajaccio
est la ville marraine de ce
patrouilleur depuis 1987. C’est donc avec une grande émotion que
Monsieur
Laurent Marcangeli, maire d’Ajaccio, a accueilli pour cette ultime
escale du
mercredi 21 mars 2018 les 98 membres d’équipage encadrés par le Pacha
actuel,
le Capitaine de corvette Mathieu Canonne. Étaient présents dans les
salons
napoléoniens de la Ville, les autorités civiles et militaires et le
monde
combattant local. Après cette réception, rendez-vous à bord du bâtiment
amarré
au port de commerce d’Ajaccio où un déjeuner était prévu avant le dépôt
de
gerbe au pied du buste de Jean L’Herminier sur le quai éponyme. Si les
heureux
invités ont eu la chance de pouvoir être conviés à une visite complète,
ce sont
surtout les scolaires qui ont pu découvrir les jours suivants la
complexité
d’un navire de guerre et le dévouement de ses marins.
Au-delà
de la symbolique du nom, le
bateau fait référence à son histoire : des portraits du commandant
l’Herminier et des pièces d'époque sont affichés, réfletant ainsi le
lien
passé-présent.
A
l’occasion de ce 75ème anniversaire
de la Libération de la Corse, ce dernier « au revoir »
symbolique a
permis de rappeler l’engagement de ceux qui, partis d’Alger, ont foulé
le sol
de la Corse en septembre 1943 pour participer à la libération de l’île
jusqu’au
4 octobre, faisant ainsi de la Corse, comme l’a dit le Général de
Gaulle, le
"premier morceau de France libérée".
Mission
Interdépartementale Mémoire et Communication de la Corse
Commandant
L’Herminier : derniers tours d’hélice avec ses commandants
Retour
sur Brest, photos de famille pour treize anciens commandants du Cdt
L'Herminier | Ouest-France
ouest-france
Brest
Publié
le
Désarmé
après trente-deux années de service, l’aviso Commandant L’Herminier a
parcouru, vendredi, ses derniers nautiques, avec plusieurs anciens
commandants dans la rade de Brest.
Vendredi
matin, beau temps, mer calme, le patrouilleur de haute mer (ex-aviso)Commandant
L’Herminierappareille de la base navale de
Brest pour une dernière sortie en mer.
À
bord, 13 anciens commandants, qui vont partager les derniers
nautiques. Au programme de la journée : une navigation en mer d’Iroise,
ponctuée par le passage d’un Hawkeye et plusieurs passages de quatre
Rafales de Landivisiau.
Ma
première mission
Cette
ultime sortie est pleine de souvenirs. L’émotion, ont la sent
transpirer à chaque anecdote que ravive cette dernière expérience.« Ma
première mission a été de faire fonctionner une propulsion, dont la
mise au point a été laborieuse. Je devais aussi contacter la famille
L’Herminier pour qu’Ajaccio devienne notre ville marraine. Aujourd’hui,
avec émotion, j’ai retrouvé ce bateau avec les mêmes sensations et
esprit d’équipage »,commente l’amiral
Bernard Fabiani, premier commandant.
« Retrouver
les anciens commandants, c’est un peu comme une fête. Ce bateau a en
héritage l’état d’esprit du capitaine de vaisseau, Jean L’Herminier,
commandant du sous-marin Casablanca, artisan de la libération de la
Corse. C’est une fierté d’avoir conduit ce bateau avec l’investissement
de tous les marins passés à bord. Cette dernière sortie est un moment
particulier, la fin d’un équipage qui, j’espère, servira sur un autre
bateau »,explique le capitaine de corvette,
Mathias Canonne, 24eet
dernier commandant duCommandant
L’Herminier.Clap
de fin : 15 h, l’aviso manœuvre pour s’accoster à un épi-porte-avions.
Le traditionnel et ultime « terminé, barre et machine » sera diffusé
toujours avec émotion par le premier commandant.
32
années de service
Trente-deux
années de service, construit par la DCN Lorient et admis au service en
janvier 1986, leCommandant
L’Herminierest le 11ebâtiment
d’une série de 17. Il était réputé très économique et marin (la
mobylette et couteau suisse des mers). La polyvalence des ex-avisos
leur permet de remplir des missions de défense des approches maritimes,
de surveillance et d’escorte en haute mer, ainsi que d’être présent
outre-mer.
En
chiffres
PUBLICITÉ
Le
Commandant L’Herminier en quelques chiffres. Longueur : 80,5 m.
Déplacement : 1 250 tonnes. Équipage : 85 marins.
Vingt-quatre commandants se sont succédé à bord. 805 000 nautiques
parcourus (équivalent d’un tour du monde par an). Dix missions Corymbe
(présence permanente d’un bâtiment au large des côtes d’Afrique de
l’Ouest).
On
lui doit d’avoir fait de la Corse le premier département libéré de
France. Guidé par le capitaine de corvette breton, Jean L’Herminier, le
sous-marinLe Casabiancaa
activement participé à la libération de l’île le 13 septembre 1943.
Le
bâtiment doit son nom au héros d’Aboukir, Luce de Casabianca, qui
s’était sabordé, avec son fils, sur son navireL’Orient,
afin d’éviter d’être capturé (voir ci-dessous).
En
1942, commandé par le capitaine Jean L’Herminier,Le
Casabiancaest placé en appui de la mission
secrètePearl Harbour,
chargée de coordonner les premiers réseaux de résistance en Corse, en
vue du débarquement des troupes françaises. Il assure, dans le même
temps, le ravitaillement en armes des résistants de l’île.
Alors
que la zone libre est annexée par l’Allemagne en novembre 1942, plutôt
que de voir ses navires tomber aux mains de l’ennemi, la flotte
française sabordera ses navires sur le port de Toulon. Mais plusieurs
commandants de navires - dont le celui duCasabianca-
préfèrent prendre la mer en direction d’Alger.
Quelque
temps après avoir rejoint la ville algérienne, l’équipage duCasabiancareprendra
la mer pour poursuivre les combats, du côté de la Corse.
Le
13 septembre 1943, les hommes du bataillon de choc duCasabiancadébarqueront
à Ajaccio, qui sera la première ville libérée de l’occupation
allemande. Sur l’île. Et dans le pays.
La
libération de la Corse - dans laquelle le célèbre sous-marin a joué un
rôle déterminant -, s’achève à Bastia le 4 octobre 1943.
L’histoire
duCasabianca-
et son rôle dans la libération de l’île - a été une source
d’inspiration riche pour l’art et l’artisanat. Des médailles dessinées
et gravées par Georges Crouzat, Pierre Dionisi ou Diego sont frappées
pour immortaliser cette date et célébrer la mémoire du résistant corse
Fred Scamaroni. Un exceptionnel plat émaillé, fabriqué par la
Manufacture Saint-Jean l’Aigle à Longwy, dédié au sous-marinLe
Casabianca, est présenté dans l’expositionE
Figure di à Corsica. Symboles, emblèmes et allégories.
(D’après
M.-E Poli-Mordiconi. Cet objet est à retrouver dans l’exposition "E
Figure di a Corsica" au Musée de la Corse, jusqu’au 30 mars 2019).
À l’origine de son nom, celui du héros d’Aboukir
Le
célèbre sous-marin tient lui-même son nom de Luce de Casabianca
(1763-1798), surnommé le héros d’Aboukir. Selon un article de Michel
Verge-Franceschi, historien spécialisé dans la marine, s’appuyant sur
la thèse de Fleur de Casabianca : Luce de Casabianca, né à Vescovato en
1763, aurait eu pour parrain Pascal Paoli. Très jeune, sa famille le
destine à la marine. Il a d’ailleurs reçu une éducation et une
formation maritime auprès de son père. Après une brillante carrière, il
trouvera la mort avec son fils, lors de la bataille d’Aboukir, en
Égypte, où il combattait aux côtés du vice-amiral Brueys - sous les
ordres de Bonaparte - contre l’amiral Nelson - pour la Royal Navy. Lors
de la défaite des Français dans la baie d’Aboukir, Luce de Casabianca
et son fils perdront la vie dans l’explosion de leur navire, qu’il
venait de saborder, pour éviter d’être capturé. Bonaparte lui-même
aurait salué leur courage. Depuis, le nom de Casabianca a été donné à
de nombreux navires et bâtiments de guerre, dont le célèbre sous-marinLe Casabianca.
Né à
Ajaccio, le 24-10-1914. Décédé le 19-03-1943 à Ajaccio.
Godefroy
(dit "Fred"), François-Jules Scamaroni, est né le 24 octobre 1914 à
Ajaccio. Son père, mort à 47 ans, d'abord avocat au barreau de Paris, a
opté pour une carrière préfectorale qui s'achève dans le Loiret. Sa
mère, Charlotte de Peretti, soeur de Jean de Peretti est née à Ajaccio
en mars 1891. Fred Scamaroni a deux soeurs, Marie-Claire, l'ainée, et
Annick, la benjamine. Cette famille est proche des milieux
radicaux-socialistes.
Fred Scamaroni, étudiant en 1934, participe aux côtés de la gauche, aux
manifestations de février 1934. Il obtient une licence en droit et
passe le concours de chef de cabinet de préfecture. Il fait ses débuts
à Besançon après un service militaire effectué à l' Ecole d'officiers
de réserve de St-Maixent. En 1937, il est sous-lieutenant au 65e
régiment d'infanterie de Nantes.
Pendant
la Guerre.
Quand
la guerre commence en 1939, il est chef de cabinet du préfet du
Calvados. Maintenu à son poste civil, il obtient d'être affecté, à
partir du 4 septembre, à un régiment de réserve d'infanterie cantonné
dans le Nord, puis, sur sa demande, en décembre 1939, à la base
aérienne de Tours où il obtient, le 17 mai 1940, le brevet
d'observateur en avion. Il est sérieusement blessé deux jours plus tard.
Pendant la période de l'exode, il réussit, le 16 juin, à rejoindre sa
base à Tours, puis, avec d'autres officiers de l'armée de l'Air, il
gagne St-Jean-de-Luz. Le 21 juin, une opportunité de gagner
l'Angleterre s'offre à eux : 110 volontaires peuvent s'embarquer sur
deux croiseurs polonais qui arrivent le 23 à Plymouth. Le 26, Fred
Scamaroni signe son engagement dans les Forces françaises libres.
Volontaire pour l'opération Menace, il quitte Liverpool, le 31 août
1940, vers la Sierra Leone, puis vers Dakar, où il participe, le 23
septembre, à une mission de négociation auprès du gouverneur général
Boisson. Immédiatement arrêté, il reste emprisonné dans des conditions
très éprouvantes jusqu'en décembre 1940 à Dakar, puis à Bamako et à
Alger. Ramené en France, malade, il est transféré à la prison de
Clermont, jusqu'à sa libération le 2 janvier 1941.
Révoqué du corps préfectoral, il occupe un poste subalterne au
secrétariat d'Etat au Ravitaillement à Vichy, ce qui lui donne des
motifs officiels pour se déplacer. Il se rend en Corse en avril 1941
après avoir pu être confirmé comme agent de la France libre. A Vichy
même, il a déjà créé avec quelques amis le réseau de renseignement
militaire Copernic. Il a pu avoir des contacts avec P.H. Teitgen et H.
de Menthon, fondateurs du mouvement Liberté.
Ses
objectifs majeurs sont en Corse, son pays natal, dont il mesure toute
l'importance stratégique et où il espère un débarquement allié, qui
serait préparé et soutenu par le réseau FFL R2 Corse, sous l'autorité
du général de Gaulle. Il y fait un deuxième voyage en octobre avant
d'être rappelé à Londres en décembre 1941. En 1942, il est intégré à
l'état-major particulier de De Gaulle et suit un stage de formation au
BCRA . Son pseudo est "François-Edmond Severi". Son ordre de mission
pour la Corse, Sea
Urchin, est
signé le 9 décembre. Le 17 décembre, il est à Alger où le général
Giraud ignore le réseau FFL. Il gagne la Corse, occupée depuis le 11
novembre 1942, sur un sous-marin britannique, dans la nuit du 6 au 7
janvier 1943. Il a de faux papiers au nom de Joseph Grimaldi,
représentant de commerce. Il débarque dans le golfe du Valinco avec un
radio, Hellier, un officier anglais spécialiste du repérage des
terrains d'atterrissage, des matériels et des fonds. Il gagne Ajaccio
par des moyens de fortune pour rencontrer Archange Raimondi. Il a
d'autres contacts avec Antoine Serafini et Fernand Poli.
Dès lors, jusqu'en mars 1943, il a une intense activité de recrutement,
de préparation à la réception et au camouflage des armes. Dans le Nord
de l'île, il a l'appui de Jean Zuccarelli et des Giacobbi. Il cherche
le contact avec les mouvements de Résistance Combat et Libération qui
ont les mêmes dirigeants. Il ne parvient pas à créer une structure
unitaire. Il rencontre, dès le 10 janvier, Nonce Benielli, pour une
action commune avec le Front national (FN). Mais leurs vues sur les
problèmes d'autorité et sur le processus de Libération sont
divergentes. Le FN préfère le contact avec les émissaires de Giraud.
Le temps va faire défaut à Fred Scamaroni. Il demande le remplacement
d'Hellier auquel il ne fait plus confiance. Le 12 mars, un sous-marin
anglais débarque un autre radio ainsi que des armes et de l'argent.
Fred
Scamaroni sait son réseau en partie repéré, mais veut terminer son
travail à Ajaccio. Il y est arrêté par l'OVRA dans la maison des
Vignocchi, dans la nuit du 18 au 19 mars 1943. Quelques heures après Hellier et
huit autres membres du réseau sont arrêtés la même nuit ; et, pour les
autres, la traque va continuer dans les semaines suivantes.
Vingt-quatre heures après, Fred Scamaroni, qui a résisté aux
interrogatoires, se suicide dans sa cellule de la citadelle d'Ajaccio.
le 19 mars 1943, à l'âge de 29 ans. L'évêque d'Ajaccio lui refuse
l'absoute.
Hélène Chaubin CD-ROM « La Résistance en Corse » AERI
N.D.L.R.
: Louis
Luciani
conteste la thèse souvent avancée, selon laquelle Ce serait Héllier qui
aurait parlé sous la torture. Et aurait-il parlé sous la torture ?
combien de purs patriotes résistants n'y ont pas résisté.
En
relation avec le S.O.E. (Special Operation Executive, un
service secret anglais), depuis Alger, où les Alliés ont pris pied
depuis la 8
novembre 1942, le Général de Gaulle chargeFred
Scamaronid’établir
le contact avec la Résistance
corse. Pour cette mission, baptisée Sea Urchin (Oursin), Fred Scamaroni
sera
accompagné par un radio, J.B. Hellier et un Britannique, instructeur en
armement, James Anthony Jickell. Ces trois hommes devront débarquer
clandestinement sur les côtes corses par un sous-marin.
Partis
le 30 décembre 1942 d’Alger, le sous-marin H.M.S. Tribune
est retardé par une forte houle. Il atteint le golfe de Lava, au nord
d’Ajaccio
le 5 janvier. La mise à terre est prévue le 6 janvier à 0 h. 30 mais à
cause
d’une forte houle et surtout d’un projecteur qui balaye la plage, le
commandant
Porter renonce et se dirige vers un autre lieu : ce sera la baie de
Cupabia, au
sud du golfe d’Ajaccio et au nord du golfe du Valinco. Faute de moyens
de
communications entre Alger et la Corse, la mission n’est pas attendue ;
donc il
n’y aura personne pour l’accueillir… sauf peut-être les occupants
italiens.Le
lieu précis de la mise à terre sera la plage du Scogliu biancu (Le
rocher
blanc).
"A
21 h. 40, Porter détermina la route pour l’approche vers
la plage de débarquement et poursuivit sa marche sur ses moteurs
principaux.
"A 23 h. 45, les deux canots pneumatiques, les bagages et une
bicyclette
pliante, d’un modèle conçu par le S.O.E., furent montés sur l’avant.
Les canots
furent gonflés et l’assiette du sous-marin fut abaissée sur
l’avant.
"A 00 h. 25, à la position suivante : 41° 44’ N., 08° 15’E., et à 550
mètres du point d’échouage, les deux dinghies furent mis à l’eau et
chargés.
Porter nota dans le journal de bord que les trois agents embarquèrent
avec un
moral élevé. A 00 h. 35, les embarcations larguèrent les amarres
et se
dirigèrent vers la terre selon une route droite, à bonne allure. Ils
étaient
visibles sur le fond blanc des rochers presque jusqu’à leur arrivée au
rivage.
La nuit était claire et très étoilée, avec une légère brume vers le
large. […]
» (1)
"A 01 h. 25, le débarquement effectué, les canots quittent la plage
pour
rejoindre le sous-marin qu’ils atteignent vers 02 h. 30. Mission
accomplie pour
le sous-marin ! Celle de Fred Scamaroni commence.
«
Scamaroni se mit en route seul à travers le maquis en direction
d’Ajaccio, à 30 km de là, avec sa bicyclette sur le dos. Il laissa
Hellier et
Jickell près de la plage dissimuler le poste radio, les bagages de
l’équipe et
une valise scellée dont lui seul connaissait le contenu : elle
contenait la
plus grande partie de tous les fonds, qui se montait à un million de
francs
destinés à financer la les opérations de la mission […]. Continuant son
chemin
à travers la campagne jusqu’à la rivière Taravo, il tomba dans un fossé
et s’y
endormit jusqu’à l’aube. Puis il poursuivit sa route à vélo vers
Ajaccio où il
arriva à la nuit tombante, transi et affamé. Sous l’identité d’un
voyageur
de commerce, il frappa à la porte d’un homme nomméRaimondi,
un
entrepreneur de travaux publics et propriétaire de cinéma, qui avait
été choisi
parAchille
de Peretti,
futur
président de l’Assemblée nationale, pour être l’adjoint de Scamaroni à
la tête
de la mission […].
Jickell
et Hellier, après avoir dissimulé leurs bagages,
semblèrent avoir pris la route d’Ajaccio. Poli (Un résistant du
mouvement
Combat) et un homme du nom de Vignocchi allèrent à leur recherche en
voiture et
les retrouvèrent, mourant de faim et égarés. Ils furent ramenés à
Ajaccio et
installés dans une maison sûre. » (1)
Le lendemain, le 9 janvier, Jickell et Hellier, en compagnie de
quelques
résistants retournèrent sur les lieux du débarquement récupérer les
bagages.
Ils les retrouvèrent mais une d’entre elles manquait. C’était celle qui
contenait des armes, des quartz de rechange pour les postes radio
d’Héllier et
la plus grande part de l’argent de la mission. Après une enquête
rapidement
menée, il s’avéra que c’était un jeune berger qui l’avait dérobée. «
Après quelques
menaces de mort traditionnelles en Corse et une promesses de silence,
les
parents du jeune berger finirent par rendre la valise et son contenu,
dont les
trois quarts de l’argent. » (1)
(1)
Ce récit est fait à partir du livre de Sir Brooks Richards «Flottilles
secrètes, Les liaisons clandestines en France et en Afrique du Nord.
1940-1944.
Ed. MDV.
A.P.
Le
H.M.S. Sybil.
Extrait de « Flottilles secrètes » (Sir Brooks Richards. Ed.
MDV)
En juin, vers
le 15*, le
sous-marin HMS Sybil (Lieutenant
E.J.D. Turner, R.N.) fut envoyé au sud de la Corse avec une livraison
d’armes.
Il emmenait également le lieutenant R.J. Laming, R.N.V.R. et le
premier-maître
Sam Smalley, de la section navale du S.O.E. qui formaient l’équipe du
convoyage. Il était prévu que Laming rencontre Colonna [Paulin Colonna
d’Istria] et s’entretienne de la situation avec lui. Colonna était au
point de
rendez-vous et vient à bord pour cette discussion pendant qu’on
débarquait les
approvisionnements. Alors que les embarcations s’éloignaient vers la
plage
après les derniers chargements, les Italiens donnèrent l’alarme et
commencèrent
à tirer en direction de la mer. Les patriotes sur la plage parvinrent à
se
dégager en combattant avec le matériel débarqué, mais Colonna se
retrouva
coincé à bord du sous-marin. N’arrivant pas à reprendre contact avec
ses hommes
à terre la nuit suivante, il dut se résoudre à retourner à Alger à bord
du
navire. Cette mésaventure s’avéra heureuse. Le commandement allié,
ayant décidé
un grand débarquement en Sicile (Opération Husky), décréta le 21 juin
que la
libération de la Corse devait être une responsabilité française. [Elle
fut
bien, exclusivement française].
Maurice Choury,
situe l’opération
le 9 juin 1943 « Tous bandits d’honneur ». Ed. Piazzola.
2011. Page
64.
Le
Sous-marin Sybil à Travo.
Le
récit de Dominique Lucchini (Ribellu)
L'équipe
comprend outre Colonna [Paulin], Jean
[Nicoli], Jules [Mondoloni] et moi: Bébé Arrighi, Dominique Vincetti et
un gars
du Niolo. Elle se rassemble à la ferme de Dominique Poli près de
l'embouchure
du Travo où se trouvent déjà Poli, dit le Douanier, et un meunier de la
région.
Nous partons en reconnaissance et nous repérons un poste italien en
surplomb de
la plage. La nuit venue, nous nous rendons au point fixé. Un canot,
venu sans
attendre les signaux, débarquait déjà les armes! Le chef du commando de
débarquement, un Anglais, nous dit, en montrant les lourdes caisses:
«Demain
soir encore autant», et repart après avoir embarqué Colonna, celui-ci
désirant
prendre contact avec le commandant du sous-marin. A ce moment, le poste
italien
ouvre le feu. Pendant que nous cachons les caisses, le canot rejoint le
sous-marin dont le kiosque seul émerge, et Colonna reste à bord. Une
mitrailleuse s'enraye après avoir tiré trois coups. Le sous-marin n'est
pas
atteint[1].
Le groupe se replie dans un champ de blé. C'est tout de même malheureux
de voir
arriver les premières armes et de les laisser là! On retourne donc sur
la plage
et jusqu'au jour on coltine les caisses qu'on répartit en trois dépôts,
le
dernier au-dessus de la ligne de chemin de fer pour pouvoir l'évacuer
rapidement en montagne en cas de nouvelle surprise.
Le
lendemain matin, je retourne à la plage
accompagné du meunier pour voir si nous n'avons rien oublié. «N'allez
pas vous
faireremarquer avec vos mitraillettes»,
nous dit Jean Nicoli, et il me donne son revolver d'ordonnance et au
meunier un
colt. Nous retraversons le champ de blé. Avant de me diriger vers la
plage, je
veux observer le secteur. Au moment où je lève les bras pour saisir les
basses
branchesd'un gros poirier sauvage, j'aperçois trois
carabiniers sur le
chemin bordant le champ. Je fais signe au meunier et nous filons à
quatre
pattes dans les blés. Comme nous arrivons à un mur de pierres sèches,
nos trois
poursuivants[2]
surgissent et crient: «Pianta o sparo[3]»en nous mettant en joue. Le meunier reste debout. Je me
dis: si je me
sauve, ils le tuent. Et je me lève...
– Documenti?
Je sors ma carte
d'identité Le lieutenant fouille mon
portefeuille. Les deux carabiniers sont des colosses. Comment s'en
débarrasser?
– Vous allez nous suivre à
Solenzara pour
vérification d'identité.
Nous voilà
partis vers l'embranchement qui mène à la ferme de Dominique Poli, moi
devant,
encadré des deux carabiniers, le meunier derrière, un filet de pêche
sur
l'épaule et parlant avec le lieutenant.
Je me dis:
il va le descendre avec son colt et je m'occuperai des deux autres.
Rien. On
arrive sur la route nationale. Le lieutenant s'isole dix minutes avec
le
meunier et revient en criant aux carabiniers: «Fouillez-le.»
Je me
revois, avec le veston noir que m'avait donné Jean et le chapeau gris
tout neuf
de Colonna!
Pendant que
les carabiniers retirent l'arme de l'épaule pour me fouiller, je fais
le geste
d'ouvrir tranquillement la veste en disant: «Vous pouvez vérifier, je
n'ai rien
sur moi.»
En
l'espace d'un éclair - l'esprit est agile dans ces cas-là - jepense:
s'ils me prennent le revolver, ou bien ils me tuent ou bien ils me
passent les menotteset quand les copains les attaqueront tout
à
l'heure, les carabiniers me descendront. Je sors le revolver. Avant que
j'aie
pu tirer, six mains s'abattent dessus, essayant de me faire baisser le
canon et
vider le chargeur. L'instinct de conservation décuple mes forces: ils
avaient
beau m'appuyer sur l'index, il était de fer. Pas un de mes trois
adversaires ne
pense à me lâcher pour prendre du champ et m'abattre!
Dans la
lutte, un des carabiniers met la paume devant le canon. Je tire. La
main
percée, il s'écarte, bousculant le second qui lâche mon revolver, et me
prend à
bras le corps. J'appuie l'arme sur son bras et je tire. Deux coups. Il
tombe.
L'homme à la main blessée saute à nouveau sur mon revolver et le
lieutenant me
bondissant sur le dos essaie de m'étrangler. Je lui fais un
croche-pied, il
bascule dans le fossé, pendant que je tombe à la renverse sur celui qui
me
bloque le bras droit. D'un coup de tête, j'envoie rouler à nouveau le
lieutenant qui essayait de se relever. L'autre, toujours me tenant le
bras, me
bâillonne de sa main blessée. D'un coup de dents, je lui broie les
doigts. La
douleur lui fait lâcher prise. Je lui envoie les pieds dans la figure.
Il tombe
en arrière. «Pan! Pan!» je le liquide. Je vise le lieutenant qui
s'enfuit, mais
je n'ai plus de balles. J'avais dû tirer un coup de plus que je ne
croyais. Le
carabinier blessé au bras, que j'estimais hors de combat, essaie de me
coucher
en joue avec son mousqueton. Je le prends à bras le corps et, de toutes
mes
forces, je le lance par terre sur le crâne. Le lieutenant s'était
évaporé...
Au village, on prélève sur la demi ration de
pain pour ravitaailler les gars du maquis
Au premier plan à gauche, lelégendaire
Ribello, la terreur des carabiniers
Tout
cela se passait à soixante mètres d'une baraque abritant le poste de
garde d'un pont. Pour donner une idée de la rapidité de la bagarre,
les hommes de garde, assis à l'ombre sur le pas de la porte, au premier
coup de
feu, ressortaient seulement du poste, mousquetons en main, quand
j'achevais le
deuxième carabinier...
Quelques
minutes plus tard, toute l'équipe,
sauf le meunier (il s'était constitué prisonnier une deuxième fois) se
retrouve, sans s'être donné le mot, au troisième dépôt, au-dessus de la
ligne
de chemin de fer. Nous en récupérons les armes et nous nous séparons,
après
avoir franchi les montagnes, dansla région de Zicavo.
Dominique
Vincetti et Bébé Arrighi prennent le train à Vivario pour rejoindre
Bastia.
Jean Nicoli et Jules Mondoloni. en descendant sur Ajaccio,
s'accrocheront avec
une patrouille, près de Petreto-Bicchisano.
Dans la
région de Serra-di-Scopamène, j'organise une équipe de muletiers pour
récupérer
les deux derniers dépôts et je repars sur le Travo où je fais chou
blanc.
Dominique Vincetti m'avait devancé. Il avait remis les armes aux
patriotes du
Fium'Orbo.»
[1]Il
ne tentera
rien le lendemain et rejoindra Alger. Colonna d'Istria ne pourra
revenir que le
3 juillet
[2]Sous-lieutenant
Augusto Zancanti, carabiniers royaux Ulmati et Piocchi, du 29eme
bataillon
Le H.M.S Trident. A
l’embouchure du
Travo. 6 avril 1943.
Récit
de Sir Brooks
Richards. Flottille secrètes. Pp 871, 872.
Alors que la H.M.S Trident se trouvaiten plongée dans la journée précédent
l’opération, Newstead (Le lieutenant commandant de bord) reçut un
message
déplaçant le rendez-vous à un point situé à 20 miles plus au sud, à
l’embouchurede la rivière Travo.
L’opération elle-même qui eut lieu la nuit
du 6 avril, avec
une lune à son quartier, fut relativement simple : l’équipe S.O.E.
se
rendit à terre en pagayant vers la terre dans un canot pneumatique,
guidée par
Courtney et Lunn dans un canoë Folboat, dont la tâche était de
maintenir le
groupe au bon cap vers l’embouchure de la rivière. Ils approchèrent du
rivage
en silence, les parfums du maquis portés par le vent devenant plus
forts et
plus lourds. […]
Une fois à terre, les hommes débarqués du
pneumatique abandonnèrent
toute retenue et se joignirent aux hommes du comité de réception, en
leur
parlant à haute voix. De Saule dit à Colonna d’entrer en contact avec
Pierre
Griffi, qui le mettrait au courant de la situation […]
Courtney et Lunn étaient impatients de
repartir : de
Saule et Jickell, qui avaient échappé à l’arrestation lors de la
capture de
Scamaroni et d’Hellier par l’OVRA, furent accompagnés dans le dinghy
que
remorquait le Folboat. […]
Bien que de Saule ait été recueilli,
d’autres personnes
associées à sa mission Pearl Harbor devant être évacuées s’étaient
rendues au
rendez-vous d’origine sur la côte à 20 miles plus au nord, au cas où le
message
changeant le point de rendez-vous ne serait pas parvenu au sous-marin.
Aussi
Newstead vira vers le nord en espérant les recueillir ; parmi
elles,
devait se trouver Pierre Griffi, l’opérateur radio de de Saule. […] La
tentative échoua.
Bertrand Le Corff, Maître-mécanicien a embarqué sur le sous-marin
Casabianca en 1935, il connaissait ce bateau depuis sa construction. Il y sera
actif jusqu’au jour de l’évasion de la rade de Toulon, le 27 novembre 1942,
sans pouvoir continuer cette formidable aventure. Voici le récit compté par
Bertrand le Corff junior, fils de Bertrand le Corff (nommé ci-dessous « Papa
»), et transmis par Jean Lhuillery, petit-fils de Bertrand le Corff.
Le
Casabianca quitte Brest en novembre 1939 pour rejoindre Halifax (Canada), car
le bateau doit participer à l’escorte d’un convoi de navires marchands qui
ramènent en Europe les marchandises achetées aux Etats-Unis. Le Casabianca sera
de retour à Brest le 18 décembre 1939.
Le 15
avril 1940 le bateau quitte à nouveau Brest pour Harwich puis Dundee(Ecosse),
afin de réaliser des patrouilles dans les fjords de Norvège. Le bateau ne sera
de retour à Brest que le 10 juin, mais l’armée allemande approche de Brest et
le Casabianca quitte Brest le 18 juin 1940 et met le cap sur Casablanca où il
arrivera le 23 juin.
Le 18
juin au moment où le Casabianca quitte Brest, il y eut des bombardements sur
Brest, toute la famille était réfugiée dans les souterrains. Au matin quand ils
sont sortis du souterrain, le temps était très beau, mais en regardant vers
l’Ouest il y avait de la fumée et de grandes flammes. Des commandos anglais
avaient mis le feu aux dépôts de carburants vers le Portzic et les équipages
des bateaux qui quittaient Brest, le cœur triste car ils laissaient derrière
eux des êtres chers, voyaient Brest dans les flammes.
A
l’arrivée à Dakar l’équipage apprend la signature de l’armistice. Le bateau
restera ensuite sur les côtes d’Afrique, jusqu’à son retour à Toulon en octobre
1941.
Suite aux
bombardements fréquents de Brest, la famille part s’installer à Amboise.
Amboise était en zone occupée, et avant de rejoindre son bateau à Toulon, en
zone libre, Papa a dû aller à la Kommandantur faire signer sa permission par
les autorités allemandes, une étape bien difficile. Ensuite toute la famille a
quitté Amboise pour Toulon, pour la rentrée des classes, mais Papa n’était pas
là pour les accueillir. Le Casabianca n’arrivera à Toulon que fin octobre 1941.
Maman
faisait parfois de longues heures de queue dans l’espoir de pouvoir acheter quelque
chose. Parfois c’était seulement quelques pommes de terre, mais heureusement
papa avait vu en venant en permission le manque de nourriture et au retour sur
le bateau en Afrique du Nord, avait commencé à faire des provisions. Les
conserves s’accumulaient à bord et un jour le commandant lui demanda s’il
pensait ouvrir un restaurant à son retour en France. Papa lui répondit qu’il
avait vu la pénurie en France et il fut vite imité par les autres membres de
l’équipage. Ainsi les maigres provisions que maman pouvait acheter étaient
complétées par une boîte de conserve.
En
novembre 1942, les rumeurs de l’arrivée de l’armée allemande à Toulon se
précisent et la flotte basée à Toulon se prépare pour sa majorité à se saborder
afin que les Allemands ne puissent pas utiliser ses bateaux. Le commandement du
Casabianca a néanmoins d’autres projets : l’équipage réalise les derniers
préparatifs et profite de ses allocations de combustible pour exercices pour
faire quelques réserves. Le nombre de marins sur le Casabianca était un peu
supérieur aux possibilités de couchage dans le bateau, et la veille de
l’arrivée des allemands, papa va dormir à terre avec d’autres membres de
l’équipage. Au matin ils sont réveillés par les soldats allemands et faits
prisonniers, le Casabianca a réussi à s’échapper de Toulon et rejoint l’Afrique
du Nord.
Papa reviendra à la maison le lendemain (en emmenant une couverture), mais
le moral est au plus bas. Le bateau est parti, que faire ? Un ami lui suggère
de partir avec lui pour l’Angleterre via l’Espagne afin de continuer la guerre.
Pour papa ce n’est pas possible car il y a maman et nous quatre. (…)
27 novembre 2020 journée du sous marins
Aujourd’hui
27 novembre nous aurions dû nous trouver à Toulon pour les cérémonies
en hommage aux cinq sous-marins évadés lors du sabordage de la flotte et
célébrer également la Journée
du Sous-marin.
Bien
que nous ne puissions nous y rendre nos pensées et sûrement les vôtres
sont aussi auprès de tous les sous-mariniers disparus et les héros de
cette époque, nous ne pouvons oublier
Pierre FAVREAU, Maurice PRALY, Louis Gicquel et bien d’autres encore
qui ont fait l’Histoire et qui restent dans nos cœurs.
L’ Amicale Ondine nous a adressé une JSM virtuelle que nous vous prions de trouver en pièce jointe.
« Des officiers du "Casabianca" sont aidés par un pilote à la manoeuvre pour sortir du port. »*
Le sous-marin Casabianca s’illustre dès le début de la Seconde Guerre
mondiale, sous les ordres du capitaine de corvette Sacaze. Il obtient
sa première citation dans les fjords de la mer du Nord dès 1940.
Le capitaine de corvette Sacaze le commande du 4 novembre 1939 au 25
octobre 1941. Au cours de ces deux années, il effectue trois missions
importantes :
-
Tout d’abord l’escorte du convoi HX11 composé de 45 cargos, de Halifax
jusqu’en Grande-Bretagne. Le Casabianca reçoit pour cela une lettre de
félicitations collective.
-
Puis il se retrouve basé en Ecosse. Sa mission est de patrouiller
devant les fjords norvégiens pour couler tous les navires allemands. Le
14 mai 1940, il détecte un convoi, mais trop loin, hors de portée
torpille. Il fait le choix risqué de transmettre un message aux alliés
pour permettre aux avions de faire un raid : il sera fait avec le
succès de trois navires coulés. Mais, à cause de cette transmission, il
est contre-détecté et, pour échapper aux allemands, il va se réfugier
dans les bancs de sable du Jutland. L’équipage passe 45 heures en
plongée sans régénération de l’atmosphère. Le Casabianca obtient ainsi
sa première citation à l’ordre de l’armée de mer, le fanion est décoré
de la croix de guerre avec palme.
- Enfin, il effectue plusieurs escortes de navires français entre les ports africains.
Fin 1941, le Casabianca rentre à Toulon pour une période d’entretien.
La suite de l’histoire appartient au commandant l’Herminier avec le
refus du sabordage de la flotte et l’évasion du port de Toulon,
devenant ainsi l’événement emblématique de notre force sous-marine, le
symbole de notre identité et de notre état d’esprit. Ce refus d’arrêter
le combat, de capituler, de se saborder, c’est cela l’esprit du
Casabianca. Ne pas baisser les bras, ne pas vivre à genou, se battre
jusqu’au bout, c’est cela l’esprit du Casabianca.
Le
Casabianca est un sous-marin de première classe, dit « de grande
patrouille » du type « 1500 tonnes » (coque Q.183) lancé en 1935 et
entré en service en 1936. Il est resté célèbre pour s'être échappé de
Toulon lors du sabordage de la flotte le 27 novembre 1942 afin de
reprendre le combat contre les Allemands et les Italiens. Il s'illustra
en participant à la libération de la Corse pendant la Seconde Guerre
mondiale sous les ordres du capitaine de frégate Jean L'Herminier. Il
assura la liaison entre la France occupée et l'état major de la France
combattante basé à Alger.
Il est l'un des cinq sous-marins de cette classe, sur trente-et-un, à avoir survécu à la Seconde Guerre mondiale.
En
novembre 1942, les Allemands envahissent la zone libre et tentent de
s'emparer de la flotte française stationnée à Toulon, qui se saborde.
Ce que l'on sait moins, c'est que des sous-marins échappèrent à
l'affaire. Et que l'un d'entre eux, le Casabianca, du nom d'un héros
corse, allait faire regretter aux Teutons taquins d'être venus le
déranger à quai. Au point que le début de la libération de la France
métropolitaine n'allait se faire ni en char en Normandie, ni en jeep en
Provence... mais bien en Corse en sous-marin.
Il refusa le sabordage de la flotte : la fuite audacieuse de Jean L’Herminier avec son sous-marin
Dans le monde des sous-mariniers, il est une légende. En 1942, alors
que la flotte française se sabordait dans le port de Toulon, le
commandant L’Herminier avec son équipage du sous-marin Casabianca
prenait la fuite sous les bombes allemandes et parvenait à rejoindre le
port d’Alger pour continuer le combat. Il jouera ensuite un rôle majeur
dans la libération de la Corse en apportant aux résistants des armes et
du matériel.
Il brave ses douleur et, malgré son état de santé, il se tient debout
lorsqu’il est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur.
Il brave ses douleur et, malgré son état de santé, il se tient debout
lorsqu’il est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur.
| DR
Ouest-France Didier GOURIN.
Publié le 05/02/2022 à 10h03
Une enfance et une adolescence en bord de mer en Bretagne ne conduisent
pas forcément à une carrière de marin. Mais au moins, ça aide. Pour
Jean L’Herminier (né en 1902), ce sera près de Plougastel (Finistère),
sur la rive gauche de l’Elorn, à portée de regard de la rade de Brest
et de ses imposants navires militaires.
C’est là qu’il est obligé de poser ses valises à l’âge de six ans, chez
un oncle et une tante, après le décès de sa mère. Son père, Ferdinand,
est médecin de la marine, et ne peut plus garder tout seul ses trois
enfants au fil de ses affectations lointaines. Il n’y avait pas
seulement le décor pour forger une carrière de marin. Il y a eu aussi
une part d’atavisme familial, avec, en prime, cet oncle instructeur à
l’École navale toute proche.
La Légion d’honneur à seulement 30 ans
S’il y a des vocations tardives, il y en a qui sont précoces. Le petit
Jean L’Herminier sait très bien que son avenir sera sur mer, et non sur
terre, et plus précisément sous la mer. Dans le port militaire de
Brest, Jean observe avec enthousiasme ces nouveaux bateaux de guerre
étonnants qui s’enfoncent sous l’eau pour aller se battre : les
submersibles, raconte Isabelle de Saizieu dans le livre qu’elle a
consacré à Jean L’Herminier (Jean L’Herminier, une vie de combats). La
suite coule de source : ce sera l’École navale qu’il intègre en voisin.
Et après, cap sur les sous-marins.
Jean L’Herminier est un courageux qui n’attend pas la guerre pour le
montrer. En 1932, il est commandant en second du nouveau sous-marin le
Persée, tout juste construit par le chantier naval de
Blainville-sur-Orne, près de Caen (Calvados). Les essais se poursuivent
au large de Cherbourg (Manche) lorsque le 23 septembre, une violente
explosion se produit à bord. Il est grièvement brûlé, mais il s’occupe
jusqu’au bout des blessés et organise les secours.
Le bilan est lourd, six morts et trente-six blessés graves. La
catastrophe fait la Une de l’Ouest-Eclair (l’ancêtre d’Ouest-France).
Le journal souligne aussi le courage de l’officier : « Malgré ses
brûlures, il se précipite dans les compartiments dangereux et veille
tant à la sécurité intérieure du navire qu’à l’évacuation des blessés.
» Jean L’Herminier n’a que 30 ans, mais il recevra déjà la Légion
d’honneur pour sa conduite.
L’audacieuse fuite de Toulon
Dix ans plus tard, en 1942, Jean L’Herminier ronge son frein dans le
port de Toulon alors qu’il commande un autre sous-marin, le Casabianca.
La France a connu la défaite mais il s’agit aussi de conserver tant
bien que mal une marine pour des jours meilleurs. Et puis, les choses
se précipitent. Les Allemands envahissent la zone libre le 11 novembre
et foncent sur Toulon pour prendre possession des bâtiments français.
Le « Casabianca », après la fuite in extremis de Toulon, a pu se mettre à l’abri dans le port d’Alger. | DR
L’état-major français décide de saborder ses propres bateaux.
Inconcevable pour Jean L’Herminier qui tente et réussit son coup
d’éclat et d’audace : sous les bombes allemandes, et au milieu des
mines, il s’évade d’un port devenu une prison. Il parvient à rejoindre
Alger où il est accueilli, avec son équipage, en héros.
Le Casabianca joue alors un rôle majeur dans la libération de la Corse
en multipliant des missions plus périlleuses les unes que les autres
pour apporter des armes et du matériel aux résistants. En secret, Jean
L’Herminier souffre le martyre à cause d’une maladie insidieuse qui
empêche le sang de bien irriguer ses jambes. En octobre 1943, il se
résigne à être hospitalisé, mais les médecins ne peuvent plus faire de
miracle : il subit l’amputation de ses deux jambes.
Jean L’Herminier assiste au tournage du film qui raconte l’épopée du Casabianca. Jean Vilar joue son rôle à l’écran. | DR
La guerre terminée, il entame un autre combat. Il écrit deux livres
pour faire connaître l’épopée du Casabianca auquel un film est aussi
consacré. Et malgré son état de santé, il n’hésite pas à donner des
conférences. On le demande beaucoup, comme à Laval (Mayenne) en octobre
1949, où il vient raconter, sans se lasser, son incroyable coup de
force dans le port de Toulon. Lorsqu’il en parle, c’est aussi pour
rendre hommage à son équipage. En rendant compte de cette conférence,
Ouest-France, dans son édition du 20 octobre 1949, rapporte ses propos
: Il y avait beaucoup de Bretons. Tout l’équipage était animé d’une
volonté farouche mise au service de leur patrie.
Pour lui, tout le monde avait la même valeur. Dans son commandement, il
insistait sur l’aspect humain, explique aussi Isabelle de Saizieu.
« C’était un chic type »
En avril 1951, Jean L’Herminier est attendu à Saint-Nazaire
(Loire-Atlantique). Pour l’occasion, Ouest-France a rencontré un membre
de son équipage, l’ancien quartier-maître Joachim Gravier, installée au
Pouliguen, qui a retrouvé la vie civile depuis des années.
Il raconte la fuite intrépide du Casabianca alors que, derrière lui, la
flotte française est en train de se saborder pour ne pas tomber aux
mains des Allemands : La mer était phosphorescente. Des coups sourds se
répercutaient sur toute la rade. C’était les explosions qui
anéantissaient notre pauvre flotte et qui, en quelques heures, devaient
transformer Toulon en un immense cimetière marin. Il évoque son ancien
commandant : Je ferai l’impossible pour aller le voir. J’aimerais le
saluer. C’était un chic type.
Le général De Gaulle viendra lui-même lui remettre les insignes de
commandeur de la Légion d’honneur alors qu’il est toujours hospitalisé
après sa grave opération. | DR
L’aura de Jean L’Herminier est telle qu’il doit composer avec les
honneurs et les distinctions même s’il ne court franchement pas après.
En 1950, l’Académie de marine lui décerne un prix exceptionnel pour son
livre Casabianca dont il a abandonné tous les droits au profit des
mutilés de guerre. Raymond Laurent, secrétaire d’État à la Marine, lui
remet la plaque de grand officier de la Légion d’honneur. En 1952, il
sera élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur.
Seulement, son état de santé ne cesse de se dégrader, même s’il
continue d’afficher un optimisme à toute épreuve. La disparition de
Jean L’Herminier est annoncé à la une d’Ouest-France le 8 juin 1953.
Ses obsèques seront célébrées en l’église Saint-Louis des Invalides
avec « une solennelle simplicité, souligne le journal. Le catafalque
très simple était entouré par les drapeaux d’organisations d’anciens
combattants, une délégation d’anciens du Casabianca et de nombreux
représentants des associations corses de Paris. »
« Il savait se faire aimer »
En mars 1954, c’est une forme d’hommage posthume qui lui est rendu à
Cherbourg (Manche) lors du baptême de la promotion des apprentis de la
direction des constructions et armes navales. Elle porte son nom. Et
les discours d’usage sont l’occasion de rappeler le rôle de Jean
L’Herminier lors de l’incendie à bord du Persée en septembre 1932, le
sous-marin dont il était le commandant en second : Il prit les
premières mesures de sécurité, ce qui lui valut d’être nommé chevalier
de la Légion d’honneur, quelques semaines plus tard, à l’âge de 30 ans.
Et aussi de souligner ses qualités humaines : Il savait entraîner les
hommes puisqu’il savait se faire aimer. Il les aimait, comme il aimait
son bateau et son pays. Il faut voir comment il parle dans ses livres
de son bateau.
À l’École navale de Lanvéoc-Poulmic, installée sur la rade de Brest,
dont est issu Jean L’Herminier, l’espace tradition évoque les grandes
figures qui sont passées par la pointe du Finistère. Il s’agit d’offrir
aux élèves des modèles, explique le capitaine de frégate Laurent
Chapuis, en charge de cette prestigieuse galerie de portraits. Jean
L’Herminier y a sa place. Un magnifique exemple de combattant, doublé
d’un meneur d’hommes, et d’un manœuvrier exceptionnellement habile et
audacieux, souligne le panneau qui lui est consacré.
Jean L’Herminier, une vie de combats, par Isabelle de Saizieu (239
pages, 15 €). Contact : 02 72 02 60 06 ( www.idesaizieu.com ). Une
partie des recettes de l’ouvrage sera reversée aux mutilés de guerre.
Écrit par François-Albert Bernardi Publié le 31/03/2024 à 18h09 Samedi
30 mars, sur la plage de Canella, une centaine de personnes a rendu
hommage aux Résistants impliqués dans une des 7 opérations de
débarquement menées en Corse par le sous-marin Casabianca. Un fait
important de la Résistance qui n'avait jusqu'alors jamais été commémoré.
Il aura fallu attendre 81 ans et l’inauguration d'une stèle, pour reparler enfin d’un fait majeur de la Résistance.
C’est
sur la plage de Canella, à Sari-Solenzara, que dans la nuit du 10 mars
1943, après plusieurs jours d’attente, le sous-marin Casabianca fait
surface.
C’est sa troisième opération en Corse après les débarquements de Topiti et d’Arone sur la côte ouest de la Corse.
Le
Casabianca, ce soir-là, doit récupérer des hommes involontairement
laissés lors des précédents débarquements. Ainsi que Laurent Preziosi
et Toussaint Griffi, activement recherchés par les troupes d’occupation.
À
bord, Jean-Joseph Luigi et Jean-Etienne Lefebvre, deux opérateurs
radios, eux doivent débarquer avec des armes et des munitions.
Les
hommes qui débarquent ce soir-là ne le savent pas, mais ils sont aidés
par des Résistants de la région. Parmi eux, Paul et François Cinquini.
Transmission Au-delà
de l’action de mars 1943, 81 ans plus tard, ce sont des familles aux
destins liés ce soir-là qui se rencontrent pour cette commémoration.