COLONEL PIOLI

 

HISTORIQUE  COMPLET  DU  173° R.I.

 

1 – La création du régiment.

 

         Dans l’histoire de l’Infanterie française, le numéro 173 est attribué pour la première fois à la 173° Demi-Brigade, créée le 26 mars 1793, dans la région de Longwy et Thionville. Composée de 3 bataillons, elle s’illustre lors des combats de Belgique, à Fleurus (juin 1794) et à Sprimont (septembre 1794). A la suite d’une restructuration, elle perd les 1er et  2ème bataillons le 8 février 1796, puis, le 3ème bataillon le 9 mars de la même année. Elle a seulement  vécu et combattu pendant deux ans. Les batailles de Fleurus et Sprimont sont inscrites sur son Drapeau.

Héritier des traditions de cette Brigade, le 173° Régiment d’Infanterie est créé le 15 avril 1913 à Nice. Il reçoit son Drapeau des mains du Président de la République, le 14 juillet 1913, à Paris.

  Désigné pour servir en Corse, il permute, dès septembre 1913, avec le 163° Régiment d’Infanterie qui quitte l’île et rejoint  le continent, plus particulièrement  Nice. [1]

              En septembre 1913, le 173° RI arrive en Corse et  occupe  les mêmes garnisons que le régiment qu’il relève. Son déploiement est le suivant :

 

Garnisons

Unités

Bastia

Chef de corps-Drapeau-4ème bataillon

Ajaccio

2ème bataillon au complet

Corte

3ème bataillon moins une compagnie

Calvi

1 compagnie du 3ème bataillon

Bonifacio

1er bataillon mois une compagnie

Sartène

1 compagnie du 1er bataillon

 

Les trois sections de discipline s’installent à Corté, Calvi et Saint- Florent.

2 - La grande guerre.

 

La mobilisation générale  est décrétée le 2 août 1914. Le 173° RI se regroupe très vite  à Ajaccio et embarque le 9 août au soir. Le lendemain, il débarque à Marseille et est dirigé par voie ferrée vers l’est de la France. Le 15 août, il prend position au sud-est de Nancy.

 La grande guerre commence et le régiment ne tarde pas à connaître la longue et dure épreuve du feu.

 

  • 20 août 1914 : Premiers  combats à Dieuze (Moselle)                             

  • 23 août 1914 : Combats sur la Meurthe  

 

  • Septembre à novembre 1914 : Participation à la première bataille de la Marne :  Mogneville, Esnes en Argonne, côte 304, Béthincourt, Malancourt.

 

  • Décembre 1914 à juin 1915 : Combats dans les tranchées en Champagne :

Les Eparges, La Gruerie, l’Argonne, Villers-Cotterêts, Craonne.

 

  • Décembre 1915 à mai 1916:Nouveaux combats en Champagne : Butte du Mesnil, Mesnil les Hurlus.

 

  • Mai 1916 à août 1917 : bataille de Verdun : Esnes en Argonne, côte 304, côte du poivre, côte 344, tranchée du Tacul.

 

  • Octobre 1917 à juin 1918: combats de Lorraine, sur la Seille, au Nord Est de Nancy.

 

  • Juin 1918 à août 1918:  combats dans la région de Compiègne :  Le  Matz, 

            Montdidier, Saint Quentin, Marquéglise, Ferme Forté.                                                                                                         

                          

Le 11 novembre 1918, l’Armistice est signé et la victoire  acquise.

 

            Présent pendant quatre ans sur tous les champs de bataille, le 173° R.I. entre dans la légende. Son courage et sa volonté de vaincre lui valent quatre citations à l’ordre de l’Armée  et  le port de la fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille Militaire. Sur les  soies de son Drapeau, quatre nouvelles inscriptions viennent  se joindre aux deux premières de 1794:

§         Fleurus                    1794

§         Sprimont                 1794

§         Verdun                   1914

§         Le Matz                 1918

§         Montdidier             1918

§         Saint Quentin         1918

 

Décembre 1918 à août 1919 : le 173° R.I. fait partie des régiments d’infanterie désignés pour occuper la Rhénanie.

 

Le 14 juillet 1919: Le chef de corps, et le Drapeau  du glorieux 173° R.I,  participent au défilé de la victoire, sous l’Arc de Triomphe et sur les Champs Elysées à Paris.

  Le 1er janvier 1920, le Drapeau du 173° R.I. retrouve la terre de Corse. Il est accueilli avec enthousiasme et émotion à Bastia.

  Après plus de 2000 jours d’absence, l’héroïque épopée du «  régiment des Corses » se termine. Quelle longue route parcourue, depuis le 2 août 1914 ? Route tâchée de sang.  Route  jalonnée pour toujours, par les 3451 tombes de ses glorieux soldats, dont les noms demeurent à jamais, gravés sur tous les monuments des villes et des villages de la Corse.

 

3 - L après guerre : 1920-1925.

 

De 1920 à 1925, le régiment composé de trois bataillons, tient toujours garnison en Corse. Son implantation est semblable à celle d’avant la guerre :

 

 

 

Garnisons

Unités

Devise

Bastia

Chef de corps- Drapeau- 1er bataillon

« Toujours plus haut »

Ajaccio

2ème bataillon

« Mieux qu’hier »

Corte

3ème bataillon  moins deux compagnies

« Je veille »

Bonifacio

Une compagnie du 3ème bataillon

idem

Calvi

Une compagnie du  3ème bataillon

idem

 

 

4 - La campagne du Maroc en 1925.

 

En 1925, les évènements qui se déroulent au Maroc exigent l’envoi de renforts. Le 173° R.I. est désigné pour  fournir un bataillon. C’est le 1er bataillon qui quitte BASTIA,  le 30 août 1925, à l’effectif de 631 cadres et hommes. La campagne se déroule du mois de septembre au début de novembre 1925. Le 19 novembre, l’ensemble du personnel est de retour à Bastia. Le Commandement des troupes au Maroc, félicite le bataillon,  pour son comportement  sur la terre africaine.

 

5 - L’entre deux guerres : 1926-1939.

 

En février 1926, le régiment change de structure  et devient, par filiation directe, le 173ème Régiment d’Infanterie Alpine. Il est alors équipé  en  régiment de montagne à l’effectif de 1600 hommes. Jusqu’en 1939, toujours dans ses garnisons traditionnelles, il poursuit sa mission de défense l’île contre les éventuelles  aspirations  italiennes.

 

6 - La campagne de 1939-1940.

 

En 1939 les évènements internationaux se précipitent et la mobilisation générale est déclarée le 1er septembre. Le 173ème R.I.A. se prépare à la guerre :

 

§         Septembre à décembre 1939 : Participation à la défense de la Corse contre une éventuelle invasion des Italiens.

 

§         23 décembre 1939 : Le 173ème R.I.A. embarque à Bastia, débarque à Marseille puis est dirigé sur Saint- Dizier, là même où  il s’était battu en 1918. La température est de moins 25 degrés. Le 173ème R.I..A. fait partie de la 44ème Division. Il est connu sous la dénomination de «  les Corses »

 

§         Avril 1940 : Le 173ème R.I.A. stationne en Alsace autour de Saverne.

 

§         Mai à juin 1940 : Le régiment rejoint le nord- ouest de Reims et combat dans l’Aisne, à Epernay, et à Troyes. Les trois bataillons se battent énergiquement et ne sont jamais enfoncés par l’ennemi.

 

§         17 juin 1940 : L’Armistice est signé.

Les conditions de l’Armistice sont telles que de nombreux régiments sont dissous. Le 173ème R.I.A. est rayé de l’ordre de bataille le 30 juillet 1940.

Pendant cette courte campagne, « les Corses » perdent 272 hommes, 367 prisonniers et 713 disparus. La vaillance au feu du 173ème R.I.A est reconnue : «  IL ne fût nulle part enfoncé…ne se repliant que sur ordre, étant déjà encerclé. »

La croix de guerre 1939-1940,  avec une citation à l’ordre de l’Armée, est attribuée au Drapeau du 173ème Régiment d’Infanterie Alpine.

 

Après l’Armistice du 17 juin 1940, l’Allemagne autorise la France à conserver, sous conditions, une armée réduite. En Corse, le 173° Bataillon Autonome de  la Corse est créé le 22 juin 1940. Il stationne à Bastia, Tattone et Ajaccio. Cette unité, aux missions imprécises et délicates, dans  une île occupée par les Italiens, est dissoute le 4 décembre 1942.

 

Sur le continent, après le débarquement des alliés le 6 juin 1944, les jeunes résistants F.F.I. sont intégrés et amalgamés à l’Armée de la Libération venue  d’Afrique. Ainsi, les F.F.I.de l’Aude et de l’Héraut  sont-ils constitués en un régiment qui sera créé le 16 février 1945 sous le numéro et l’appellation de 173° Régiment d’Infanterie  Alpine. Avec un effectif d’environ 1500 hommes, ce régiment reçoit le Drapeau  du glorieux 173° R.I. Mal encadré, doté d’un équipement hétéroclite, peu crédible tactiquement, le nouveau 173° n’est pas engagé dans les combats de la Libération. Il est dissout le 31 octobre 1945.

 

  7 - Après la deuxième guerre mondiale.

 

            Il faut attendre le 1er avril 1951, pour que soit créé à Corté, le Centre Mobilisateur du 173° Régiment d’infanterie. Ce centre sera dissout le 28 février 1963

             Entre temps, le 1er janvier1963 est mise sur pied, à Ajaccio et à  Bastia, la 1ère Compagnie du 173° Régiment Divisionnaire. Cette Compagnie a une vie  éphémère car elle est dissoute le 31 août 1966. Le 1er septembre 1966, le Centre Mobilisateur 173 est créé à Bastia. Le 30 novembre 1966, il change d’appellation et devient la  Compagnie de Secteur  n° 173 à compter du 1er décembre de la même année.

Le 3 mars 1976, par un nouveau changement d’appellation, la compagnie de secteur devient la 173° Compagnie Divisionnaire. Sa vie reste très brève, car elle est dissoute  l’année suivante, le 30 novembre 1977.

Le 1er décembre 1977,  la compagnie divisionnaire, par changement d’appellation, devient le « Centre Mobilisateur 173-173° Régiment d’Infanterie » Cette formation assure, pendant 25 ans, la mission de mobilisation en Haute Corse. Elle est à son tour  dissoute le 30 juin 1997. Le 1er juillet de la même année, la mission de mobilisation du 173° R.I. est alors transférée au Groupement de Soutien de la Corse, à Ajaccio. Ce groupement  soutiendra le 173° R.I.  jusqu’au 30 juin 2001, date de la dissolution simultanée des deux formations.

  De 1951 à 2001, pendant cette période très fertile  en matière de réorganisations et de changement d’appellations, il faut noter que le numéro «173 »,  a toujours été sauvegardé sous des formes diverses.  Cependant, ce n’est que lors de la réorganisation territoriale de 1974, qu’un vrai régiment d’infanterie de réserve sera  affecté à la  Haute Corse. Pour mémoire, la Corse du Sud, verra la création du 373ème Régiment d’Infanterie de réserve le 1er Octobre 1979.

              Le 1er octobre 1974, en Haute Corse, est  créé le 173° Régiment d’Infanterie Divisionnaire, héritier de   toutes les traditions du « régiment des Corses » de 1914 à 1942.

Sous les appellations successives de Régiment Divisionnaire (1974-1984), de Régiment Interarmes  Divisionnaire (1984-1985), et de Régiment d’Infanterie (1985-2001),  mais toujours sous le numéro « 173 », l’Etat-Major de l’Armée de Terre  a tenu à conserver ce symbole fort, qui traduit l’attachement de la Corse à « son » régiment.

 

8 - La dissolution du 173° R.I. de réserve.

 

            Le samedi 30 juin 2001, le 173° Régiment d’Infanterie est définitivement dissout. Une très émouvante prise d’armes est organisée à Calvi. Le 2° Régiment Etranger de Parachutistes  et  le 173° R.I. sont rassemblés devant  toutes les autorités civiles, militaires, et religieuses. Les Légionnaires parachutistes et les fantassins rendent les derniers honneurs au glorieux Drapeau du 173° R.I.  Emblème qui porte sur les soies, le capital de sang, de peines, de victoires et de récompenses, qui honorent  ce régiment si cher au cœur des insulaires.

A compter du 1er juillet 2001, la presque totalité du personnel de réserve du  173° R.I. est versée au 2° R.E.P. pour  constituer la 6° Compagnie , et créer un complément de base et un complément de mission majeure.

 

Le ministre de la Défense, conscient de l’attachement des Corses à leur régiment, confie, à titre exceptionnel, la garde du précieux emblème au détachement du 22° Bataillon d’Infanterie de Lyon, qui occupe la citadelle d’Ajaccio. Ainsi, le glorieux Drapeau du 173°Régiment d’Infanterie n’a pas rejoint la « salle des Drapeaux » à Vincennes.

Il est toujours présent, sur cette terre de Corse, dont tant d’enfants ont eu l’honneur de servir en son sein, mais aussi, de verser bravement leur sang pour la France.

 

 

Lt Colonel (ER) PIOLI ( Nov.2002) -  D’après « La longue marche du 173° » par le Lt Colonel QUIVRON

 

photos magazine corse matin CETTE CORSE POURVOYEUSE DE COMBATTANTS 09-06-2006



[1]La plus grande partie de l’effectif en personnel appelé d’origine insulaire, qui sert au 163° RI, quitte la Corse. Cela explique, le nombre important de Corses tombés au sein de ce régiment au début de la guerre. Il en est de même pour les Niçois du 173°, ayant rejoint  la Corse en septembre 1913, et qui  vont tomber  au début de la guerre. Le 25 août 1914, 11 officiers, 1000 sous-officiers et soldats de réserve, mobilisés au 373° RI, un régiment exclusivement insulaire, vont renforcer le 173° RI qui vient de subir d’importantes pertes en Lorraine. Le 13 octobre1914, c’est au tour d’un bataillon complet du 373° qui partira renforcer le 173° RI. Ces renforts se poursuivront pendant toute la durée de la guerre.


 

Le 373° Régiment d’Infanterie

Le régiment de réserve de la Corse en 1914

 

 

 

 

La création du régiment

 

Régiment de réserve de la Corse en 1914, le 373° R.I. est mis sur pied pendant la mobilisation générale du 2 août 1914. Formé les 3, 4, et 5 août, il est implanté sur l’île dans les conditions ci-dessous :

§         L’état-major, la compagnie hors rang et le 5° bataillon à Ajaccio.

§         Le 6° bataillon à Bastia.

§         Le 7° bataillon à Bonifacio.

§          

Les numéros des bataillons, 5°, 6°, et 7° sont dans la continuité des 1°, 2°, 3° et 4° bataillons du 173° R.I d’active, corps support du 373° R.I. de réserve.

 

 

 

 

La grande guerre.

 

Dès le 25 août 1914, 11 officiers, 1000  sous-officiers et hommes de troupe, partent pour le front afin de renforcer le 173° R.I. qui vient de subir de lourdes pertes. Les effectifs du 373° sont aussitôt complétés avec d’autres réservistes insulaires.

 

Le 13 septembre 1914, le 6° bataillon  au complet, part  pour renforcer à nouveau le 173° R.I. dont les pertes sur la frontière sont importantes.

 

Entre le 16 et le 17 septembre 1914, l’état-major du régiment, le 5° et le 7° bataillon embarquent  et sont déployés autour de Saint-Dié et Raon-L’étape, dans les Vosges. Pendant tout l’hiver, le 373° R.I. tient solidement les positions qui lui sont assignées. Le 4 mars 1915, il participe à la reprise de La Chapelotte et de la côte 542 (Vosges).

 

D’avril 1915 à juin 1916, déployé entre Moyen-Moutier et La Chapelotte, il fait face à l’ennemi avec courage. Comme d’autres régiments du même type, il est dissout le 16 juin 1916 et ses effectifs sont versés sur place, au 173° et au 363° R.I. Son Drapeau rentre en Corse et est déposé à Corté lors d’une émouvante cérémonie.

 

 

Au cours de sa brève existence, d’août 1914 à juin 1916, le 373° R.I. a perdu 87 tués, 198 blessés et compte 5 disparus. Son Drapeau a droit à l’inscription « Vosges 1914-1915 » et, l’un de ses bataillons est cité à l’ordre de la division.

 

 

L’entre deux guerres

 

Entre les deux guerres, le régiment est recréé dans la réserve. Il demeure toujours, par dérivation du 173ème R.I. d’active, le régiment de réserve de la Corse. L’encadrement et l’ensemble du personnel sont insulaires. Ils proviennent d’officiers et de sous-officiers à retraite sur l’île, de réservistes ayant effectué leur service sur le continent ou, pour une grande partie, en Corse, au 173° R.I. Comme son corps support le 173ème R.I.A,  le 373ème devient à son tour « Régiment d’Infanterie Alpine »

 

La seconde guerre mondiale

 

 En septembre 1939, à la mobilisation générale, le 373°R.I.A. met sur pied 4 bataillons d’infanterie alpine. Avec le 173° R.I.A. d’active, puis tout seul, après le départ de ce dernier  pour le continent le 23 décembre 1939, le 373° se voit confier la mission de protection de la Corse contre une éventuelle invasion des Italiens. Le régiment n’aura pas à combattre.

Après l’Armistice du 17 juin 1940, le 373° Régiment d’Infanterie Alpine est dissout en juillet de la même année.

 

L’après guerre

 

En 1975, la Corse est divisée en deux départements et se voit affecter deux régiments de réserve. Le 373° R.I. est recréé le 1er octobre 1979 comme régiment de réserve de la Corse du Sud, tandis  que le 173° R.I. demeure le régiment de réserve de la Haute Corse.

 Le 373° RI  reprend les traditions attachées au numéro et reçoit officiellement son Drapeau, le 11 novembre 1982 à Ajaccio. Ses chefs de corps successifs sont :

§        Le colonel  N. ASTOLFI de 1979 à 1985.

§        Le colonel  A. VILLANOVA de 1985 à 1989.

§        Le colonel  F. MERCURY de 1989 à 1992.

§        Le colonel  EUVRARD de 1992 à 1996.

 

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Le 373° Régiment d’infanterie est dissout le 30 juin 1996. Une grande cérémonie, présidée par le général MALLET, est organisée dans l’enceinte de la citadelle d’Ajaccio. Elle réunit toutes les autorités civiles, militaires et une très importante délégation du monde combattant d’Ajaccio et des environs.

 Devant le 373ème R.I. au complet, le Groupement de Soutien de la Corse (formation d’active) et un détachement du 173°R.I. de réserve, venu de la Haute Corse, les derniers honneurs sont rendus au Drapeau du 373°R.I.

L’emblème quitte définitivement la terre de Corse. Il  est déposé au Service Historique de l’Armée de Terre, à Vincennes,  le 31 octobre 1996, par le Lieutenant-colonel PIOLI et l’Adjudant-Chef ANDREANI, tous les deux du Groupement de Soutien de la Corse à Ajaccio.

 

                                                                                              Lt Colonel (ER) PIOLI  (Nov.2002)

 

 

 

 

 

 

 L’insigne, créé en 1981, représente un écu en forme de losange d’azur fileté d’or, chargé d’une Corse d’argent brochée. En abîme d’une tête de mouflon d’or, en pointe d’une tête de Maure tortillée. Entre les deux, capitales 373° R.I , d’or.

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corse matin 1-03-2008


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corse matin du 09 mai 2009


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Pour tous ceux qui avons approché le 173° RI, même sans y avoir servi, gardons  le souvenir de ce qu'il représentait pour la Corse.

La cravate du glorieux emblème porte le capital de sang, de peines, de victoires et de récompenses, qui honorent  ce régiment si cher au cœur des insulaires.

Cette photo a été prise le 8 mai 2009, lors de la prise d'armes pour les adieux officiels au Drapeau qui se sont déroulés le 8 mai 2009 ,à 18 h 30 dans la cour de la citadelle Miiollis à Ajaccio.





la corse votre hebdo du 26 juin 2009




CLIN D'OEIL : AIO ZITELLI 173ème RI (le 173ème et le 373ème Régiment d'Infanterie sont les régiments corses lors de la première guerre mondiale)

L'autre jour, j'ai eu la chance de discuter avec des personnes qui s'occupent d'un projet mémoriel concernant le 173ème et 373ème RI. Pour le moment je ne dévoile pas leur projet mais la discussion de cette anecdote mérite d'être partagée...

Lors de la Grande guerre, Seboncourt (commune de l'Aisne) est une zone arrière pour les deux fronts. C'est le lieu de repos pour les soldats allemands. Fin 1918, lors du départ des allemands, la cité n'échappe pas à la destruction. En visite sur les lieux où l'église est totalement détruite, l'aumônier Henri Binet, faisant partie du 173ème RI, découvre stupéfait la statue en plâtre de la Vierge Marie INTACTE ! Pour lui le miracle ne fait aucun doute. La Vierge ne porte aucunes égratignures ! L'église sera reconstruite en 1932 et la statue de la Vierge Marie y retrouvera sa place. Henri Binet sera quand à lui évêque de Soissons, archevêque de Besançon et enfin cardinal.

Merci à messieurs Stuart et Pioli pour l'enrichissement de ma curiosité.



 

 

L'Abbé François CASTA

Ancien aumônier Parachutiste, Reconnaissance exceptionnelle de la Nation,

Élevé à la dignité de "Grand Croix de la Légion d Honneur"

                                                                                  


        Onze fois cité, trois fois blessé, son parcours est tout à fait hors du commun. Des Maquis de la Libération, au 1° Bataillon de Choc en Indochine, à la 25 Division Parachutiste en Algérie, l'Abbé François Casta a toujours été sur les points chauds où l'on se battait apportant le soutien de son Ministère à tous ses frères parachutistes.

D'une très grande culture, d'une discrétion exemplaire, son immense modestie n'a d'égale que son courage.

        Né à Calenzana le 20 août 1919, il passe les premières années de sa vie sur ce sol Corse qui lui est si cher. Quelques années plus tard, il entre au grand séminaire d'Ajaccio où commencent ses longues études théolo­giques.

"Je voulais être prêtre en Corse' se souvient-il.

En 1941 année noire de notre Histoire, il part au séminaire universitaire de Lyon

poursuivre ses études en théologie. Deux ans plus tard il est ordonné prêtre.

Dès 1944 il s'engage dans la Résistance dans un réseau à prédominance corse.

Après le débarquement de Provence, il s'engage comme aumônier militaire à la Première Armée du Général De Lattre de Tassigny.

Très grièvement blessé, il prend part à la campagne d'Alsace et se retrouve en Allema­gne jusqu'en 1947.

Volontaire pour l'Indochine, il devient l'aumônier du 1er Bataillon de Choc alors engagé au Tonkin.

Le 14 juillet 1949, il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur.

Après divers passages en Algérie et en Allemagne, il rejoint le Constantinois et devient l'aumônier de la 25 éme Division Parachutiste.

Il rentre à Calvi et demande sa mise à la retraite.

     

L'abbé CASTA le Président UNP de CORSE du SUD Monsieur Didier HAUSMANN         Avec Madame ALLIOT MARIE au Invalides

   Debout les Paras numéro 189 Union National des Parachutistes

 

                                      

                                                                        Au cérémonies du 14 Juillet 2004 Photo Major (R) VENTURA JL


Le caporal Noël CUNNAC, héros méconnu du 173° RI,

 

désigné au niveau national comme l'un des cinq combattants les plus distingués de la Grande Guerre.

 

La guerre est, depuis la nuit des temps, source d'actions de combat d'hommes de troupe généralement anonymes. Si la plupart des Poilus de 1914-18 ont fait leur devoir, il en est pour qui les termes de courage et de patriotisme ne sont pas de vains mots. La victoire fut faite d'actes d'héroïsme individuels, modestes pour le plus grand nombre, mais parfois extraordinaires pour seulement quelques-uns. C'est l'un d'entre eux, un Poilu du 173° régiment d'infanterie - cher au cœur des Corses - qui mérite d'être connu en ce Centenaire de la

Grande  Guerre.  Hélas,  cet  héroïque  combattant  n’a  jamais  été  évoqué  en Corse. Soit par ignorance, bien qu’il soit cité nommément dans  l’historique officiel du régiment publié dans les années 1920,  soit simplement parce qu’il n’est pas d’origine

 

insulaire, ce que l’on n’ose imaginer. Aussi, m’a-t-il semblé opportun d’évoquer, pour nos lecteurs, l’histoire du héros national du 173° RI et les conditions qui ont présidé à son choix entre 1919 et

 

1921.

 

En 1903, M. Eugène METZGER4, un riche patriote alsacien retiré à Saint-Germain en Laye (Yvelines), légua une fortune à la ville afin de servir, entre autres, une rente annuelle et viagère, de huit cents francs5 "au profit des cinq militaires, depuis le soldat ou marin, jusqu'au grade d'adjudant inclus, qui se seraient le plus distingués pendant la guerre afin de refaire de l'Alsace une terre française". En 1919, après la fin de la Grande Guerre, la municipalité de Saint-Germain en Laye crée, pour la circonstance, un comité avec à sa tête le président de la République Alexandre

 

MILLERAND, le Maréchal FOCH et le général GOURAUD. L’idée est de choisir les cinq héros parmi les 466 soldats et sous-officiers ayant reçu la Légion d’honneur pour faits de guerre, sur le champ de bataille. Le jury retient 5 noms dont celui de Noël Célestin CUNNAC, simple caporal au 173° RI, mais authentique héros à la bravoure hors du commun. Son nom figurait déjà dans l'historique officiel du 173° - après les durs combats de décembre 1916 à Verdun - sous la plume du colonel BIZARD, commandant le régiment à la date du 3 janvier 1917.

 

Noel Célestin CUNNAC est né le 9 décembre 1895 à Lisle, une bourgade du département du Tarn - appelée de nos jours l'Isle-sur-Tarn - qui comptait 3600 habitants en 1911. Présenté devant le Conseil de révision du canton de Rabastens, CUNNAC est déclaré "bon pour le service armé" et est incorporé le 19 décembre 1914, avec la classe 1915, au 61° Régiment d'infanterie. Sa fiche signalétique des services indique qu'il est célibataire, mesure 1,56 m, que ses cheveux sont châtains, que ses parents sont décédés et qu'il exerce la profession de domestique agricole. Après son instruction de base, les "classes" disait-on à l'époque, il est affecté au 173° Régiment d'infanterie le 4 mai 1915. Le régiment qui a participé à la bataille des Eparges (Meuse) est alors engagé dans le saillant de Saint-Mihiel en Argonne, plus précisément dans les bois de la Gruerie au nord-est de Vienne-le-Château.

 

Très rapidement, le soldat CUNNAC se fait remarquer par ses chefs. S'imposant sur ses camarades, il obtient la croix de guerre avec une première citation à l'ordre du régiment le 5 juin 1916: " Excellent chef de patrouille, très courageux, a montré le plus bel exemple de courage et de sang-

 

4  En 1903, à Saint Germain en Laye décède Eugène Metzger, alsacien natif de Sélestat. Il lègue une partie de son importante fortune à la ville qui l’a accueilli, à charge pour elle de servir des rentes annuelles et viagères à des pères ou mères d’au moins quatre enfants vivants dans le besoin. L’autre partie est destinée à attribuer une pension aux cinq soldats ou sous-officiers français qui auront le plus contribués à refaire de l’Alsace une terre française. Onze ans avant la première guerre mondiale, M. Metzger rêvait déjà de l'entrée victorieuse des troupes françaises en Alsace! Rêve qui deviendra réalité en novembre 1918.

 

5 Soit environ 400 euros actuels

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froid lors de l'attaque du 29 mai. Toujours volontaire pour les missions dangereuses, s'était fait remarquer en Champagne" (O.R. n°41 du 5 juin 1916)

 

Le 26 juin 1915 il est nommé caporal et son parcours continuera à s'identifier à celui du régiment. De septembre à novembre 1915 le régiment est envoyé dans l'Aisne, au Chemin des Dames et à Craonne. De décembre à avril 1916, il est de nouveau en Champagne, puis de mai au mois d'août il est à Verdun à Esnes-en-Argonne et Malancourt, avant d'être engagé à la cote 304 et à Avocourt. Enfin, entre le 11 et le 21 décembre il remonte en ligne à la cote 344 et à la cote du Poivre. Lors de ces combats le caporal CUNNAC obtient sa deuxième citation, à l'ordre de l'armée: "A l'attaque du 15 décembre 1916 a entraîné son escouade hors des lignes françaises. Pénétrant dans les lignes allemandes s'est emparé d'une section de mitrailleuses, personnel et matériel, qu'il a ramenée sur nos positions. Brave et courageux." (O.A. n° 576 du 3 janvier 1917)

 

De janvier à août 1917 le régiment reste dans la région de Verdun où il alterne séjours en première ligne et repos en base arrière. Lors des combats des Chambrettes, à l'est de Louvemont-cote du Poivre, puis vers le bois de Caurières, le caporal CUNNAC obtient une troisième et belle citation, à l'ordre de l'armée: "Gradé d'une bravoure et d'une énergie exceptionnelles, véritable entraineur d'hommes. Dans la nuit du 17 au 18 août 1917, chargé, avec son escouade de grenadiers d'effectuer une reconnaissance dans les lignes ennemies, a brillamment entraîné sa troupe vers l'objectif qui lui avait été assigné. Une patrouille ennemie ayant essayé de lui barrer la route, s'est dressé sur le parapet et, suivi de trois grenadiers, a mis les allemands en fuite. Déjà deux fois cité à l'ordre. " (O.A. n° 5337 du 29 août 1917)

 

Cette citation est accompagnée de la Médaille militaire qui est conférée au caporal CUNNAC pour compter du 22 août 1917.

 

Le 20 août 1917 le régiment s'élance çà l'assaut de la cote 344 qu'il emporte. Hélas, le caporal CUNNAC est blessé par balle, le 21 août à la cote du Talou. Atteint aux deux jambes et au bras droit, ayant perdu l'œil droit, le courageux caporal doit être évacué vers l'arrière. Une nouvelle et très élogieuse citation à l'ordre de l'armée lui est attribuée : " Jeune gradé de la classe 1915, vétéran des batailles livrées pour la défense de Verdun, du 20 mai 1916 au 20 août 1917. A incarné, sur les pentes de la cote 304, de la cote du Poivre, des Caurières, des Chambrettes, du Talou et de la cote 344, les plus belles vertus militaires : abnégation, courage, discipline, mépris du danger. Exemple merveilleux pour ses hommes et ses camarades. Aimé et estimé de tous. A été blessé grièvement, le

 

20 août 1917, sur les positions conquises. Perte de l'œil droit. Médaille militaire pour faits de guerre. Trois citations." (J.O. du 28 février 1919, page 2268).

 

Le croix de chevalier de la Légion d'honneur est remise au caporal CUNNAC pour compter du 28 octobre 1918.

Noël CUNNAC (source gallica.bnf.fr)

 

Le 29 décembre 1917, le caporal CUNNAC est rayé des contrôles du régiment pour blessure de guerre à l'œil droit.

De décembre 1914 à décembre 1917, le héros du 173° RI aura consacré trois années particulièrement denses en actions de combat, au service de son pays et à la gloire de son régiment.

 

Revenu à la vie civile, il se retire à Buzet-sur-Tarn où il se marie et poursuit tout

naturellement sa vie d'ouvrier agricole.

 

Le 5 février 1921, à Saint-Germain en Laye, lors de l'attribution de la rente annuelle évoquée plus haut, le nom de l'ex caporal Noël CUNNAC, du

 



L'éloquent palmarès du caporal

 

 

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Noël CUNNAC.

 

 


173° RI, fait la une des journaux nationaux, et sa vaillance au combat est évoquée publiquement par le Président de la République du moment. Bien plus tard, le 14 juillet 1934, Noël CUNNAC est promu officier de la Légion d'honneur, à titre militaire, et est décoré sur le front des troupes de la garnison de Toulouse.

 

Il s'est éteint au milieu des siens, à l'âge de 72 ans, le 18 juillet 1967 à Buzet-sur-Tarn.

 

LCL (H) Raoul PIOLI, Avril 2014,

© Bulletin de l'Amicale des Anciens du Train de la Corse.

 

Sources: L'Illustration du 12 février 1921, le Petit Parisien du 7 février 1921, le Courrier de Tlemcen du 10 novembre 1922, Base Leonore, Archives départementales du Tarn, Historique du 173° RI (librairie Chapelot, Paris, vers 1920).




 

 

 








 
-------Message original-------
De : Raoul PIOLI
Date : 09/11/2012 10:32
Sujet : Le journal des tranchées du 373° RI, le régiment de réserve de la Corse.

A l'approche du 11 novembre, il faut taper sur Google, "Le chat pelottant" (avec deux T) et l'on tombe sur le journal
des tranchées du 373° R.I. le régiment de réserve de la Corse, "frère" du glorieux 173° RI qui, lui, était d'active.
Le titre "Le chat Pelottant" vient du lieu dit "La Chapelotte", dans les Vosges où a séjourné, combattu et s'est fait remarquer
le 373° RI.
On notera que le journal est imprimé. Le 373° RI était sur une position défensive, donc plus stable. il pouvait ainsi se le permettre. Ce n'était pas le cas des régiments d'active qui avaient très souvent des journaux manuscrits. Tenant les premières lignes, étant voués aussi aux assauts et changeant très souvent de secteur après être revenus au repos à l'arrière, souvent décimés, ils n'avaient pas le temps de faire imprimer leur journal, si toutefois ils arrivaient à en tenir un..
Les quelques numéros disponibles sont très intéressants à lire pour nous autres Corses.
Pour info, j'ai mis en pièces jointes l'historique officiel du 373° RI
Bien amicalement. R.P.


Historique officiel 373° RI Pages 1 et 2.jpg (1777330 octets)   Historique officiel 373° RI Pages 3 et 4 .jpg (1726628 octets)




Aio Zitelli a partagé une publication.
2 h · facebook du 03/02/2019

« U 173 »
Je remercie mon ami Jean Claude Tramoni qui m’a envoyé cette photo du 173eme régiment d’infanterie (Corse) photographié en 14/18 qui m’émeut beaucoup et dont j’ignorais l’existence.🙏
Ce régiment a été décimé à plusieurs reprises et reconstitué au fil des mois avec des hommes issus d’autres régions et pour cause les Corses toujours en première ligne manquaient à l’appel.
Embarqué le 9 août 1914 à Ajaccio pour Marseille, le « 173 » livre son premier combat le 20 août à Dieuze Bidestroff en Lorraine, des cibles humaines, képis et pantalons rouges, il laissera 1600 hommes balayés par les mitrailleuses allemandes. soit la moitié de son effectif qui comptait environ 3300 hommes.
Tant d’enfants qui sont morts en si peu de temps et tant de milliers d’autres qui ne verront jamais le jour.
Une volonté certaine de l’état à l’époque pour que périsse notre peuple !

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Jacques Culioli






  1. Le Chat pelottant. Organe officiel et intermittent des poilus du 373e

    gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1114367En cache
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    9 janv. 2009

  2.   – Le Chat pelottant. Organe officiel et intermittent des poilus du 373e - 1915-1916 - périodique.
    L'amicale des anciens du 173° et du 373° RI vous adresse, avec grand plaisir, le projet du pèlerinage qu'elle organise en septembre prochain dans l'Aisne.
    Que celles et ceux qui souhaitent apporter leur soutien à cette noble cause, se manifestent auprès de l'amicale dont les coordonnées figurent en dernière page du projet.



 


Marchiani, pour l’honneur des tirailleurs sénégalais

B. IGNACIO-LUCCIONI

4 min

Jean-Baptiste Marchiani, commandeur de la légion d’honneur (1953). PHOTO FAMILLE MARCHIANI

Jean-Baptiste Marchiani a fait partie de ces hommes qui ont grandement participé à l’honneur rendu aux tirailleurs sénégalais. Et en créant un cimetière traditionnel - un « Tata »
- a été l’un des premiers à œuvrer pour perpétuer leur mémoire.

Depuis son village d’origine de Sant’Andria di Boziu, le lieutenant-colonel Raoul Pioli a rassemblé de nombreuses archives, notamment auprès de sa famille, afin de retracer son histoire. Après s’être distingué durant la Première Guerre mondiale Jean-Baptiste Marchiani s’engagera, en 1940 dans la création d’un cimetière dédié aux tirailleurs sénégalais, semblables à ceux d’Afrique occidentale, les « Tatas ». Il inaugurera celui-ci en 1942, à Chasselay, dans le Rhône.

Les tirailleurs sacrifiés

Raoul Pioli a aussi retrouvé un récit de Jean-Baptiste Marchiani retraçant le sacrifice des Sénégalais, massacrés par l’ennemi en 1940, à Lyon, dans une brochure éditée après la Libération :

« Le 19 juin 1940, les colonnes blindées allemandes atteignent les avancées de Lyon. Face à elles, seulement 4 canons de 75 et la 3 e compagnie du 25 e Régiment de Tirailleurs Sénégalais. À 10 h 30, apparaît un officier Allemand criant : ‘’Rendez-vous, l’Armistice est signé’’. Ce qui n’est pas exact car il n’a été signé officiellement que le 22 juin 1940, mais le maréchal Pétain, dans son discours du 17 juin, avait déjà déclaré : ‘’Il faut cesser le combat’’. Fidèles à la consigne qui leur avait été donnée de se battre sur place, coûte que coûte, nos braves Tirailleurs engagent eux-mêmes le combat. La lutte est brève et âpre. Que pouvaient les fusils, les baïonnettes et les poitrines, contre les blindés fortement armés ? Une soixantaine de Sénégalais, retranchés dans Chasselay, ne veulent pas se rendre. Ils ont l’audace de tenter une contre-attaque dans la nuit du 19 au 20 juin. Rapidement submergés par des effectifs plus importants, ayant épuisé tous moyens de résistance, ces courageux Tirailleurs sont capturés. Emmenés au lieu-dit ‘’Vide Sac’’, ils reçoivent l’ordre de se disperser dans les champs. Postées en bordure de forêt, les mitrailleuses ennemies font alors feu sur ces hommes exténués et désarmés. Parachevant le massacre, un char lourd, tel un rouleau compresseur, lamine les blessés gisant dans le pré. C’est à cet endroit précis, deux jours après les combats, que la municipalité de Chasselay rassemble les corps dispersés sur le terrain et les fait inhumer temporairement. »

Un cimetière « à ses frais »

Au total, 198 corps sont regroupés, y compris les victimes du massacre. En 1942, Jean-Baptiste Marchiani est alors secrétaire général de l’Office des anciens combattants du Rhône : « Il acquiert le terrain à titre privé et, seul avec son épouse, s’attache à identifier tous les corps, décrit Raoul Pioli. Toujours à ses frais, il fait ériger un cimetière de type sénégalais, un ‘’Tata’’. Ce dernier se présente sous la forme d’un rectangle entouré d’épaisses murailles de près de trois mètres de haut, colorées en ocre rouge assez vif, et surmontées de pyramides à quatre pans, sur lesquels sont plantés des pieux. Les 198 tombes sont composées de stèles très sobres, de style militaire, portant les noms et prénoms des soldats, le numéro du régiment, mais parfois aussi la mention ‘’Inconnu’’. Situé fort heureusement en zone libre, le ‘’Tata’’ est officiellement inauguré le 8 novembre 1942. Pour l’Histoire, la zone libre est envahie par l’occupant trois jours plus tard, le 11 novembre 1942. Deux années après, le 4 septembre 1944, la ville de Lyon est libérée par les troupes du général De Lattre de Tassigny, venant d’Afrique du Nord, d’Afrique noire et de Corse. Dans les vingt jours qui suivent, le 24 septembre, Jean Baptiste Marchiani organise une très grande cérémonie au ‘’Tata’’, avec la participation de deux régiments de Tirailleurs : un de Sénégalais, l’autre de Marocains ; ce dernier avec sa ‘’nouba’’, la traditionnelle musique militaire précédée du bélier. L’année suivante, il récidive et en organise deux autres de la même envergure, le 28 avril et le 30 juin 1945. »

Jean-Baptiste Marchiani lors de l’inauguration du cimetière des tirailleurs , en 1942.

PHOTO FAMILLE MARCHIANI

À la Libération, Jean-Baptiste Marchiani aura à cœur de poursuivre ce devoir de mémoire en honorant le souvenir des tirailleurs sénégalais. Le 28 juillet 1947, il sera récompensé en étant promu au grade d’Officier de la Légion d’honneur pour « services rendus lors du conflit de 1939-1945 », en apportant son aide aux mouvements de résistance et par son action personnelle pour cacher, protéger et évacuer en lieu sûr les personnes recherchées par l’occupant.

« Un héros de légende »

Le 11 novembre 1953 à Bastia, lors du 35e anniversaire de la Victoire de 1918, il est élevé au grade de Commandeur de la Légion d’honneur. « La ‘’cravate’’, cette suprême distinction, marque à la fois la consécration de la vie d’un grand serviteur de son pays, et constitue une juste récompense pour le plus ardent défenseur de la mémoire de ses frères d’armes Africains », remarque Raoul Pioli.

Maurice Guérin, alors député du Rhône, écrira de lui en 1945, dans une lettre adressée au Président de la République, qu’il est « un homme dans l’âme exceptionnelle de qui brille, d’un éclat inégalable, la flamme d’un patriotisme qui semble dépasser celui de la plupart de nos contemporains, une sorte de héros de légende, un ‘’type’’ de Français tel qu’on n’en rencontre plus guère de nos jours… » Le 3 janvier 1969, âgé de 85 ans, Jean Baptiste Marchiani s’éteint entouré des siens. Il est inhumé dans le caveau familial, au cimetière communal de Bastia.

 



                                                                                              





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