1887 – 1949

COMMANDEMENT DE LA MARINE EN CORSE

 

Le premier août 1887 est crée le commandement de la marine en Corse, dont le premier titulaire est le Capitaine de Vaisseau REGNAULT DE PREMESNILS qui sera bientôt promu Contre-Amiral.

 

         Le nouveau commandant installe son modeste État-major dans les locaux des services administratifs de la Marine, devenus l’INTENDANCE MARITIME, locaux situés au 27/29 du cours Napoléon.

 

         La Marine en Corse restera là jusqu’en 1921, date à laquelle l’Etat-Major et les services trouvent place dans le grand immeuble MARCHETTI, situé dans la base navale près de la gare, qui avait été utilisé pendant la première guerre mondiale pour abriter le centre d’aviation maritime crée en 1917 et dissous vers 1920. Cet immeuble, maintenant cédé à la ville d’AJACCIO, est toujours connu sous l’appellation « L’AMIRAUTE ». Il fut le siège de l’Etat-Major de la MARINE EN CORSE jusqu’en 1949.

                                                                         

BASE NAVALE D’AJACCIO  

 

                                                                                                   

 

-         Centre des flottilles de torpilleurs

La base navale d’AJACCIO s’est constituée, petit à petit à partir du centre de flottilles de torpilleurs crée en 1888.

 

L’implantation de ce centre à cette époque n’avait pas entraîné d’important investissements immobiliers de la part de la MARINE. Presque tous les bâtiments du centre existaient déjà : c’étaient les abattoirs de la ville cédés par la municipalité d’AJACCIO. Il fallut néanmoins réaliser quelques ouvrages maritimes : des quais le long du littoral à la sortie de la ville et un appontement en bois de cent mètres de long perpendiculaire au bord de mer. Cet appontement a été remplacé, au même endroit, en 1931, par un appontement en béton armé, construit par la société des Grands Travaux de MARSEILLE, qui existe encore et est appelé « appontement JEANNE D’ARC ».

 

Le Centre fut d’abord commandé par un capitaine de Frégate puis, à partir de 1916, par un capitaine de Corvette.

 

A partir de 1890 et jusqu’en 1919, il y eut toujours une douzaine de torpilleurs affectés en CORSE. Les plus importants étaient commandés par des Officiers et portaient des noms tels que : ARBALETE – SABRETACHE – HALLEBARDE – SARBACANE – COUTELAS – PIQUE etc… D’autres, plus petits, portaient des numéros (180 – 186 – 360 etc…) et étaient commandés par des premiers maîtres.

 

Le centre possédaient également 2 ou 3 chalands, quelques embarcations et un remorqueur.

A la déclaration de guerre de 1914, les petits torpilleurs (numérotés), dont le Commandant de flottille était le lieutenant de vaisseau BRASSAC de BEARN, rejoignirent Bastia et y restèrent bases au " VIEUX PORT " jusqu’à la fin de la guerre, bien que toujours administrés par le centre d’AJACCIO.

Ces torpilleurs assurèrent pendant toute la guerre des patrouilles sur les cotes de CORSE et les convoyages des deux cargos mixte PELION et BALKAN de la compagnie FRAISSINET en service entre la CORSE et le CONTINENT.

 

CENTRE D’AVIATION MARITIME

 

A partir de 1916, l’Aviation Maritime commença à participer à la lutte contre les sous-marins.

Du 26 juillet au 06 août 1917, une mission fut effectuée en Corse par le Lieutenant de Vaisseau Commandant le centre d’aviation maritime de Toulon dans le but d’y rechercher des emplacements de centre d’Aviation maritime. Les résultats de cette mission ne se firent pas attendre puisque le Ministre de la Marine décidait :

 

§        Le 26 septembre 1917, la création à Ajaccio d’un centre d’aviation maritime de 16 hydravions dont 12 armés, les travaux devant commencer sans délai.

§        Le 12 novembre 1917, l’installation d’un centre annexe pour 6 hydravions à Calvi.

§        Le 24 décembre 1917, la création d’un centre d’aviation maritime de 16 hydravions dont 12 armés au lieu dit l’Arinella situé au sud de la ville de Bastia.  

                                                                               

Les travaux du centre d’Aviation maritime d’Ajaccio consistèrent essentiellement en l’aménagement d’un terre plein et la construction de deux hangars BESSONNEAU à proximité immédiate de l’immeuble MARCHETTI qui devait abriter les bureaux et les logements du centre, le tout s’intégrant dans les nouvelles limites de la Base Navale.

 

Les centres de Calvi, Ajaccio, Bastia entrèrent respectivement en service les 17 mai, 22 juin et 14 juillet 1918.

 

Le Commandant du centre d’Aviation Maritime d’Ajaccio fut le Lieutenant de Vaisseau de réserve PUGNET qui Capitaine au long cours, devait commander plus tard le Paquebot « France » de la compagnie générale Transatlantique.

Après l’armistice, les centres d’Aviation maritime de Bastia et de Calvi furent désarmés par décision ministérielle du 22 novembre 1918. Leur matériel fut replié sur le centre d’Ajaccio qui fut constitué en réserve régionale temporaire avant d’être dissous vers 1920.

 

En vertu d’un protocole passé le 28 octobre 1974, la marine nationale a cédé à la ville d’Ajaccio l’ensemble des terrains, quais, plans d’eau et immeubles de la base navale destinée à être aménagée en port de plaisance.  

                           

 

         Ce n’est qu’en 1921 que toutes les batteries des cotes de Corse furent remises à la marine et armées par du personnel appartenant à une nouvelle spécialité, créée par la circonstance, celle des « CANNONNIERS SEDENTAIRES ». L’ensemble de ce personnel formait la compagnie d’artillerie de cote de CORSE qui avait sa base arrière, son dépôt, son centre administratif et son centre d’instruction à la caserne LIVRELLI (1) à Ajaccio.

                                                 

(1)   Sur le terrain de la caserne LIVRELLI, ont été construits les immeubles « marine » de la SNI et de Provence Logis, servant au logement des familles des officiers et officiers mariniers de la BAN ASPRETTO.

 

La compagnie fut d’abord commandé par un lieutenant de vaisseau puis, à partir de 1928 par un capitaine de corvette assiste par un officier des équipages canonnier.

 

En 1939, à la veille de la deuxième guerre mondiale le capitaine de frégate CHARMATTAN était « Commandant du front de mer » et le capitaine de corvette MOCQUAIN Commandant l’artillerie de cote, le dispositif de défense des cotes de CORSE s’établissait comme suit :  

Aspretto abrite aussi un CBC pendant l'été 1940  

 

        Golfe d’Ajaccio

 

§        Batterie de PORTICCIO                             3 CANONS DE 240

 

§        Batterie de la PARATA                               4 CANONS DE 138

                                                                                                 1 CANON DE 95

 

§        Batterie de la CASTAGNA                        4 CANONS DE 138

                                                                                                2 CANONS DE 75 CA

                                                                                                2 CANONS DE 95

 

§        Batterie haute CHAPELLE DES GRECS       2 CANONS DE 120

 

§        Batterie basse CHAPELLE DES GRECS         3 CANONS DE 75

 

 

§        Batterie de CAPITELLO                              4 CANONS DE 75 CA

 

§        Batterie de la CITADELLE                            3 CANONS DE 95

 

 

Cote sud- région de BONIFACIO et PORTO-VECCHIO

 

 

 

§        Batterie de PERTUSATO                            3 CANONS DE 164,7

                                                                                                 4 CANONS DE 75 CA

 

§        Batterie de BOCCA DI VALLE                   4 CANONS DE 138

 

§        Batterie de la CATENA                                2 CANONS DE 75

 

§        Batterie de la CITADELLE                         3 CANONS DE 95

 

 

Cotes Nord – région de BASTIA et CAP CORSE

 

 

§        Batterie de TOGA                                       4 CANONS DE 138

§        Batterie de TURQUINES                           3 CANONS DE 75

§        Batterie de FORT LACROIX                      2 CANONS DE 95

§        Batterie de BARCAGGIO                           2 CANONS DE 95

 

 

SECTIONS SPÉCIALES DE LA MARINE

 

      Il nous faut mentionner enfin l’existence entre les deux guerres mondiales des sections spéciales de la marine. Installés à Calvi au Fort CHARLET, ces sections spéciales constituaient le centre disciplinaire de la marine et recevaient les marins de très mauvaise conduite, considères comme incorrigibles. Le centre des sections spéciales de la marine était commandé par un lieutenant de vaisseau et avait son autonomie administrative.

Couvrant deux guerres mondiales, la période 1887-1949 a été, bien sur, riche en évènements. Il ne peut être question ici d’en dresser la liste. Nous nous bornerons à évoquer quelque évènements d’importance inégale aux yeux de l’histoire mais qui ont marqué, en leur temps la marine en Corse.

 

 

-         Visite présidentielle en CORSE 21-23 avril 1890

 

Au petit matin du 21 avril 1890, l’escadre de la méditerranée commandée par l’amiral BERGASSE DUPETIT-THOUARS arrive en rade d’Ajaccio.

 

La foule est considérable à suivre, de tout les points de la ville ayant vu sur le golfe, les lentes et majestueuses évolutions des bâtiments de guerre portant tous le grand pavois. La veille, à Toulon le président SADI CARNOT a pris passage à bord du cuirassé « LE FORMIDABLE » , Navire Amiral, et arrive pour une visite en Corse qui doit durer trois jours. Le 21, le Président est reçu en grande pompe, par la ville d’Ajaccio. Le 22, il prendra le chemin de fer nouvellement mis en service AJACCIO Bastia. A mi-parcours, une halte sera ménagée pour un déjeuner champêtre de 200 couverts au col de VIZZAVONNA. La journée du 23 consacrée à la visite de Bastia et le soir même le Président embarquera à nouveau à bord du cuirassé « LE FORMIDABLE » à destination de VILLEFRANCHE.

 

-         Remarquable cas de survie en mer juillet 1918

 

Le 02 juillet 1918 l’enseigne de vaisseau de réserve LENGLET et le second maître DIERS effectuent une patrouille en mer sur un hydravions FBA-H4 du centre annexe de l’aviation maritime de Calvi. A la suite d’une panne de moteur ils sont obligés d’amerrir en pleine mer.

Après cinq jours de vaines recherches effectuées par mer et par air, l’équipage est considéré comme perdu. Or, le 13 juillet, l’hydravion avec à son bord les deux hommes, s’échoue à la côte prés de Piana. Les naufragés, quoique très affaiblis, sont sains et saufs. Ils ont dérivé pendant 267 heures soit 11 jours. A deux reprises au cours de leur dérive, devront-ils déclarer, ils ont aperçu dans le lointain les côtes de PROVENCE.

 

 

-         Naufrage aux ILES SANGUINAIRES  avril 1927

 

 

Le 16 avril 1927, vers 09 heures, la pinasse du centre des flottilles appareille de la base navale d’Ajaccio pour assurer le ravitaillement du sémaphore et du phare des sanguinaires, comme elle le fait chaque quinzaines.

A son bord, son équipage de quatre hommes et un gardien de relève pour le phare. La mer est assez grosse. A un mille des sanguinaires, une importante voie d’eau se déclare inondant rapidement le moteur qui stoppe.

Les efforts de l’équipage pour aveugler la voie d’eau avec de l’étoupe et des vêtements sont vains. La pinasse s’enfonce inexorablement. Après avoir fait des signaux de détresse en direction du sémaphore et mis à l’eau les panneaux de bois du capot moteur pour s’en servir comme de bouées, équipage et passager abandonnent l’embarcation qui coule peu après.

Malgré l’alerte donnée dés 9 heures 30 par le chef du sémaphore, ce n’est que plusieurs heures plus tard que les secours arrivent et recueillent un seul survivant, le matelot MONTIFER qui a vu ses camarades engourdis par le froid, perdre conscience, lâcher prise et disparaître les uns après les autres.

L’affaire fit grand bruit dans la presse locale et donna lieu à une interpellation de la chambre des députés.

 

 

ATTAQUE DU PORT D’AJACCIO PAR L’AVIATION ALLEMANDE – 30 SEPTEMBRE 1943.

 

         La Corse fut le premier département français à être libéré. On sait le rôle joué par le sous-marin CASABIANCA, commande par le capitaine de frégate L’HERMINIER,Stele2.jpg (17489 octets) qui, après plusieurs missions de ravitaillement de l’île en armes et munitions, débarqua à Ajaccio, le 13 septembre 1943, le 1er bataillon de choc, première unité des forces françaises libres à mettre le pied sur le sol de France. Le port d’Ajaccio ainsi libéré, allait recevoir par la suite de nombreux bâtiments alliés et, parmi eux, des bâtiments français tels que FANTASQUE, TEMPETE, MONT-CALM etc…

 

 

         Le 30 septembre 1943, deux bâtiments, le torpilleur français FORTUNE et le navire de débarquement anglais LST 79, sont au mouillage dans le port d’AJACCIO quand une formation allemande de 10 bombardiers DORNIER 217 et d’un JUNKER 88, servant d’éclaireur, se présente pour bombarder le port. Les allemands ignorent que, dans les jours qui ont précédé, une escadrille de SPITFIRE, commandé par le capitaine HENRI DE LA SOURCE des forces aériennes françaises libres s’est installé sur le terrain proche de CAMPO DELL’ORO. Ils s’apprêtent à une opération facile. Mais les SPTFIRE entrent en lice et abattent le JU 88 et six DORNIER 217. Seul, le premier groupe des bombardiers peut prononcer son attaque et lancer ses bombes dont une frappe de plein fouet le LST 79.

 

 

EXPLOSION D’UN TRAIN DE MUNITIONS A AJACCIO

- 23 FÉVRIER 1945

 

 

 

Vers 15 heures, le 23 février 1945, une terrible déflagration secouait la ville d’Ajaccio. Un train de munition stationné en gare venait d’exploser. Le service des constructions et armes navales de la marine en Corse, dont les installations jouxtaient celles de la gare, fut gravement touché. Dans les décombres des ateliers, on dénombra douze victimes parmi le personnel de la marine.

                                   Stele1.jpg (19470 octets)

Une stèle fut élevés à la mémoire des victimes dans l’enceinte de la base navale. Après la cession de cette dernière à la ville d’Ajaccio, cette stèle a été transférée dans la cour d’honneur de la BAN ASPRETTO.